Avenir du Lithium à l’Horizon 2030

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Avenir du Lithium à l'Horizon 2030
Avenir du Lithium à l'Horizon 2030

Africa-Press – Djibouti. Afin d’assurer la transition énergétique, les véhicules électriques sont nécessaires pour décarboner les transports. Pour fabriquer les batteries nécessaires à leur fonctionnement, un métal est essentiel: le lithium. “Il est possible de fabriquer des batteries sans cobalt et sans nickel, mais le lithium est un élément indispensable”, explique à Sciences et Avenir Lucas Miailhes, doctorant en sciences politiques à l’Institut Catholique de Lille, spécialiste des enjeux autour de cette ressource stratégique. Néanmoins, face à la demande croissante en batteries électriques, les ressources seront-elles suffisantes?

D’après des chercheurs des universités de Shanghai (Chine) et Lunds (Suède), plusieurs perspectives sont envisageables. Dans une étude publiée dans la revue Cell Reports Sustainability le 12 juin 2025, ils évaluent divers scénarios économiques pour estimer si une pénurie de lithium surviendra à l’horizon 2030.

Une demande supérieure à l’offre

En croisant huit scénarios de demande (selon les rythmes d’adoption des véhicules électriques) avec deux hypothèses de production (forte ou faible), les chercheurs ont élaboré 16 projections. Ils se sont concentrés sur la Chine, l’Europe et les États-Unis, pour regarder leur future dépendance aux importations. Ces trois pôles représentent 80 % des ventes mondiales de véhicules électriques. À l’horizon 2030, la Chine pourrait nécessiter jusqu’à 1,3 million de tonnes de lithium carbonate équivalent (voir encadré). 792 000 pour l’Europe et 692 000 pour les États-Unis.

Le carbonate de lithium est un sel de lithium utilisé dans certaines batteries électriques. On lui préfère cependant sa version raffinée, l’hydroxyde de lithium, qui offre de meilleures performances électrochimiques. L’essentiel du carbonate de lithium importé en France provient du Chili, tandis que la majorité de l’hydroxyde de lithium provient de Chine.

Les résultats sont sans appel: même dans les hypothèses les plus ambitieuses d’extraction locale, aucun des trois grands marchés mondiaux ne parvient à couvrir entièrement ses besoins seul. Les projets miniers en cours ou à venir permettraient à la Chine de produire entre 804.000 et 1,1 million de tonnes, aux États-Unis entre 229.000 et 610.000 tonnes, et à l’Europe seulement 325.000 tonnes. C’est cette dernière qui affiche le déficit le plus marqué. Les chercheurs recommandent ainsi en priorité d’augmenter l’extraction minière, quand bien même plusieurs projets d’exploitation sont contestés, notamment celui d’Imerys en France.

Changer de modèle, une nécessité

Les alternatives manquent à l’heure actuelle. Les recherches sur les batteries au sodium sont encore balbutiantes et leur commercialisation demeure incertaine à cause de leurs plus faibles performances. Le recyclage est aussi envisagé pour atténuer la pression sur les ressources. “Le recyclage du lithium se met très doucement en place en Europe, rappelle Lucas Miailhes. Il pourrait couvrir 14% des besoins à l’horizon 2030, selon un rapport de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement.”

L’étude évoque aussi un levier souvent ignoré: la sobriété. Réduire le nombre de véhicules individuels au profit des transports collectifs permettrait de limiter la demande en lithium. Car tous les véhicules ne se valent pas: “Un SUV électrique consomme cinq fois plus de lithium qu’une petite citadine”, souligne Lucas Miailhes. Or les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), sur lesquelles se base l’étude, tablent sur une adoption massive du véhicule électrique.

Ces scénarios supposent donc une simple substitution thermique/électrique, sans remise en question du modèle de mobilité actuel. “Le remplacement complet du parc automobile est annoncé sans proposer de réserver cette technologie aux usages les plus adaptés et sans interroger la viabilité énergétique de la mobilité individuelle”, selon Aurore Stéphant, ingénieure géologue minier.

L’avenir de la filière lithium reste donc incertain. Les tensions sur l’offre pourraient se traduire par des dépendances géopolitiques accrues, des conflits environnementaux et des choix industriels difficiles pour l’Europe. Plus que jamais, la question énergétique devient un enjeu global, à la croisée de la technologie, de l’économie et des modes de vie.

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