Finance : la discrète offensive de l’Opep en Afrique

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Finance : la discrète offensive de l’Opep en Afrique
Finance : la discrète offensive de l’Opep en Afrique

Africa-Press – Djibouti. En décembre dernier, le Fonds de l’Opep pour le développement (OPEC Fund) a approuvé au total 280 millions de dollars de prêts à destination du continent – de la Côte d’Ivoire (75 millions de dollars) au Bénin (14 millions). Début février, un apport de 50 millions de dollars en faveur de Africa Finance Corporation (AFC), l’institution dévolue au support des infrastructures sur le continent, a été annoncé. C’est le deuxième depuis un précédent prêt du même montant approuvé au début de 2021.

Dix milliards en Afrique

Créée en 1976, le fonds est détenu par douze pays pétroliers, membres de l’Opep à l’exception de l’Équateur et de l’Indonésie. Historiquement, il n’opère qu’en dehors des frontières de ses pays membres, au premier rang desquels figurent l’Arabie saoudite (35 % du capital), le Venezuela (16 %), le Koweït (12,8 %). Ses actionnaires africains sont le Nigeria (8,6 %), la Libye (6,2 %), l’Algérie (3,5 %) et le Gabon (0,2 %).

Le continent occupe de facto une part particulièrement élevée dans les allocations de ressources de l’OPEC Fund. « L’exposition aux pays africains s’élevait à 2,86 milliards de dollars en septembre 2022, contre 2,56 milliards de dollars (soit une augmentation de 300 millions de dollars) en décembre 2021 », a indiqué à Jeune Afrique l’institution multilatérale basée à Vienne, où siège également l’Opep.

UNE ATTENTION PARTICULIÈRE SERA ACCORDÉE AUX TRANSPORTS, À L’AGRICULTURE, À L’ÉNERGIE, AU FINANCEMENT DU COMMERCE

Depuis sa création, le Fonds OPEP a fourni « un total de 23 milliards de dollars dans plus de 4 000 projets dans le monde ; 45 % de ce financement global a été fourni à des pays africains, ce chiffre s’élevant à 10,4 milliards de dollars », a-t-elle indiqué. Fin septembre, l’Égypte (328 millions de dollars d’expositions en termes de prêts) et le Maroc (230 millions de dollars) étaient ses premiers pays d’opérations sur le continent.

Une institution plus ambitieuse et engagée

L’OPEC Fund est dirigé depuis novembre 2018 par le Saoudien Abdulhamid Alkhalifa, docteur en économie de l’Université de Miami, en Floride, ancien numéro deux du Saudi Arabian Public Investment Fund, passé par la Banque mondiale. Sous son égide, l’institution financière s’est montrée de plus en plus ambitieuse. En 2019, ses actionnaires ont approuvé le recours à la mobilisation de financements sur les marchés de capitaux.

L’institution s’est beaucoup engagée dans la réponse à la crise du Covid-19, avec une enveloppe de 1 milliard de dollars approuvé en avril 2020 et allouée à une vingtaine de projets et de pays (dont l’Égypte, le Maroc, le Bénin, et à l’échelle panafricaine avec notamment un partenariat avec Afreximbank. Bien que détenu par des pays richement dotés en hydrocarbures, le fonds s’est particulièrement investi ces dernières années dans le financement des efforts liés aux changement climatique. En 2022, il a approuvé une facilité de 1 milliard de dollars pour juguler les effets sur les approvisionnements et les prix alimentaires mondiaux découlant de la crise en Ukraine.

Elle a engagé 1 milliard de dollars « pour répondre aux besoins imminents en matière de sécurité alimentaire dans les pays partenaires », rappelle l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P). Son Plan d’action sur le changement climatique prévoit une enveloppe de 5 milliards de dollars pour l’action climatique, « en plus de ses prêts réguliers liés à l’énergie », selon la même source.

Selon les informations stratégiques communiquées aux agences de notation, pas moins de 15 % des nouveaux engagements seront destinés au continent, financés sur une enveloppe de ressources beaucoup plus considérable, grâce aux fonds mobilisés sur les marchés. Les engagements du fonds devraient croître en moyenne annuelle de 7 %, contre 4,5 % ces dernières années. Selon S&P, une « attention particulière » sera accordée aux transports, à l’agriculture, à l’énergie, au financement du commerce, au développement du secteur privé, ainsi qu’aux services bancaires et financiers ».

Endettement progressif

Jusque-là, fait rare dans le monde du développement, l’institution ne finançait ses opérations que sur ses fonds propres. Résultat, son ratio d’endettement au 30 septembre 2022 était exactement de 0 %. Selon Standard & Poor’s (S&P), « son ratio de capital ajusté au risque (RAC) s’est établi à 81 % », selon les chiffres arrêtés début novembre. « Le Fonds OPEP n’a actuellement aucun déficit de financement, les actifs étant 80 fois plus nombreux que les passifs », soulignait en janvier l’agence de notation.

Cette situation devrait évoluer à mesure que l’ambition du plan de développement de l’institution sera concrétisée. Elle a réalisé en janvier son premier emprunt de référence d’une valeur de 1 milliard de dollars sur les marchés. « Nous prévoyons que l’accroissement de la dette sera progressif et que le ratio dette/capitaux propres restera sensiblement inférieur à la limite de 150 % à moyen terme », assure cependant l’agence de notation.

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