Faisant fi des critiques, Moody’s accélère en Afrique

14
Faisant fi des critiques, Moody’s accélère en Afrique
Faisant fi des critiques, Moody’s accélère en Afrique

Thaïs Brouck

Africa-Press – Djibouti. L’agence de notation américaine a repris la totalité des parts du sud-africain GCR, dont l’activité s’étend sur tout le continent. Une manière de répondre aux critiques des pays africains.

Moody’s avait déjà mis un premier pied en Afrique en 2022 avec l’acquisition de 51 % de Global Credit Rating Company Limited (GCR). Depuis le 8 juillet, l’agence de notation américaine a acquis les 49 % restants du leader continental de la notation de crédit, avec des bureaux en Afrique du Sud, au Nigeria, au Sénégal, au Kenya et à Maurice.

« La GCR fournit aux investisseurs des informations cruciales et de la clarté sur les marchés de crédit nationaux en croissance rapide en Afrique, qui jouent un rôle important dans le développement économique à travers le continent », a déclaré Rob Fauber, PDG de Moody’s, qui se réjouit ainsi « de renforcer sa présence dans le domaine des notations nationales en Afrique grâce à un nom de confiance comme la GCR ». En 28 ans d’activité, GCR a réalisé 650 notations de crédits dans 25 pays d’Afrique.

GCR continuera à opérer en tant que filiale de Moody’s en développant ses propres méthodologies de notation, en émettant ses propres notations de crédit et en conservant une équipe de direction distincte. Les termes de la transaction n’ont pas été divulgués et, selon le communiqué de l’agence américaine, « n’aura pas d’impact matériel sur les résultats financiers de Moody’s en 2024 ».

Défiance grandissante

Cette acquisition intervient dans un contexte de défiance grandissante envers les « big three » que sont Moody’s, Fitch Ratings et S&P Global Ratings. En 2022, Macky Sall, alors président du Sénégal et qui assurait alors la présidence tournante de l’Union africaine, avait appelé à la création d’une agence de notation financière africaine pour « mettre fin aux injustices » subies par les pays du continent, qui s’estiment victimes d’une « prime de risque africaine«.

« Si le risque africain était estimé justement, les pays africains auraient économisé près de 75 milliards de dollars en intérêts, déplorait par exemple Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD) en mai dernier. Mettre fin à cette injustice est une priorité quand on parle de la réforme de l’architecture internationale ».

Dégradations en série

Aujourd’hui, 32 pays africains sont évalués et notés, contre seulement 10 en 2003. Mais de janvier à juin 2023, ce sont 13 dégradations de notes qui ont été attribuées à 11 pays, du Kenya à l’Égypte, en passant par le Cameroun ou le Maroc. Conséquence, le poids de la dette en Afrique a bondi de 183 % en vingt ans, un taux près de quatre fois supérieur au taux de croissance de son produit intérieur brut. Le renforcement de la présence de Moody’s pourrait-il changer la donne ? C’est un début de réponse. Car le manque d’expertise africaine est l’une des principales critiques adressées aux trois grandes agences de notation.

Source: JeuneAfrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here