Africa-Press – Djibouti. Mahmoud Ali Youssouf a pris, ce jeudi, les commandes de la Commission de l’Union africaine, succédant à Moussa Faki Mahamat. Un passage de témoin aux allures de rupture. Car le diplomate djiboutien, fin stratège, n’entend pas simplement gérer l’institution, il veut la transformer.
Face aux ambassadeurs et chefs d’État réunis à Addis-Abeba, sa voix ne tremble pas. « L’Afrique est à la croisée des chemins. Nos peuples aspirent à un avenir de prospérité, de paix et de dignité », lance-t-il, en guise de manifeste. Un discours sans fioritures, à la hauteur du défi qui l’attend.
L’Union africaine peine à s’imposer comme un acteur majeur sur la scène internationale. Ses ambitions ? Fréquemment contrariées par les jeux d’influence extérieurs. Sa voix ? Souvent noyée dans le concert des puissances. Mahmoud Ali Youssouf ne se berce pas d’illusions. Il sait l’ampleur du chantier. Et il en fixe aussitôt les priorités: autonomie financière, efficacité institutionnelle, cohésion politique.
« Il ne s’agit pas seulement d’assurer la gestion d’une organisation, mais de porter les aspirations d’un continent tout entier », insiste-t-il.
Le décor est planté. Guerres civiles, putschs militaires, fractures diplomatiques… L’Afrique est en proie à des crises multiples. Le nouveau président de la Commission sait qu’il n’a ni le temps ni le luxe de la demi-mesure. Il veut une Commission plus agile, plus audible, plus influente.
Son premier combat ? L’indépendance financière. Aujourd’hui, l’UA dépend à près de 60 % des contributions extérieures. Un paradoxe insoutenable pour une organisation qui revendique son émancipation. « Il est temps de réduire cette dépendance et de concevoir des mécanismes de financement autonomes », martèle-t-il. L’homme veut du concret. Il refuse une réforme de façade.
Mais pour peser, encore faut-il parler d’une seule voix. « Nous devons insuffler un nouvel élan à notre organisation, renforcer notre unité et affirmer notre rôle sur la scène internationale », plaide-t-il.
Un pari audacieux. Un défi immense. Mais Mahmoud Ali Youssouf le sait: c’est maintenant ou jamais.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press