Vous n’avez jamais eu le Covid-19 ? Peut-être portez-vous cette mutation génétique

23
Vous n'avez jamais eu le Covid-19 ? Peut-être portez-vous cette mutation génétique
Vous n'avez jamais eu le Covid-19 ? Peut-être portez-vous cette mutation génétique

Africa-Press – Djibouti. Pas de courbatures, pas de maux de gorge, pas de fièvre… Les mois de pandémie passent et certains d’entre nous semblent passer à travers les gouttes du SARS-CoV-2. Ces personnes qui affirment ne jamais avoir eu le Covid-19 sont surnommées les « never covider » ou les « jamais covidés. » Il n’existait jusqu’à présent aucun élément pour expliquer cette résistance naturelle au virus. Mais une équipe californienne vient de percer à jour le secret de ceux qui ne sont jamais tombés malades : ils sont porteurs d’une mutation qui leur permet d’être plus résistants face au Covid-19. Si la mutation suffit à rendre les symptômes inexistants, ces chanceux se font tout de même infecter par le virus, mais en silence. Des résultats publiés dans la revue Nature.

« Le gène HLA devait forcément jouer un rôle »

Jill Hollenbach, professeure d’immunogénétique à l’Université de Californie (Etats-Unis), a voulu percer le mystère de ces personnes qui affirment n’avoir jamais eu le Covid-19. Elle a décidé de se concentrer sur un gène en particulier pour tenter d’expliquer cette résistance. « On se disait que le gène HLA (de l’anglais « Human Leukocyte Antigen », ndlr) devait forcément jouer un rôle », explique-t-elle au congrès de l’European Federation for Immunogenetics. « Des variations sur HLA ont été associées à des dizaines de maladies et de pathologies, y compris les infections. Parmi la myriade de gènes impliqués dans la réponse immunitaire chez l’humain, les variations de HLA ont été parmi les plus largement associées aux infections virales. »

En temps normal, lorsqu’un virus entre dans une cellule, le gène HLA signale au système immunitaire que l’organisme est pris pour cible et enclenche une réaction en cascade. Les protéines du pathogène sont chargées sur des molécules aussi appelées HLA, car codées par le gène du même nom. Situées à la surface des globules blancs, elles vont permettre de conduire le pathogène jusqu’aux organes lymphoïdes (notamment les ganglions), où les signatures que sont ces protéines du pathogène vont être présentées aux lymphocytes T. Ces derniers lancent la réaction immunitaire, qui peut alors reconnaître les cellules étrangères et finalement les détruire.

Un contre-la-montre pour étudier les « jamais covidés »

L’équipe s’est alors lancée dans un contre-la-montre. En effet, une fois administré, le vaccin contre le Covid-19 arme le système immunitaire contre le virus. Il a donc fallu se concentrer sur une période antérieure à l’arrivée des vaccins afin d’être sûr de trouver des sujets véritablement résistants au Covid-19. Pour trouver des personnes porteuses d’une infection asymptomatique, les chercheurs californiens se sont servis d’une base de données de donneurs de moelle osseuse.

Les registres de moelle osseuse comprennent diverses caractéristiques génétiques des donneurs et notamment des données sur leur gène HLA. Parmi les 30.000 participants identifiés dans la base de données, 1400 ont eu un test Covid positif et 136 d’entre eux n’ont éprouvé aucun symptôme. En regardant le gène HLA de ces derniers, l’équipe du Pr Hollenbach a constaté qu’ils étaient bien porteurs d’une mutation.

Cette dernière leur donne deux fois plus de chances d’être asymptomatiques que les gens qui n’en ont pas. Mieux encore, ceux porteurs de deux copies de cette mutation avaient même 8 fois plus de chances de n’avoir aucun symptôme ! En tout, c’est environ 10% de la population qui serait porteuse de cette spécificité génétique.

Reconnaître le virus sans l’avoir croisé

Mais comment les porteurs de cette mutation sont-ils concrètement protégés ? En observant les lymphocytes T des personnes porteuses du variant protecteur, les scientifiques ont remarqué qu’ils étaient capables de reconnaître une molécule de SARS-CoV-2 sans jamais être entrés en contact avec l’une d’elles. La raison : ces personnes avaient croisé plus tôt dans leur vie d’autres coronavirus, responsables de simples maladies comme le rhume.

Ces coronavirus saisonniers ressemblent en partie au Covid-19. Plus précisément, certains sont composés des mêmes peptides que le virus du SARS-CoV-2. Les globules blancs, aussi appelés leucocytes, apprennent alors à se défendre contre ces portes d’entrées de coronavirus très similaires à celle du SARS-CoV-2. Au final, les patients porteurs de la mutation bénéficient d’une protection croisée. Lorsqu’ils rencontrent le Covid pour la première fois, le corps sait déjà si bien se défendre que l’infection n’est plus assez forte pour déclencher des symptômes. La maladie passe alors inaperçue et les patients se croient « jamais covidés ».

Finalement, les porteurs de la mutation HLA ne sont pas de vrais « never covider », puisque ces derniers ont donc bien été infectés par le SARS-CoV-2 mais sans montrer de symptômes. Ces résultats pourraient servir à la recherche vaccinale contre le Covid-19 : on pourrait imaginer un vaccin qui protège non seulement des formes sévères de la maladie – ce que font déjà ceux qui ont été mis sur le marché – mais qui permettrait aussi de réduire, voire de prévenir, les symptômes chez le malade.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here