Oligui Nguema Annonce La Fin De La Récréation

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Oligui Nguema Annonce La Fin De La Récréation
Oligui Nguema Annonce La Fin De La Récréation

Africa-Press – Gabon. Corruption endémique, gabegie financière, bâtiments publics squattés, surfacturations électriques de près de 85 milliards de francs CFA: le président Oligui Nguema a fait exploser la bulle des dysfonctionnements lors du Conseil des ministres du 4 décembre. Dans un réquisitoire implacable, le Chef de l’État a annoncé la fin de l’impunité et déployé un arsenal de mesures radicales pour assainir les finances publiques. Désormais, chaque franc mal géré sera traqué, chaque dérive sanctionnée «de manière immédiate et exemplaire».

Le Conseil des ministres du 4 décembre 2025 pourrait faire office de tournant dans la gouvernance post-transition. Face aux ministres réunis au Palais présidentiel, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a dressé un constat sans concession et annoncé des mesures de rigueur budgétaire inédites, appuyées par des audits révélateurs d’importants dysfonctionnements dans la gestion des deniers publics.

Un réquisitoire présidentiel contre la médiocrité

Le ton était donné dès l’ouverture. Le Chef de l’État a déploré que les efforts ne convergent pas suffisamment vers la refondation nationale promise depuis le 30 août 2023. Son message était direct: aussi longtemps que la corruption continuera de miner les administrations et que certains détourneront la fonction publique au profit d’intérêts personnels, et tant que la logique de clan ou d’avantage particulier prévaudra sur l’intérêt national érigé en principe par les Pères fondateurs, la mise en œuvre des projets structurants demeurera compromise.

L’avertissement qui a suivi a certainement glacé l’assistance: toute dérive ou compromission sera sanctionnée de manière immédiate et exemplaire. Le président a néanmoins réaffirmé sa pleine confiance dans les capacités du peuple gabonais et dans la valeur intrinsèque de l’homme gabonais, posant ainsi les jalons d’une gouvernance exigeante mais bienveillante.

Le Chef de l’État n’a pas épargné les ministres démissionnaires dont les cabinets refusent de transmettre les dossiers lors des intérims. Il a rappelé avec fermeté le principe de continuité de l’État ainsi que l’impersonnalité des fonctions ministérielles, ordonnant la cessation immédiate de ces pratiques qui entravent le bon fonctionnement des services publics.

Digitalisation et nouvelle fiscalité pour sauver les finances

Face aux marges budgétaires réduites par l’endettement, le gouvernement va accélérer la digitalisation de la collecte des recettes. Le Système intégré de gestion des finances publiques devient la priorité absolue, qualifié de «véritable colonne vertébrale de la modernisation et de la dématérialisation de l’action publique». Il vise à instaurer une chaîne de gestion entièrement dématérialisée, plus efficiente, plus transparente et strictement alignée sur les impératifs de soutenabilité des finances publiques.

L’élargissement de l’assiette fiscale passe par l’instauration d’une taxe forfaitaire d’habitation applicable à tous les logements dès 2026, conformément au pacte fiscal républicain visant à renforcer l’équité contributive. Prélevée mensuellement via les factures d’électricité avec la SEEG comme collecteur, cette taxe devrait rapporter 2,8 milliards de francs CFA. Les zones rurales sont exemptées dans la première phase.

Parallèlement, le Conseil a réaffirmé la rationalisation de la dépense publique en limitant à trois les conseils d’administration annuels pour les services publics personnalisés et autorités administratives indépendantes, tout en plafonnant strictement les jetons de présence.

Des audits accablants sur la gestion du patrimoine

Les révélations sur les engagements locatifs de l’État ont sidéré l’opinion à la lecture du communiqué final du Conseil des ministres. Sur 91 baux analysés représentant 24,7 milliards de francs CFA annuels, 24 concernent des bâtiments vétustes et inoccupés pour 2,3 milliards de francs CFA, tandis que 67 contrats présentent des manquements fiscaux induisant un préjudice de 3 milliards de francs CFA.

Plus inquiétant encore, l’analyse des consommations électriques a mis en évidence des irrégularités majeures avec une augmentation cumulée anormale de 84,7 milliards de francs CFA, révélant l’absence totale de contrôle des facturations SEEG. Le recensement du patrimoine immobilier a également démontré que 128 parcelles de l’État sont occupées illégalement et que 37% du parc bâti public est vétuste.

Fort de cet état des choses, le Conseil a décidé des mesures correctives immédiates incluant la résiliation ou renégociation des baux, la régularisation fiscale et le recouvrement des montants dus, avec une économie potentielle de 8,3 milliards de francs CFA. L’audit sera étendu à l’ensemble du territoire national. Le message est clair: l’ère de la gestion approximative est révolue.

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