Pierre Mwegaya Blanchi Après Huit Ans de Prison

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Pierre Mwegaya Blanchi Après Huit Ans de Prison
Pierre Mwegaya Blanchi Après Huit Ans de Prison

Africa-Press – Gabon. Accusé du meurtre de Guy Pambo et incarcéré durant huit longues années à la prison centrale de Port-Gentil, Pierre Mwegaya a été acquitté par la Cour criminelle à l’issue d’un procès marqué par des témoignages contradictoires, des preuves lacunaires et une défense acharnée. Le verdict met fin à une affaire aussi tragique que confuse, où le doute aura finalement prévalu sur l’accusation.

Huit années derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis. Ce vendredi 18 juillet, la Cour criminelle de Port-Gentil a rendu une décision lourde de sens en prononçant l’acquittement de Pierre Mwegaya, un homme d’une cinquantaine d’années, accusé depuis 2017 du meurtre de Guy Pambo. Une décision qui vient clore une longue tragédie judiciaire entamée en décembre 2013, dans le village d’Atongowanga, province de l’Ogooué-Maritime.

Un corps introuvable, une découverte fortuite, une enquête chaotique

Le 3 décembre 2013, Guy Pambo disparaît sans laisser de trace. Alertés, les gendarmes du département d’Étimboué engagent des recherches, en vain. Ni la famille, ni les forces de sécurité, ni les proches ne parviennent à retrouver le moindre indice. Ce n’est que plusieurs mois plus tard, au cours d’une partie de chasse, que le frère du disparu, Marcelin Nzabounga, et un certain Clovis, font une découverte macabre: un crâne humain, des ossements épars, une machette, un sac vide pour le riz et un étui à couteau, en pleine forêt.

Saisis d’effroi, les deux hommes rapportent leur trouvaille au chef de village, qui, en présence de l’auxiliaire de commandement, émet l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de Guy Pambo. L’affaire rebondit alors. Une plainte est déposée auprès de la Police judiciaire de Port-Gentil. L’enquête mène à Pierre Mwegaya, arrêté le 27 juillet 2017 et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Port-Gentil.

Aveux, rétractations et contradictions

D’après le procès-verbal d’interpellation, Pierre Mwegaya aurait d’abord reconnu avoir poignardé la victime lors d’une altercation, avant de se rétracter fermement. L’enquête s’embrouille. L’instruction judiciaire fait apparaître des témoignages troubles. Les membres de sa propre famille – père, mère, frères et sœurs – avouent devant le magistrat instructeur avoir menti dans leurs premières déclarations. Ils seront inculpés pour fausses déclarations.

Interrogés de nouveau, ils accusent cette fois leur parent d’avoir tué Guy Pambo avant de dissimuler le corps dans la forêt. Mais un autre témoin, Eugène Mbina, affirme avoir croisé l’accusé le 13 décembre 2013, soit dix jours après la disparition. Ce témoignage fragilise davantage l’accusation.

Une défense résolue, une justice prudente

À la barre, vendredi 18 juillet, Pierre Mwegaya maintient son innocence. Il affirme avoir été à Opando avec son cousin au moment des faits, un cousin dont le témoignage ne sera jamais versé au dossier. Il évoque aussi la présence de ses enfants à Omboué, alors en période scolaire, pour corroborer sa version.

Malgré les réquisitions du ministère public, qui demandait 30 ans de réclusion criminelle et 10 millions de francs CFA d’amende, la défense, conduite avec brio par Me Élie Misssou, plaide non coupable. À titre subsidiaire, elle invoque le bénéfice du doute.

Ultime à prendre la parole, Pierre Mwegaya implore la Cour de ne pas briser davantage sa vie. La juridiction le suivra. Considérant les incertitudes persistantes, les contradictions des témoins, l’absence de preuve formelle, la Cour criminelle déclare Pierre Mwegaya non coupable. Après huit ans de détention, il est enfin libre.

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