Alexis Billebault
Africa-Press – Djibouti. La rencontre entre les deux pays prévue le 9 septembre ne présente aucun enjeu sportif, le Sénégal étant qualifié et le Rwanda éliminé. Mais elle a déclenché de vives tensions entre les fédérations.
Un communiqué de la Fédération sénégalaise de football (FSF), publié le 29 août dans la soirée, a mis fin à plusieurs jours de crispations avec son homologue rwandaise (Ferwafa). « La FSF informe qu’après des échanges avec les autorités de la CAF [Confédération africaine de football] et dans un souci d’apaisement, son équipe nationale se déplacera finalement au stade de Huye, au Rwanda. »
Les supporters rwandais ne verront toutefois pas les stars de la sélection sénégalaise Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye ou encore Ismaïla Sarr, ni même Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions de la Teranga, qui resteront à Dakar pour préparer le match amical face à l’Algérie, prévu trois jours plus tard, le 12 septembre, au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio.
Pour le match à Huye ce dernier sera remplacé par le duo constitué de Pape Thiaw et Malick Daf, respectivement en charge des sélections A’ et des moins de 20 ans. Les deux techniciens dirigeront sans doute une équipe n’ayant pas grand-chose à voir avec celle qui fut sacrée championne d’Afrique en 2022 au Cameroun. « On s’en fiche. L’essentiel, c’est qu’on joue chez nous », a réagi Adolphe Kalisa, le secrétaire général de la Ferwafa.
Un accord de principe…
Pour mieux comprendre l’origine du conflit entre les deux fédérations, il faut remonter au 30 mai 2022, quand la FSF avait répondu à un courrier de Henri Muhire, alors secrétaire général de la Ferwafa. Celui-ci évoquait la possibilité que le match Rwanda-Sénégal, comptant pour la 2e journée des qualifications pour la CAN, se joue sur le territoire sénégalais : en effet, aucun stade rwandais n’était alors homologué par la CAF.
La Ferwafa demandait également que le match retour (prévu au mois de septembre 2023) puisse se disputer au stade Huye, sous réserve que l’enceinte reçoive entretemps l’autorisation de la CAF. Dans sa réponse, Victor Cissé, le secrétaire général de la FSF, acceptait que le Rwanda joue le 7 juin au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio (victoire des Lions de la Teranga 1-0) et avait donné son accord de principe pour que le Sénégal se déplace au Rwanda au retour. Informée, la CAF n’avait émis aucune réserve, comme peut le confirmer Jeune Afrique qui a eu accès aux différents courriers.
…mais pas d’engagement
Mais le 22 août dernier, la FSF a écrit à la CAF pour lui signifier que la sélection sénégalaise n’avait pas l’intention de se rendre au Rwanda – bien que le stade de Huye ait été homologué. Dans ce courrier, les dirigeants sénégalais avancent plusieurs arguments : d’abord, celui qu’ « un accord de principe ne vaut pas engagement contractuel ». Puis que « la situation a changé » depuis les courriers de mai 2022, puisque l’équipe du Sénégal est qualifiée et le Rwanda éliminé.
La FSF explique qu’elle n’a aucun intérêt sportif et financier à accueillir le Rwanda en septembre, et que son accord de principe pour jouer à Huye sous conditions était motivé par un esprit de solidarité vis-à-vis d’une fédération sœur afin que celle-ci préserve ses chances de qualification, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
La FSF estime également que la CAF a modifié le calendrier des éliminatoires de la CAN et permis aux fédérations qui le souhaitaient d’ajouter un match international lors de cette trêve internationale FIFA qui s’étirera du 4 au 12 septembre. C’est ce qu’a fait le Sénégal, qui accueillera l’Algérie le 12 septembre, à Diamniadio. L’instance sénégalaise dit s’étonner de « l’intransigeance de la Ferwafa, malgré les tentatives de conciliation entre les deux présidents » [le Sénégalais Augustin Senghor, par ailleurs vice-président de la CAF, et le Rwandais Alphonse Munyantwali].
« Volte-face » de la FSF
La position rwandaise était évidemment diamétralement opposée. La Ferwafa, dans une lettre adressée par son nouveau secrétaire général Adolphe Kalisa à la CAF le 26 août, s’étonnait de « la volte-face spectaculaire de la FSF » par rapport à « l’engagement pris entre les deux associations le 30 mai 2022 conditionné à l’homologation du stade de Huye, devenue entretemps effective ».
La Ferwafa rappelle également que lors de son déplacement au Sénégal en juin 2022, elle avait pris à sa charge les billets d’avion, l’hébergement et les frais de transport de sa délégation et ceux des différents officiels de la CAF. Celle-ci devait trancher le différend entre les deux instances avant la fin de la semaine. Le communiqué publié le 29 août dans la soirée lui a finalement épargné une surcharge de travail.
Source: JeuneAfrique
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