Africa-Press – Djibouti. L’hydrophide à bandes bleues, ou Hydrophis cyanocinctus, est une espèce de serpent de mer venimeuse. En inspectant son génome, des chercheurs australiens ont découvert que ce reptile a sûrement la capacité de voir les couleurs, comme le tout premier ancêtre des serpents. Un atout qu’il ne partage ni avec ses récents ancêtres, ni avec d’autres animaux marins, comme le dauphin qui perçoit uniquement des nuances de gris. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Genome Biology and Evolution.
Les opsines, révélatrices de couleur
“Le premier ancêtre de l’hydrophide à bandes bleues, c’est-à-dire le serpent ancestral, vivait en milieu terrestre et distinguait correctement les couleurs,” indique Isaac Rosetto, auteur de l’étude, pour Sciences et Avenir. Il y a près de 110 millions d’années, ce premier serpent subit une régression sensorielle et ne perçoit plus que des nuances de gris : une adaptation à son nouveau milieu de vie. En effet, les scientifiques pensent qu’au fil des années, ce serpent est devenu nocturne et s’est enfoui dans le sol. “L’obscurité de ce milieu a mené à la perte de deux opsines chez ces serpents, les rendant partiellement daltoniens” explique le chercheur.
Mais qu’est ce qu’une opsine ? Ce sont des récepteurs qui déclenchent la cascade de signalisation lumineuse dans les cellules de la rétine : les cônes et les bâtonnets. Ces derniers sont des photorécepteurs : ils sont déclenchés par des longueurs d’ondes lumineuses. Et les cônes transmettent les informations sur la couleur. Ce stimulus est converti en un signal électrique qui est alors envoyé au cerveau et lui permet de percevoir visuellement son environnement.
“Je me suis rendu compte que le génome de l’Hydrophide à bandes bleues possédait quatre copies de gènes codant pour l’opsine”, s’étonne Isaac Rosetto. “A notre connaissance, toutes les autres espèces de serpents – on en compte environ 4000 – dans le monde ne possèdent qu’un seul de ces gènes, à l’exception de quelques espèces du genre Helicops.”
Une adaptation à son milieu de vie
Plus intéressant encore, deux des gènes découverts permettent la réception du rayonnement ultraviolet, tandis que les deux autres sont associés à la lumière bleue. “Cela pourrait augmenter considérablement leur sensibilité aux couleurs, ce qui pourrait s’avérer très utile dans les environnements marins très éclairés”, ajoute le biologiste. En effet, le milieu marin est plus lumineux et plus complexe sur le plan spectral que les environnements terrestres.
Le milieu de vie des serpents de mer aurait donc été le moteur de cette évolution vers une meilleure vision des couleurs. Cette mutation aurait eu lieu au cours des cinq derniers millions d’années. Selon les chercheurs, la diversification des gènes clés de l’opsine indique très probablement que ces serpents de mer élargissent leur répertoire d’opsines, et donc de couleurs perceptibles.
Toutefois, il est tout à fait possible que, bien que ces gènes soient présents dans leur génome, ils ne soient pas exprimés dans l’œil. Ils seraient finalement non fonctionnels. “Il faut à présent vérifier l’expression de ces gènes dans la rétine”, envisage Isaac Rosetto. Il serait également intéressant d’effectuer des tests comportementaux sur la perception visuelle des serpents de mer afin de déterminer l’étendue de la palette de couleurs qu’ils perçoivent.
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