“La douane djiboutienne passe pour un leader régional dans le domaine du numérique”, selon un expert du FMI-METAC

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"La douane djiboutienne passe pour un leader régional dans le domaine du numérique", selon un expert du FMI-METAC

Africa-Press – Djibouti. Richard Chopra, expert, a été missionné par le Centre d’assistance technique pour le Moyen-Orient, de son acronyme anglais Metac, pour épauler la douane djiboutienne dans le cadre de l’élaboration d’un plan stratégique couvrant la période 2024-2027. L’opération, qui s’est déroulée en plusieurs phases a été riche d’enseignements. A cela, plusieurs raisons. La première, et de loin la plus évidente, a trait aux ambitions de hub logistique et commercial que porte notre pays. Et au rôle prépondérant que l’administration douanière est appelée à jouer dans cette nouvelle configuration. Nous avons rencontré Richard Chopra dans les locaux de la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) aujourd’hui. Et il a bien voulu répondre à nos questions.

ADI: Vous avez contribué à l’élaboration du rapport stratégique 2024-2027 de la douane. Quelles en sont les grandes lignes ?
Richard Chopra: La douane, de par ses prérogatives et ses obligations, avait quelques priorités. Sa mission première, sinon primaire étant la collecte des recettes, le plan qui vient d’être tracé a identifié un premier axe que nous avons intitulé administration fiscale en définissant un objectif stratégique très clair quant à la manière d’optimiser la collecte des recettes. Qu’on y prenne garde: quand on parle d’optimisation, il serait erroné de penser à une augmentation substantielle des recettes. Il s’agit plutôt de se conformer à des impératifs d’efficacité et d’efficience comme gages de réussite en matière de collecte des recettes. Il s’agit aussi de faire siennes des exigences de rigueur pour parvenir à une limitation des déperditions fiscales.

Cela étant, Djibouti est un pays qui entend devenir un hub régional. Ce qui l’a conduit d’ores et déjà à ratifier nombre d’accords dont celui relatif aux prestations des échanges de l’OMC, celui sur la zone de libre-échange continentale africaine, ou encore celui concernant le COMESA. Le respect de ces accords implique une obligation de facilitation des échanges, notamment en transit. Le plan stratégique 2024-2027 de la douane ne pouvait naturellement faire l’impasse sur ces enjeux qui sont de taille. C’est la raison pour laquelle l’axe 2 dudit plan se propose de travailler des sujets de fond comme la transparence et la prévisibilité des échanges, le civisme fiscal et les partenariats. Comment aider le secteur privé à mieux se conformer à la réglementation en vigueur ? Comment faciliter les échanges avec les pays limitrophes ? La réponse à ces questions, vous en conviendrez sans doute, passe nécessairement par la digitalisation des procédures douanières.

L’importance de l’axe 3 du plan stratégique s’explique par le fait que la douane ne saurait être perçue uniquement comme un pourvoyeur de recettes. Car elle constitue aussi un instrument efficace en matière de contrôle des frontières, protégeant le pays ainsi que les hommes et les femmes qui y vivent contre les méfaits des produits illicites. D’où le choix de faire de la sûreté et de la sécurité un volet majeur du plan stratégique qui, dans ces domaines précis, préconise des efforts supplémentaires en mobilisant les bailleurs de fonds autour de l’impératif d’acquérir de meilleurs équipements destinés notamment aux brigades mobiles.

L’axe 4 se focalise quant à lui sur le capital humain. Là aussi, la digitalisation s’avère incontournable pour une meilleure communication de la douane, ne serait-ce que battre en brèche certaines idées reçues selon lesquelles elle ne sert qu’à prélever des taxes. Non, la douane est autrement bien plus utile et plus méritante tant sa dimension régalienne ne peut être occultée…

C’est dans cette évidence que se justifie notre empressement à vous poser la question: quelle place pour le numérique dans le plan stratégique 2024-2027 de la douane ?

La part du numérique y est naturellement très importante. Cela ne saurait toutefois m’empêcher de rappeler un constat qui s’est imposé à moi dès ma première visite à Djibouti: la douane djiboutienne a une longueur d’avance sur celles des pays voisins dans le domaine numérique. A telle enseigne qu’elle passe actuellement pour un leader régional. Elle a accompli des progrès tangibles en ce qui concerne le transit. Résultat: à l’heure où nous parlons, la déclaration en douane nécessite une poignée de secondes pour être répercutée sur le système éthiopien. Nous misons sur ces avancées pour ouvrir la voie à des progrès encore plus significatifs en inscrivant l’action de la douane dans la continuité en matière de développement au sein de SydoniaWorld. Il s’agira aussi de faire appel à l’intelligence artificielle dans les prochaines années.

Peut-on parler de vision à plus long terme dans ce plan stratégique pourtant limité dans le temps ?

La finalisation du plan stratégique est en bonne voie. Ce n’est plus qu’une question de semaines. Dans ce document quelque peu volumineux, c’est le futur de la douane qui se décline en ce sens qu’il se veut avant tout un vaste programme de modernisation des services douaniers. Ainsi, l’administration douanière djiboutienne se trouve engagée d’ores et déjà dans une logique de refonte du code de douanes. La mission du FMI-Metac va lui apporter son appui en ce sens. Il y a aussi ce que l’on appelle la transposition SH qui renvoie à tout ce qui est classement tarifaire. Sur ce dernier point, la douane djiboutienne a su mobiliser l’organisation mondiale des douanes qui est disposée à soutenir ses efforts visant à obtenir les résultats escomptés.

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