Le capital naturel, une option pour les gouvernements africains dans le financement des ODD

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Le capital naturel, une option pour les gouvernements africains dans le financement des ODD
Le capital naturel, une option pour les gouvernements africains dans le financement des ODD

Africa-Press – Djibouti. L’Afrique doit être capable d’utiliser tous ses avantages comparatifs pour mobiliser les ressources qui lui permettront de financer ses ambitions de développement durable. L’aide publique au développement a beaucoup stagné depuis 2010 voire chuté à son niveau le plus bas pour atteindre 34 milliards de dollars en 2022, selon des estimations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’accès aux marchés internationaux des capitaux reste assez restrictif et très coûteux en raison d’une perception élevée du risque par les investisseurs.

Mais le continent n’est pas à court d’options et pourrait en même temps que la mobilisation du secteur privé, tirer profit de son « énorme » potentiel en termes de capital naturel. Ce potentiel va des masses d’eau douce aux vastes ressources forestières, en passant par les gisements de minéraux. C’est ce qu’entendent démontrer les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement, prévues du 22 au 26 mai prochain à Charm el-Cheikh, en Égypte.

À titre d’exemple, environ 30 % de toutes les réserves minérales mondiales se trouvent sur le continent, dont 60 % des réserves de cobalt et 90 % des réserves de métaux du groupe du platine. Le continent contribue, de manière substantielle, à la production annuelle mondiale de six minéraux clés : 80 % de platine, 77 % de cobalt, 51 % de manganèse, 46 % de diamant, 39 % de chrome et 22 % d’or.

Le continent détient également 7 % des réserves mondiales de gaz naturel et de pétrole. En outre, l’Afrique possède plus de 60 % des terres arables non exploitées dans le monde et abrite 13 % de la population mondiale, dont 60 % a moins de 25 ans, ce qui en fait la population la plus jeune du monde. Environ 75 % des pays africains ont accès à la mer, ce qui offre de larges opportunités dans le domaine de l’économie bleue dont le potentiel mondial, géré de manière durable, est évalué à environ 1500 milliards de dollars.

Mais tout ce potentiel naturel n’est pas toujours mis à contribution par les gouvernements pour mobiliser des ressources. Les entreprises privées en ont parfois mieux profité. Des centaines de juniors minières cotées en bourse sur les places internationales, ont, au fil des années, mobilisé d’importants capitaux en assurant simplement la promotion sur les marchés, du potentiel de leurs permis d’exploration ou d’exploitation de gisements basés en Afrique.

Le capital naturel est aussi utilisé de manière spontanée par des centaines de millions de personnes actives dans la filière du charbon de bois, dont le modèle économique repose essentiellement sur la déforestation.

Quelques pays ont su tirer profit de ce capital naturel, à l’exemple du Maroc qui a mis en place de vastes champs de production d’énergie solaire et éolienne. En 2022, la société britannique Xlinks, spécialisée dans les énergies renouvelables a annoncé la construction d’un câble sous-marin de 3 800 kilomètres qui permettra au Royaume Uni de profiter de cette énergie. En Égypte, le Nil, en plus de l’exploitation du Canal de Suez, est valorisé sous diverses formes. Toujours en Égypte, la centrale solaire photovoltaïque de Benban, lancée en 2018, contribuera à porter à 42 % la part des énergies renouvelables d’ici à 2035. À lui seul, le parc permet de réduire les émissions de CO2 de deux millions de tonnes par an. À plein régime, la capacité de production du parc atteindra 3,8 térawattheures d’électricité par an, équivalant à 90 % de l’énergie électrique produite par le Haut barrage d’Assouan.

Les Assemblées annuelles permettront de discuter de la manière dont le capital naturel de l’Afrique peut devenir, en complément des investissements du secteur privé, un moyen important de financer les actions d’adaptation et d’atténuation du continent aux changements climatiques, ainsi que ses ambitions en matière de croissance verte. Les discussions seront menées avec des experts en changements climatiques et en capital naturel et des ministres africains, gouverneurs de la banque.

Outre les cadres stratégiques de la transformation du capital naturel de l’Afrique, y compris le contenu local et la valeur ajoutée, les discussions porteront également sur le commerce et l’intégration régionale ; les politiques d’infrastructure, de financement et d’investissement ; le capital humain et le développement des compétences, et la mise à niveau en matière technologique.

Rappelons qu’en septembre 2021, la Banque africaine de développement a lancé une nouvelle initiative sur l’intégration du capital naturel dans le financement du développement en Afrique. Elle aura ainsi l’opportunité de faire le point sur ce projet et ses premières réalisations.

Les hôtes égyptiens auront aussi une solide expérience à partager, l’Égypte étant parvenue à bâtir une solide économie autour de ses atouts maritimes et fluviaux, et s’est engagée sur plusieurs projets d’énergie verte.

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