Africa-Press – Djibouti. C’est une initiative qui ne laisse guère indifférent Par son originalité. Par le vide abyssal, ou presque, qu’elle a vocation à combler. Malgré la faiblesse des moyens dont elle dispose aujourd’hui et l’ampleur des besoins auxquels elle est appelée à répondre, l’unité de police en charge de la préservation de l’environnement et du reboisement des zones urbaines est à pied d’œuvre, luttant tant bien que mal et chaque jour que Dieu fait contre une désertification inexorable dont les effets sont aussi durement ressentis à Djibouti-ville et ses environs que la détérioration galopante de l’environnement. Un cocktail explosif. Ou plus exactement une menace directe sur le bien-être des habitants, qui plus est interdit l’idée même d’un renforcement de l’attractivité de l’espace urbain.
Créée il y a un peu plus d’une année à l’initiative du directeur général de la Police nationale, le colonel Abdourahman Ali Kahin, cette nouvelle unité fonctionne comme une entité autonome, du moins en apparence. Hormis la mention Police sur leurs gilets fluorescents, on peine à reconnaître des policiers dans cette armée d’ouvriers que l’astre solaire, en se levant, surprend cinq jours sur sept en train de travailler la terre le long de la route reliant l’académie de police Idriss Farah Abaneh au centre-ville, creusant, coupant, semant, arrosant… Oui, on peine à reconnaître des véhicules de police dans ces camions-citernes, ces bulldozers ou ces pick-up entièrement repeints en vert et blanc.
Loin de se cantonner aux abords de ce seul axe routier, les hommes de l’unité, comme aime à le répéter leur commandant en chef avec une pointe de fierté, ont aussi pour habitude de débarquer aux premières heures du jour dans les artères principales de la capitale où leur action de reboisement a nettement porté ses fruits. Car les résultats sont palpables. Visibles de près ou de loin. Du Héron à Eingueila en passant par Ambouli, ou encore la route desservant l’aéroport international de Djibouti, le travail des forces de police chargées de combattre la dégradation de l’environnement et la désertification a complètement transformé plusieurs ronds-points. Des espaces de vie au milieu d’une végétation luxuriante taillée avec soin ont poussé là où, il y a peu encore, il n’y avait que détritus, bois mort et poussière montant en spirale vers un ciel morne. Ce décor quelque peu désolant relève à présent d’un lointain souvenir pour le Djiboutien lambda qui, s’il ne le regrette pas, ne cache toutefois pas ses craintes quant à un retour en arrière toujours possible. « Dans un combat comme celui que nous menons ici, la moindre trêve devient une entrave, un obstacle de taille. Car les mêmes causes finiront par produire les mêmes effets. C’est pourquoi nous nous battons sans relâche », confie un membre de l’unité.
Un bref passage en revue des réalisations de l’unité chargée de la lutte contre la détérioration de l’environnement et de la désertification au sein de la police nationale conduit à constater que la route de Venise est de loin l’endroit où celle-ci a concentré ses efforts. Cela s’explique: les cortèges officiels longent souvent cette voie, conduisant les grands de ce monde jusqu’au palais du front de mer où ils sont reçus par le président Ismail Omar Guelleh. Ce n’est pas tout. Avec l’explosion du trafic routier, la route de Venise est devenue au fil des ans l’une des voies les plus fréquentées de Djibouti-ville. Au même titre que la RN1 dont les abords ensoleillés font comprendre aux hommes de l’unité qu’ils ont du pain sur la planche.
Le plus surprenant, c’est qu’ils se disent prêts à affronter ce vaste chantier avec une détermination encore plus grande. Comme si leur présence quotidienne sur la voie publique leur avait donné l’occasion d’exercer autrement l’autorité dont ils sont les dépositaires. Une chose est sûre: le travail remarquable accompli sur le terrain par l’unité a ressoudé le lien avec la population.
« J’ai pleinement confiance en ces hommes. Pourvu qu’on leur donne tous les équipements dont ils ont besoin, leur action, j’en suis profondément convaincue, va contribuer à améliorer la qualité de la vie dans le cadre urbain. La population n’en demande pas mieux », martèle Halimo A., 54 ans, assise derrière sa table de vendeuse de khat, à quelques encablures du port de Djibouti. A dire vrai, Halimo est loin d’être un cas isolé. Voyant ces hommes à la besogne, nombre d’automobilistes préfèrent s’arrêter, qui pour leur apporter une bouteille d’eau fraîche, qui pour leur transmettre de vive voix un message d’encouragements… L’homme à la tête de l’unité se dit particulièrement sensible à ces gestes qui vont droit au cœur. « C’est justement cela qui, dit-il, nous donne l’envie d’intensifier nos efforts. D’aller encore plus loin. Toujours plus loin. »
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