Africa-Press – Djibouti. Réunis en urgence à Bogota pour deux jours, les membres du Groupe de La Haye, co-présidé par la Colombie et l’Afrique du Sud, ont adopté ce mercredi une déclaration commune appelant à des sanctions ciblées contre Israël et dénonçant la poursuite de ce qu’ils qualifient de « génocide » à Gaza.
La République de Djibouti, par la voix de son ambassadeur auprès des pays du Benelux et scandinaves et de l’Union européenne, Aden Mohamed Dileita, a pris part aux débats et soutenu des mesures jugées « concrètes et urgentes » pour faire respecter le droit international.
La conférence, convoquée dans un contexte d’escalade persistante au Proche-Orient, a rassemblé des délégations de plus d’une dizaine de pays du Sud global, parmi lesquels la Bolivie, Cuba, la Namibie, le Honduras ou encore la Malaisie. L’objectif affiché: coordonner une réponse politique et juridique à ce que plusieurs Etats estiment être une impunité prolongée d’Israël dans les territoires palestiniens occupés.
L’ambassadeur djiboutien, M. Aden Mohamed Dileita, a livré un discours sans détour. « Gaza est aujourd’hui réduite à un champ de ruines. Sa population, affamée et bombardée, continue de subir une campagne militaire brutale sans précédent », a-t-il déclaré, dénonçant l’ignorance flagrante des ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ) rendues en janvier dernier. Djibouti, a-t-il rappelé, avait soutenu dès le départ la procédure engagée par l’Afrique du Sud devant la CIJ et soumis un mémoire écrit en 2023.
Dans leur déclaration finale, les participants ont annoncé une série de mesures à appliquer dans les cadres légaux nationaux. Elles incluent l’interdiction de transférer des armes ou matériels à usage militaire vers Israël, la fermeture des ports à tout navire suspecté de transporter de telles cargaisons, et la révision des contrats publics impliquant des activités dans les colonies ou territoires occupés.
« Il s’agit d’empêcher que nos économies, nos ports, nos pavillons servent d’instruments à la perpétuation de crimes de guerre », précise le texte. Les Etats s’engagent également à soutenir la compétence universelle pour juger les responsables de crimes graves et à défendre les institutions internationales, telles que la CIJ ou la Cour pénale internationale (CPI), contre toute tentative de déstabilisation.
Djibouti a exprimé son soutien « sans réserve » à ces engagements. Dans un contexte de pressions croissantes exercées sur les fonctionnaires onusiens et les mécanismes multilatéraux, M. Dileita a notamment dénoncé les tentatives « d’intimidation et de représailles » à l’encontre des experts internationaux travaillant sur la Palestine.
La déclaration, adoptée à l’unanimité ce 16 juillet, intervient à quelques jours de l’ouverture, à New York, d’une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, prévue du 28 au 30 juillet. Elle entend faire pression sur les Etats membres des Nations Unies pour qu’ils respectent les résolutions existantes et renforcent la mise en œuvre de l’avis consultatif rendu par la CIJ en juillet 2024.
Pour Djibouti, cette mobilisation s’inscrit dans une continuité diplomatique assumée. Son président, Ismaïl Omar Guelleh, soutient de longue date la solution à deux Etats et la création d’un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
« Le multilatéralisme ne peut survivre à l’exception permanente », a résumé Nasser Mohamed Ousbo, ambassadeur djiboutien à Cuba, lui aussi présent à cette conférence. A Bogota, les mots ont désormais laissé place aux actes. Reste à savoir jusqu’où les Etats signataires pousseront l’application de ces mesures.
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