Africa-Press – Gabon. Relégué par Darwin au rang des vestiges de l’évolution, l’appendice a longtemps été considéré comme inutile, voire dangereux en cas d’inflammation conduisant aux appendicites. Cependant, depuis, les études sur se petit bout d’organe se sont multipliées et on comprend aujourd’hui que notre appendice a toujours un rôle à jouer, en particulier au niveau immunitaire.
L’appendice est un petit bout d’organe sans importance. Une structure anatomique, vestige de l’évolution qui ne remplit plus sa fonction. C’est ainsi que Charles Darwin considérait l’appendice. Un témoignage de notre passé, de la même manière que les dents de sagesse ou le petit os du coccyx triangulaire (on avait une queue, il y a bien longtemps…). Inutile, voire même dangereux, l’appendice ; le couper n’est donc pas gênant. Certes, il faut traiter l’appendicite, mais en réalité, ce petit bout d’intestin a toujours un rôle à jouer, en particulier pour notre immunité.
Appendice, qui es-tu?
L’appendice iléo-cæcal (oui c’est son vrai nom) est une petite excroissance en forme de doigt du cæcum, c’est-à-dire la première partie du côlon, notre gros intestin. Bien qu’elle se trouve en position intestinale, cette poche de tissu ne joue aucun rôle dans l’élimination des déchets de la digestion.
Malgré sa petite taille et son apparente inutilité, il est en réalité apparu de nombreuses fois chez les mammifères au cours de l’évolution. De précédentes études ont ainsi montré que l’appendice apparaît pour la première fois chez les mammifères il y a au moins 80 millions d’années. En outre, cette structure anatomique a évolué au moins 16 fois de manière indépendante chez les mammifères. Des caractéristiques pour le moins étonnantes pour un petit bout d’organe jugé inutile.
L’humain n’est donc pas le seul mammifère à posséder cet appendice. On le retrouve chez des animaux aussi différents que les opossums, les wombats, les lapins ou les grands singes, comme les Orangs-outangs.
Mais alors, à quoi peut bien servir ce petit bout d’organe?
Un rôle pour notre système immunitaire
Dès 2007, une première équipe de scientifiques, menée par William Parker, pressentait que l’appendice était bien plus qu’un simple vestige de l’évolution. En réalité, il s’agirait d’un réservoir à bactéries. Là, vous vous dites peut-être: « raison de plus de le couper ! ». Mais non, car on parle plutôt de « bonnes » bactéries, nécessaires pour nos intestins. Celles qui nous aident à digérer les aliments.
Cette hypothèse de réservoir à bactéries a pu être validée aujourd’hui. Et les scientifique ont continué leurs investigations ; l’appendice jouerait aussi un rôle au niveau de l’immunité.
Ainsi, une équipe de scientifiques de l’Inserm et du Muséum National d’Histoire Naturelle a remarqué que la présence de l’appendice était corrélée à l’allongement de la longévité. On estime la longévité des animaux par rapport à leur poids. Plus un animal est lourd, plus sa longévité sera longue.
Ainsi, en comparant deux mammifères de même poids, un avec appendice et l’autre sans, les scientifiques ont observé que le mammifère présentant la petite poche iléo-cæcale avait une durée de vie plus longue que celui qui n’en avait pas.
Quel pourrait bien être le lien entre ce bout d’organe et la longévité? Tout serait lié au système immunitaire. Grâce à sa forme de sac, l’appendice favorise la constitution d’un « sanctuaire bactérien » sélectif. Il aide ainsi à la recolonisation rapide des espèces bactériennes en cas d’élimination de ces dernières par une maladie.
Les animaux avec un appendice auraient donc un taux de mortalité moindre.
En outre, cet organe présente une concentration importante en tissus lymphoïdes. Concrètement, il continent des cellules immunitaires, les lymphocytes, qui sont utiles pour la coordination de la réponse intestinale aux attaques de microbes pathogènes.
Un appendice qui protègerait contre les diarrhées infectieuses
Dans ce rôle d’immunité, l’appendice serait particulièrement intéressant pour protéger contre les diarrhées infectieuses.
Les primates, y compris les humains, sont particulièrement touchés par ces maladies. Elles constituent la seconde cause de mortalité chez l’enfant humain entre 1 mois et 5 ans. En outre, on observe un risque accru de survenu de ces diarrhées chez les patients n’ayant plus d’appendice, bien qu’on n’ait pas encore établi de lien direct.
Les scientifiques ont donc voulu savoir si l’appendice pouvait effectivement protéger contre les diarrhées infectieuses. Pour cela, ils ont étudié les dossiers vétérinaires de plus de 1200 primates d’espèces différentes. Certaines possèdent un appendice, d’autres non.
Ils ont ainsi observé que les primates présentant un appendice avait une fréquence d’apparition des diarrhées assez faibles (85% de moins que ceux n’ayant pas d’appendice). En outre, les cas sévères sont beaucoup moins fréquents.
L’appendice aurait donc effectivement un rôle protecteur contre les diarrhées infectieuses chez les primates.
Cela pourrait être une des raisons au fait que cet organe ait été si souvent sélectionné par l’évolution.
Un organe qui protège… mais que dire de l’appendicite?
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