Africa-Press – Djibouti. Les Etats membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont adopté la semaine dernière plusieurs orientations jugées « décisives » pour renforcer l’impact du Fonds régional pour les migrations (FRM), à l’issue de la 5e réunion annuelle de son comité de pilotage. Pendant deux jours, les délégations ont passé en revue les projets en cours, évalué leurs résultats et discuté des priorités pour l’année à venir.
Réunis à l’hôtel Ayla, représentants ministériels, responsables de l’immigration, agences nationales pour les réfugiés et partenaires techniques, dont le ministère fédéral allemand de la Coopération économique (BMZ) et la Banque allemande de développement (KfW), ont dressé un état des lieux de ce mécanisme devenu, selon l’IGAD, l’un des outils phares de la région pour répondre aux défis migratoires.
« Le FRM est aujourd’hui l’une des initiatives les plus impactantes de l’IGAD », a déclaré en ouverture l’ambassadeur Moussa Meigague, directeur de la Division Santé et Développement social de l’organisation. Selon lui, le Fonds contribue déjà à « améliorer concrètement les conditions de vie des migrants, des réfugiés et des communautés hôtes » dans plusieurs zones frontalières « longtemps restées en marge des politiques nationales ».
Le Secrétaire exécutif de l’IGAD, le Dr Workeneh Gebeyehu, a rappelé que le Fonds de réponse aux catastrophes, qui opère sous l’égide du FRM, permet d’atteindre des « communautés souvent éloignées des capitales et peu desservies en services essentiels ». « Six États membres bénéficient actuellement d’interventions dans trois zones transfrontalières et un site d’accueil de réfugiés », a-t-il précisé, soulignant leurs effets sur l’éducation, l’économie locale et la stabilité sociale.
Pour Djibouti, les résultats sont « tangibles », a assuré Mme Yasmine Djama, sous-directrice des Organisations régionales au ministère des Affaires étrangères. S’appuyant sur les exemples d’Ali-Sabieh et d’Ali-Addeh, elle a estimé que les projets mis en œuvre « renforcent les infrastructures publiques, créent des opportunités économiques et consolident la cohésion sociale ». Elle a appelé à « une coopération régionale renforcée » pour transformer les dynamiques migratoires « en leviers de développement ».
Réalisations substantielles à Ali-Sabieh
Le rapport présenté au comité relève plusieurs avancées dans la région d’Ali-Sabieh, à la frontière avec l’Éthiopie. Le lycée technique y a été entièrement réhabilité et agrandi, un centre de développement communautaire est désormais opérationnel, et deux marchés – à Ali-Sabieh et Ali-Addeh – arrivent en phase finale de construction. Ces chantiers ont généré plus de 350 emplois temporaires, favorisant le rapprochement entre réfugiés et populations locales.
En 2024, le FRM a également étendu son action au corridor transfrontalier de Nimule–Elegu, entre l’Ouganda et le Soudan du Sud, tandis que des infrastructures sont en préparation à Moyale et Tog-Wajale, deux zones stratégiques pour le commerce régional.
Une visite de terrain pour mesurer l’impact
Le 19 novembre, les délégations ont effectué une visite de terrain à Ali-Sabieh. Accompagnées du préfet Abdoul-Malik Mohamed Banoïta et du président du Conseil régional, Charmake Hassan Allaleh, elles ont inspecté la galerie marchande en construction, puis le chantier d’extension du lycée technique, exécuté par l’entreprise HAWKS.
Ces visites ont permis « de constater directement les bénéfices des investissements », selon l’IGAD, qui évoque un renforcement des services publics, l’amélioration des moyens de subsistance et une meilleure cohésion sociale. Le préfet Banoïta a salué un partenariat « exemplaire » entre l’IGAD, Djibouti et l’Allemagne, illustrant selon lui « la solidarité dans la quête d’un développement durable ».
Engagement renouvelé des partenaires
La réunion a finalement réaffirmé l’engagement des États membres à soutenir le FRM, financièrement et politiquement. L’IGAD a exprimé sa gratitude au gouvernement allemand pour son soutien continu, rappelant qu’un nouvel engagement financier permettra d’étendre les projets dans les années à venir.
La région de l’IGAD accueille près de 5,5 millions de réfugiés. En améliorant les infrastructures des principaux corridors migratoires – de Moyale à Ali-Sabieh –, le FRM ambitionne de renforcer la sécurité, les opportunités économiques et la résilience des communautés les plus vulnérables.
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