Défis Financiers: Djibouti et Lutte Contre Blanchiment

0
Défis Financiers: Djibouti et Lutte Contre Blanchiment
Défis Financiers: Djibouti et Lutte Contre Blanchiment

Africa-Press – Djibouti. Au cœur de la Corne de l’Afrique, Djibouti poursuit patiemment mais résolument sa mue institutionnelle. Dans un contexte international marqué par une vigilance accrue contre les flux financiers illicites et le financement du terrorisme, la République de Djibouti a engagé, entre 2023 et 2025, un vaste chantier de réformes visant à renforcer son dispositif national de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC-FT). Deux années d’efforts intensifs, de coordination interinstitutionnelle et de coopération internationale dont le bilan a été officiellement présenté lors d’un atelier de clôture organisé à l’hôtel Kempinski, en présence des plus hautes autorités nationales et de partenaires étrangers de premier plan.

La rencontre a réuni un parterre d’acteurs clés: le ministre de l’Intérieur, M. Said Nouh Hassan, le président de la Cour suprême et coordinateur national de la lutte contre le terrorisme, M. Djama Souleiman Ali, le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti, M. Ahmed Osman Ali, ainsi que l’ambassadeur de France à Djibouti, M. Jérôme Bresson. À leurs côtés figuraient les représentants des partenaires techniques et financiers, notamment l’Agence française de développement (AFD), dont le directeur à Djibouti, M. Éric de Guerpel, a joué un rôle central dans l’accompagnement du processus à travers le dispositif FEXTE.

Cette cérémonie de clôture n’avait rien d’un simple exercice protocolaire. Elle s’est imposée comme un moment de vérité, un temps de réflexion collective sur le chemin parcouru, les acquis consolidés et les défis qui restent à relever. Car au-delà des discours officiels, c’est bien la crédibilité financière et institutionnelle de Djibouti sur la scène internationale qui est en jeu.

Dans une allocution empreinte de franchise et de reconnaissance, l’ambassadeur de France, M. Jérôme Bresson, a souligné l’importance stratégique de ces réformes pour l’avenir du pays. « La République de Djibouti, à travers les choix de ses autorités, a de grandes ambitions dans ce domaine », a-t-il déclaré, rappelant que la réalisation de ces ambitions passe nécessairement par la capacité du pays à offrir à ses partenaires un environnement sûr, transparent et conforme aux meilleures pratiques internationales. La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme n’est plus seulement une exigence technique: elle est devenue un marqueur de confiance, un préalable à l’attractivité économique et à l’intégration financière mondiale.

Le gouverneur de la Banque centrale, M. Ahmed Osman Ali, a quant à lui mis en lumière la dimension collective et partenariale de cette réussite. Saluant le FEXTE comme « un exemple parfait de succès en matière de coopération, de concentration et de travail collectif », il a tenu à remercier l’AFD et les autorités françaises pour leur réactivité et leur efficacité, ainsi que les experts mobilisés tout au long de ces deux années. Pour le gouverneur, ce projet s’inscrit pleinement dans la vision stratégique du chef de l’État, qui a fait du secteur financier un pilier essentiel de la croissance nationale.

Il a rappelé que dès les années 2000, et plus particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001, Djibouti avait pris conscience de l’urgence de se doter d’un cadre robuste de prévention et de répression des flux financiers illicites. L’adhésion au GAFIMOAN en 2018 a marqué un tournant décisif, en plaçant le pays sur une trajectoire de réformes accélérées et d’alignement progressif sur les standards du Groupe d’action financière (GAFI). L’appui du FEXTE est ainsi intervenu à un moment clé, pour accompagner Djibouti dans l’exercice exigeant de l’évaluation mutuelle et dans la consolidation durable de son dispositif LBC-FT.

Une trajectoire structurée, entre exigences internationales et mobilisation nationale

Au centre de ce processus, la coordination institutionnelle a joué un rôle déterminant. Le président de la Cour suprême, M. Djama Souleiman Ali, également coordinateur national de la lutte contre le terrorisme, a insisté sur la portée stratégique de la démarche engagée. Selon lui, l’évaluation mutuelle n’était pas une simple échéance à franchir, mais une opportunité pour installer une méthode de travail, fédérer les institutions et structurer durablement la gouvernance du dispositif LBC-FT.

Conscient des enjeux, le président de la République avait, par décret en date du 9 août 2023, mis en place une cellule de coordination nationale. Le mandat confié à cette instance allait bien au-delà de la préparation technique de l’évaluation. Il s’agissait d’instaurer une dynamique de responsabilité partagée, de renforcer la coopération entre administrations, autorités judiciaires, institutions financières et organes de contrôle, et surtout de démontrer que Djibouti était capable de produire des résultats concrets, mesurables et traçables.

Le contexte n’était pourtant pas favorable. Les attentes internationales en matière de LBC-FT sont élevées, et les défis internes ne se limitent pas à l’adoption de textes juridiques. Ils touchent à la mise en œuvre effective des réformes, à l’appropriation des normes par l’ensemble des acteurs concernés, à la montée en puissance des services opérationnels et à la capacité de l’État à assurer un suivi constant et rigoureux. « Et pourtant, malgré ces contraintes, Djibouti a relevé le défi », a affirmé M. Djama Souleiman Ali, soulignant la mobilisation exceptionnelle observée au sein des institutions nationales.

Cette trajectoire positive s’est construite par étapes. L’adhésion à la dynamique régionale en 2018 a constitué le point de départ d’un engagement fort, non symbolique, qui a placé le pays face à une obligation de résultat et à un impératif de crédibilité. Depuis lors, les réformes se sont enchaînées, portées par une volonté politique affirmée et par une prise de conscience croissante des enjeux liés à la criminalité financière et au terrorisme.

Le ministre de l’Intérieur, M. Said Nouh Hassan, a dressé un tableau précis des avancées réalisées au cours de ces deux années. Il a rappelé que le cadre juridique et institutionnel avait été renforcé afin de garantir la conformité de Djibouti avec les normes internationales. Une cartographie nationale des risques a été élaborée, constituant un outil stratégique majeur pour identifier, prévenir et gérer les vulnérabilités propres au pays. Les capacités opérationnelles des institutions concernées ont également été consolidées, à travers des formations ciblées, le renforcement des moyens techniques et l’amélioration des mécanismes de coopération interservices.

Au-delà des aspects techniques, le ministre a insisté sur ce qui fait, selon lui, la véritable singularité de cette période: la mobilisation exceptionnelle de l’ensemble des acteurs. « Tous les acteurs concernés, à tous les niveaux, ont démontré professionnalisme, rigueur et engagement », a-t-il souligné, estimant que cette coordination exemplaire a permis de transformer les recommandations internationales en actions concrètes et mesurables, renforçant ainsi la crédibilité du dispositif national.

Aujourd’hui, la République de Djibouti dispose d’un système LBC-FT solide, opérationnel et durable, considéré comme un prérequis indispensable au développement économique. Les progrès accomplis depuis l’évaluation mutuelle jusqu’aux actions sectorielles témoignent d’une trajectoire résolument ascendante. Le pays a acquis la maîtrise de ses risques, développé les compétences nécessaires pour évaluer régulièrement ses dispositifs et mis en place une vigilance continue et proactive face aux menaces émergentes.

L’atelier de clôture organisé au Kempinski a ainsi marqué la fin d’un cycle, mais certainement pas la fin de l’effort. Comme l’ont rappelé les différents intervenants, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme est un processus permanent, qui exige constance, adaptation et coopération internationale. Pour Djibouti, ces deux années ont permis de poser des bases solides et de confirmer une ambition claire: celle de s’inscrire durablement parmi les États respectueux des standards internationaux, capables d’allier sécurité financière, stabilité institutionnelle et développement économique.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here