Africa-Press – Djibouti. Sous la présidence du Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed, les autorités djiboutiennes ont lancé lundi, à l’hôtel Kempinski, le processus de formulation du troisième Plan National de Développement (PND) couvrant la période 2025-2030. Un chantier présenté comme stratégique, tant pour la relance post-Covid que pour l’atteinte des objectifs fixés par la Vision Djibouti 2035.
En présence de nombreux membres du gouvernement, de représentants du secteur privé et de partenaires techniques et financiers, le Premier ministre a insisté sur l’ambition du futur plan. « Ce plan devra accélérer la diversification économique, valoriser notre jeunesse et assurer un développement territorial équilibré », a-t-il déclaré en ouverture des travaux.
Dans un discours remarquable, il a rappelé les progrès enregistrés ces dernières années – doublement du PIB, développement des infrastructures, réformes structurelles – tout en soulignant les défis persistants: vulnérabilités économiques, impacts du changement climatique, chômage des jeunes.
Le nouveau plan, dont l’élaboration s’étendra sur plusieurs mois, devra accélérer la diversification économique, renforcer le capital humain, garantir un développement territorial équilibré et faire de la bonne gouvernance un levier de transformation, selon les orientations définies par les autorités. « Notre jeunesse est notre plus grand atout. Investir dans son éducation, sa santé, sa formation est essentiel », a insisté M. Abdoulkader Kamil Mohamed, plaidant pour une croissance verte et inclusive.
Aux côtés du gouvernement, le secteur privé s’est dit « pleinement mobilisé ». Le président de la Chambre de commerce, Youssouf Moussa Dawaleh, a appelé à une « alliance renouvelée » entre l’Etat, les entreprises et les partenaires techniques. Il a formulé une série de propositions fiscales, parmi lesquelles un crédit d’impôt à l’investissement productif, un régime simplifié pour les très petites entreprises et des incitations vertes pour stimuler la transition énergétique.
« Nous sommes prêts à investir, à innover, à prendre des risques », a affirmé M. Youssouf Moussa Dawaleh. « Mais nous avons besoin d’un cadre stable, clair et incitatif ». Il a salué la méthode participative retenue pour l’élaboration du PND, tout en appelant à ce que ce plan ne reste pas « un document de plus », mais devienne un « véritable levier de transformation » du tissu économique.
Le Groupe de la Banque mondiale, représenté à Djibouti depuis 2024 par une mission conjointe IDA-IFC-MIGA, a également salué l’initiative, tout en pointant les fragilités des précédents cycles de planification: faible taux de mise en œuvre, manque de données fiables, insuffisante mobilisation des financements. « Ce troisième PND ne doit pas être une simple mise à jour, mais un tournant stratégique », a déclaré son représentant.
L’institution de Bretton Woods a plaidé pour une planification rigoureuse, adossée à des indicateurs mesurables, une budgétisation réaliste et une coordination renforcée des partenaires. Elle a insisté notamment sur trois leviers: l’élargissement de l’assiette fiscale, la consolidation du capital humain (éducation, emploi, santé), et la diversification économique autour de secteurs porteurs tels que l’agriculture sous serre, les technologies numériques et le tourisme durable.
Selon les projections de la Banque mondiale, notre pays pourrait rejoindre d’ici cinq ans la catégorie des pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure, à condition de refonder en profondeur le modèle actuel. Le nouveau cycle IDA21 pourrait appuyer financièrement plusieurs programmes stratégiques du PND, et un groupe consultatif devrait être convoqué prochainement pour mobiliser les ressources.
Pour Djibouti, petit État de la Corne d’Afrique à la position géostratégique convoitée, l’enjeu est double: transformer les fondations de son économie et répondre aux aspirations sociales d’une population jeune et en forte croissance. La réussite du PND 2025-2030 dépendra, avertissent les partenaires, d’une volonté politique constante, d’une gouvernance rigoureuse et d’une mobilisation collective.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press