Le monstre de Tully demeure toujours un animal inclassable

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Le monstre de Tully demeure toujours un animal inclassable
Le monstre de Tully demeure toujours un animal inclassable

Africa-Press – Djibouti. Un gros ver ? Un poisson bizarre ? Et pourquoi pas.. un extraterrestre ? Toutes les hypothèses ont été envisagées pour définir ce drôle d’animal ! Le monstre de Tully (Tullimonstrum Gregarium gregarium) vivait il y a 307 à 309 millions d’années. On a retrouvé sa trace uniquement dans la formation de Mazon Creek, dans le comté de Grundy, en Illinois. Ce site est célèbre pour contenir de nombreux fossiles d’animaux à corps mous. De nombreux spécimens du monstre de Tully y ont été retrouvés (plusieurs milliers en fait) suite au premier d’entre-eux, extirpé du sol par le paléontologue amateur Francis Tully. L’animal, avec son aspect bizarroïde, a vite gagné en popularité au point de devenir l’un des symboles de l’Illinois.

70 ans d’interrogations avec le monstre de Tully

Même si sa découverte remonte à 1958 et sa première description scientifique à 1966, la position phylogénique du monstre de Tully n’a jamais vraiment été claire : sur la base de ses caractéristiques morphologiques, il a tantôt été assimilé à un ver, à un mollusque, à un arthropode ou à un conodonte. En 2016, un groupe de scientifiques aux États-Unis a proposé une hypothèse selon laquelle le monstre de Tully était un vertébré, une sorte de poisson primitif. Si tel était le cas, il pourrait s’agir d’une pièce manquante du puzzle de l’évolution des vertébrés. Cette théorie a été battue en brèche quelques années plus tard : une nouvelle étude le renvoyait à l’embranchement des invertébrés. Retour à la case départ, le monstre de Tully reste toujours mystérieux !

En 2023, c’est au tour d’une équipe de l’Université de Tokyo de tenter une identification. Les chercheurs ont étudié plus de 150 monstres de Tully fossilisés et plus de 70 autres fossiles d’animaux variés provenant de Mazon Creek. Ils ont pour cela utilisé un scanner laser 3D ainsi que la micro-tomographie par rayons X, notamment pour analyser le drôle d’organe en avant du corps assimilé à une trompe. Selon les chercheurs, qui publient leurs résultats dans la revue Palaeontology, les données 3D ont montré que les caractéristiques précédemment utilisées pour identifier le monstre de Tully en tant que vertébré n’étaient pas réellement cohérentes avec celles des vertébrés.

Souvent utilisées pour étudier les empreintes de dinosaures, ces cartes de profondeur à code couleur ont permis aux chercheurs d’étudier en profondeur la structure du monstre de Tully et d’autres fossiles de Mazon Creek. Crédit : Tomoyuki Mikami.

Identification toujours impossible

Ce n’est pas pour autant que sa position dans l’arbre de la vie est mieux définie : il faut toujours déterminer à quel groupe d’organismes il appartient. Ce pourrait être un chordé non vertébré (comme certains poissons disparus) ou une sorte de protostomien (un groupe diversifié d’animaux comprenant les insectes, les vers ronds, les vers de terre et des escargots) avec une morphologie radicalement modifiée. De plus l’étude est déjà remise en cause par les auteurs de celle de 2016 qui estiment que ces nouveaux résultats n’invalident pas leur hypothèse d’un animal vertébré. Le mystère du monstre de Tully est donc loin d’être résolu…

L’animal évoluait probablement dans des eaux peu profondes et ses yeux et ses dents indiquent qu’il s’agissait d’un prédateur. Outre sa position phylogénétique, il sera difficile d’en savoir plus sur son mode de vie car ce type de fossile n’a été retrouvé que sur le site de Mazon Creek qui regroupe des fossiles ayant vécu sur une période s’étalant sur environ 300 millions d’années. Sans d’autres découvertes, il sera impossible de savoir quand cet animal est apparu et quand son espèce s’est éteinte.

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