
Africa-Press – Djibouti. A l’issue de deux jours de débats intenses, les travaux du forum régional de haut niveau sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) se sont achevés hier en fin de matinée à l’Ayla Grand Hôtel de Djibouti. À travers deux panels de haut niveau, experts, décideurs politiques et investisseurs ont esquissé les contours d’une Afrique interconnectée, intégrée et économiquement résiliente, avec un focus particulier sur la Corne de l’Afrique et en particulier sur Djibouti en tant que catalyseur de la transformation économique du continent africain.
Djibouti, carrefour géostratégique entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie, a accueilli pendant deux jours un forum régional d’envergure consacré aux défis et aux opportunités de la mise en œuvre de la ZLECAf. Cette rencontre de haut niveau, qui s’est tenue à l’Ayla Grand Hôtel, a rassemblé des représentants gouvernementaux, des experts économiques, des investisseurs et des institutions financières autour d’un objectif commun: renforcer les synergies régionales et faire de la ZLECAf un moteur de développement durable et inclusif.
Lancée en janvier 2021, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), ambitionne de créer un marché unique regroupant 1,3 milliard de personnes, cette initiative vise à promouvoir le commerce intra-africain, à dynamiser la croissance économique et à réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
Cependant, le commerce intra-africain rencontre de nombreux défis, plafonnant à moins de 17 % des échanges totaux, là où l’Europe ou l’Asie enregistrent des taux supérieurs à 60 %. Les barrières tarifaires, les disparités réglementaires et la faiblesse des connexions logistiques ont longtemps été des obstacles pour les flux commerciaux entre pays voisins en général. La ZLECAf apparaît ainsi comme une réponse structurante à ces obstacles systémiques, en promettant une baisse progressive des droits de douane sur 90 % des produits, ainsi qu’une simplification des échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes. Au-delà de son aspect commercial, la ZLECAf se veut un levier de transformation structurelle. Elle vise à stimuler l’industrialisation locale, renforcer la compétitivité des économies nationales, attirer les investissements directs étrangers et développer des chaînes de valeur régionales. L’élimination des barrières non tarifaires, la reconnaissance mutuelle des normes sanitaires et techniques, ainsi que la création d’un système panafricain de paiements en monnaies locales figurent parmi les programmes phares de cette initiative que Djibouti a embrassé en mars 2018 et a ratifié son Accord en février 2019. Mais malgré cet élan prometteur, les défis à relever restent considérables. Le continent africain se caractérise par des économies hétérogènes, des niveaux de développement inégaux et des capacités industrielles très contrastées. Certains pays, notamment les moins avancés, redoutent une ouverture commerciale brutale qui pourrait les fragiliser face à la concurrence des nations plus industrialisées. L’harmonisation des cadres réglementaires et douaniers entre cinquante-quatre États membres représente également une entreprise titanesque. Les micros, petites et moyennes entreprises (MPME), qui représentent jusqu’à 80 % des unités économiques sur le continent, pourraient accéder à de nouveaux marchés, diversifier leurs débouchés et renforcer leur capacité de production. Autant de défis et d’opportunités qui ont nourri les débats lors des différents panels et les interventions au programme de cette seconde journée clôturant le forum de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Un premier panel: des infrastructures au service du commerce intra-africain
Le premier temps fort du forum a été marqué par le panel intitulé « Infrastructures et Corridors Commerciaux à Travers l’Afrique », qui a mis en lumière les projets phares visant à améliorer la connectivité continentale. Parmi eux, le Trans Africa Land Bridge, ambitieux projet d’infrastructure reliant les principales capitales économiques africaines, a été présenté comme un levier stratégique pour fluidifier les échanges commerciaux, réduire les coûts logistiques et favoriser l’intégration régionale.
Les intervenants ont souligné l’urgence d’un investissement massif dans les infrastructures de transport – routes, chemins de fer, ports, plateformes logistiques – pour lever les barrières physiques au commerce intra-africain. Des corridors comme celui reliant Djibouti à Addis-Abeba, ou encore les connexions transsahariennes, ont été cités comme exemples de réussites et de potentiels à exploiter davantage.
Un second panel dédiéà la place de Djibouti dans le domaine des investissements en Afrique
Le second panel, intitulé « Opportunités d’Investissement et Institutions Financières », s’est concentré sur les leviers de financement et les dispositifs incitatifs destinés à stimuler les investissements dans le cadre de la ZLECAF. Une vidéo introductive sur la zone économique spéciale (ZES) de Touch Road a mis en exergue le rôle des ZES dans l’attraction des capitaux étrangers et dans la création de pôles industriels compétitifs.
Les échanges ont mis en évidence les avantages comparatifs de Djibouti, notamment sa stabilité politique, sa position stratégique en bordure de la mer Rouge, et ses infrastructures portuaires de classe mondiale. Ces atouts en font une plateforme naturelle pour les partenariats public-privé et les projets d’investissement à l’échelle régionale. Les représentants des institutions financières régionales et internationales ont pour leur part insisté sur la nécessité d’un meilleur accès aux instruments de financement innovants pour accompagner les projets structurants.
Djibouti, hub du commerce régional
Au fil des discussions, une conviction forte s’est imposée: Djibouti est appelé à jouer un rôle central dans la mise en œuvre réussie de la ZLECAF. Grâce à ses atouts logistiques, ses ambitions industrielles, ses couloires terrestres qui constituent des cordons ombilicaux pour les pays limitrophes et notamment son engagement dans la coopération régionale, la nation djiboutienne se positionne comme une interface stratégique entre les économies africaines.
Les participants ont également insisté sur l’importance de la coopération régionale, notamment au sein de la Corne de l’Afrique, pour relever collectivement les défis du commerce transfrontalier, de l’harmonisation réglementaire et du financement des infrastructures. En ce sens, le forum a servi de plateforme pour renforcer les alliances et formuler des recommandations concrètes en faveur d’une Afrique plus intégrée, plus résiliente et plus prospère.
Clôturé sur une note optimiste, ce forum régional a ouvert en tout cas, des perspectives concrètes pour accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf en vue de transformer les défis en opportunités.
Il est à noter que la tenue de ce forum, sous nos cieux confirme la vocation de notre pays comme pôle d’intégration régionale mais également comme catalyseur de la transformation économique du continent africain.
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