Africa-Press – Djibouti. A l’instar du personnage biblique, certaines personnes aimeraient sauver tous les animaux de la Terre. Mais parfois ce désir, louable à l’origine, se mue en une pathologie destructrice pour les chiens et les chats – et même parfois d’autres espèces – qui croisent le chemin de pareils individus.
Ainsi, de tristes faits divers sont régulièrement mentionnés dans les médias. Le 4 juillet 2023, La Dépêche du Midi a relaté le cas d’une femme de 73 ans, surnommée « la Brigitte Bardot locale », désormais poursuivie pour abandons d’animaux. « Une opération de sauvetage d’ampleur a été initiée par le Parquet de Castres, la gendarmerie et les associations de protection animale », relate le 5 juillet, la Fondation 30 Millions d’Amis.
Les autorités ont secouru, dans une maison à Montredon-Labessonnié (Tarn), une vingtaine de chats, une trentaine de chiens, cinq poules, quatre oiseaux, six cochons, 18 équidés, six chèvres et une brebis, la plupart dans un état pitoyable, voire entre la vie et la mort. Et près de 30 cadavres de chiens ont été découverts dans des congélateurs. La propriétaire est « vraisemblablement atteinte du syndrome de Noé », précise la Fondation 30 Millions d’Amis qui s’est constituée partie civile et qui a pris en charge des chiens.
Qu’est-ce que le syndrome de Noé ?
« Pour rester dans la métaphore du personnage de Noé, nous pourrions dire qu’une personne atteinte du syndrome de Noé récupère les animaux ‘pour les sauver du déluge de l’humanité’. Elle les récupère, les soigne et cela avec tous les types d’animaux. C’est un comportement presque addictif », expliquait à Sciences et Avenir le psychologue clinicien et auteur Philippe Hofman, en 2016.
Ce comportement peut trouver son origine dans l’histoire de vie des personnes atteintes. « De nombreuses personnes travaillant en refuge ont cette tendance mais cela est majoré chez les gens ayant un manque affectif qui date généralement de l’enfance, selon le psychologue. Ces personnes sont alors renvoyées inconsciemment à leur propre image d’enfant vulnérable et sensible en présence d’un animal abandonné qui a pu être maltraité. Cette envie d’aider l’autre se transforme alors en ‘pulsion de réparation' ». Cette pathologie serait relativement rare.
Syndrome de Noé : des conséquences potentiellement dévastatrices pour les animaux
Une attention, même débordante, pour ses animaux n’est pas un problème. Mais « si la pulsion est envahissante, on rentre alors dans le cadre de la pathologie », prévient Philippe Hofman. « Cela devient une sorte de sauvetage forcené de la misère animale pour combler des traumatismes personnels, explique-t-il. Ces personnes ont des pathologies psychiques variées et parfois délirantes. Elles ne supportent absolument pas de voir des animaux sensibles maltraités et/ou abandonnés. Elles ont alors une frénésie d’aide, ce qui cause un oubli de la réalité et des besoins vitaux de ceux qu’elles sont censées soutenir. Les animaux domestiques n’existent plus réellement, ils sont pris dans un système délirant d’accumulation et finissent entassés et malnutris ». Ils deviennent alors des victimes de maltraitances, parfois fatales.
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