Africa-Press – Djibouti. La République de Djibouti a pris part activement à la première Assemblée générale annuelle du Réseau pour le Recouvrement des Avoirs Illicites du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (ARIN-MENA), qui s’est tenue les 8 et 9 octobre à Djeddah, en Arabie Saoudite. Cet événement majeur, organisé sous l’égide de l’Autorité saoudienne de contrôle et d’anticorruption, Nazaha, a rassemblé des responsables gouvernementaux, judiciaires et financiers des pays membres, ainsi que des représentants d’organisations internationales, dans le but de renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre la criminalité financière et le recouvrement des avoirs détournés.
La Présidente de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption (CNIPLC), Mme Badria Zakaria Cheick, y a représenté la République de Djibouti. Elle était accompagnée d’une délégation composée de M. Djama Souleiman Aboubaker, Directeur de la Coopération internationale et du Rapatriement des Avoirs à la Commission, et de M. Aboubaker Doubad, Substitut du Procureur Général. Cette participation témoigne du rôle croissant de Djibouti dans les efforts régionaux visant à promouvoir la transparence, la bonne gouvernance et la restitution des fonds issus d’activités illicites.
Une étape historique pour la coopération régionale
L’Assemblée générale de Djeddah a marqué une avancée décisive dans l’opérationnalisation du réseau ARIN-MENA, avec l’adoption officielle de sa Charte fondatrice et d’une Déclaration d’intention commune. Ces deux documents, désormais considérés comme les piliers institutionnels du réseau, définissent les mécanismes de coordination, d’échange d’informations et de coopération entre les États membres. L’objectif est clair: mettre en place un cadre efficace pour identifier, saisir et restituer les avoirs illicites transférés à l’étranger, tout en renforçant la confiance mutuelle entre les pays de la région.
Dans son intervention, Mme Badria Zakaria Cheick a rappelé que le recouvrement des avoirs illicites constitue l’un des leviers les plus puissants de la lutte contre la corruption. « Le recouvrement des avoirs illicites n’est pas seulement un pilier fondamental de la lutte anticorruption, mais aussi un instrument essentiel pour démanteler les réseaux criminels organisés et freiner les flux financiers illicites qui fragilisent nos économies », a-t-elle déclaré devant l’assemblée.
La Présidente a également souligné que Djibouti, à l’instar de nombreux pays de la région, fait face à des défis complexes en matière de traçabilité et de restitution des avoirs dissimulés dans des circuits financiers opaques et transnationaux. Ces difficultés, a-t-elle ajouté, appellent à une coopération internationale renforcée et à des échanges constants entre institutions spécialisées.
Dans son discours, la Présidente de la CNLCC a mis en avant les réformes structurelles engagées ces dernières années par la République de Djibouti afin de consolider son cadre institutionnel et juridique de lutte contre la corruption. Parmi les avancées majeures, elle a cité la création de l’Agence nationale d’identification et de gestion des avoirs criminels, une entité dotée d’une autonomie opérationnelle et d’un mandat élargi pour identifier, gérer, conserver et restituer les biens saisis ou confisqués dans la transparence et l’efficacité.
En parallèle, Djibouti a renforcé les prérogatives de ses organes de contrôle et de supervision, notamment la Commission nationale anticorruption et l’Inspection générale de l’État, deux institutions désormais centrales dans la répression des actes de corruption et le rapatriement des avoirs. Sur le plan législatif, notre pays a mis à jour son arsenal juridique en introduisant des dispositions relatives au gel, à la saisie, à la confiscation et au rapatriement des avoirs criminels, conformément aux standards internationaux, en particulier ceux édictés par la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC).
Djibouti se distingue également par son engagement en faveur de procédures simplifiées de coopération judiciaire internationale, incluant la possibilité de confiscation sans condamnation pénale dans certaines situations, afin de rendre plus rapide la récupération des fonds détournés. « Ces réformes traduisent la volonté politique ferme de notre pays de bâtir une administration publique intègre, transparente et responsable », a insisté Mme Badria Zakaria Cheick.
Une diplomatie active au service de la transparence
Au-delà des réformes internes, Djibouti multiplie les initiatives de coopération régionale et internationale. Notre pays participe activement à plusieurs plateformes de coordination, dont le réseau GLOBE soutenu par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et s’emploie à signer des accords bilatéraux et multilatéraux visant à renforcer l’échange de renseignements financiers et judiciaires.
La Présidente a salué la création du réseau ARIN-MENA, qu’elle a décrit comme un outil stratégique et solidaire. « Nous considérons ce réseau non seulement comme un forum technique, mais aussi comme un instrument collectif destiné à renforcer la solidarité régionale et à bâtir une réponse cohérente face aux crimes économiques et financiers », a-t-elle souligné.
Mme Badria Zakaria Cheick a confirmé l’engagement total de la République de Djibouti à contribuer activement aux travaux du réseau, notamment en matière de renforcement des capacités, d’échange de renseignements et de participation aux initiatives conjointes. Elle a exprimé le souhait que ce nouveau mécanisme régional permette aux États membres de « priver les criminels corrompus du fruit de leurs méfaits et de restaurer la confiance des citoyens dans l’intégrité de leurs institutions ».
La Présidente de la CNIPLC a clôturé son allocution en adressant ses remerciements au Royaume d’Arabie Saoudite et à l’institution Nazaha pour leur hospitalité et leur leadership dans la lutte contre la corruption à l’échelle régionale. Elle a également salué le rôle crucial de Mme Ghada Waly, Directrice exécutive de l’ONUDC, pour son appui constant à la mise en place de réseaux internationaux de coopération anticorruption.
Cette première Assemblée générale de l’ARIN-MENA ouvre ainsi un nouveau chapitre dans la lutte contre les flux financiers illicites au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pour Djibouti, pays engagé dans une politique de gouvernance éthique et de transparence institutionnelle, cette participation traduit une ambition claire: faire de la lutte contre la corruption un pilier central du développement durable et de la crédibilité de l’État.
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