Le Mvet Oyeng: Épopée Ekang au Patrimoine Immatériel

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Le Mvet Oyeng: Épopée Ekang au Patrimoine Immatériel
Le Mvet Oyeng: Épopée Ekang au Patrimoine Immatériel

Africa-Press – Gabon. Le Mvet Oyeng, art musical, rituel et narratif emblématique de la communauté Ekang au Gabon, vient d’être inscrit mercredi 10 décembre 2025 sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Ce succès marque la reconnaissance internationale de l’une des plus anciennes traditions orales d’Afrique centrale et la première entrée pour le Gabon sur cette prestigieuse liste.

Le Mvet Oyeng est bien plus qu’une simple performance ; il constitue un art total et un héritage oral complexe. Le terme englobe à la fois les récits épiques chantés, le conteur-musicien qui les exécute, l’instrument à cordes traditionnel qu’il utilise, et la performance collective elle-même. Ancré profondément au sein de la communauté Ekang, cet art se distingue par la participation active du public. Celui-ci ne fait pas qu’assister: il rythme la narration par des chants, des battements de mains, l’usage de baguettes, et un dialogue direct et essentiel avec le maître-conteur. De plus, la pratique se décline en deux formes pour répondre aux besoins communautaires. La version sacrée est réservée aux événements majeurs et se transmet dans le cadre d’une initiation stricte, tandis que la forme populaire se veut plus souple et accessible, fréquemment exécutée lors de célébrations publiques ou de spectacles contemporains. Notons que les femmes peuvent exceller en tant que conteuses, en particulier dans cette version populaire, même si elles ne sont traditionnellement pas associées à la fabrication ou à la pratique instrumentale.

Transmission et rôle social

Loin d’être figé, le Mvet Oyeng est une tradition vivante dont la transmission s’opère de manière informelle, s’appuyant sur des rituels et un apprentissage pratique. Cette pratique implique de nombreux acteurs, allant des artistes aux sponsors qui organisent les événements, sans oublier les artisans essentiels qui fabriquent les instruments.

Quant à son rôle sociétal, le Mvet Oyeng agit comme un pilier de la cohésion, assurant la pérennité de l’histoire locale, de la langue et des valeurs fondamentales des Ekang. Il encourage activement des vertus communautaires, telles que le respect, la justice, la coopération et la paix. Par son caractère narratif et dialogique, cet art contribue également à la résolution des conflits, renforce les liens sociaux et assure la préservation de l’identité et de la mémoire partagée du peuple Ekang.

Une reconnaissance longuement attendue

L’inscription de cet élément sur la Liste représentative de l’humanité est le résultat d’un effort collectif mené par le Gabon, en collaboration étroite avec le Cameroun et le Congo. Pour le Gabon, cette reconnaissance revêt une dimension hautement symbolique, car elle marque l’entrée de son tout premier élément culturel sur la prestigieuse liste de l’UNESCO.

Chez nos confrères de Gabon 24, André Jacques Augand, l’ancien ministre de la Culture et des Arts qui avait introduit le dossier en mars 2024, n’a pas caché son émotion suite à l’annonce. Il a salué un «aboutissement attendu depuis sept ans, fruit d’un travail constant, parfois éprouvant, mais toujours animé par la conviction que cette tradition méritait une place dans le patrimoine mondial». L’ancien ministre a tenu à rendre un hommage appuyé aux maîtres du Mvet, aux communautés Ekang, aux chercheurs et à toutes les équipes mobilisées, rappelant avec force que ce succès est avant tout «porté par l’amour de notre culture». Il a insisté sur le fait que le Mvet Oyeng est bien plus qu’une pratique artistique: il constitue une mémoire vivante, un souffle transmis de génération en génération.

Ainsi, avec cette reconnaissance, le Gabon, le Cameroun et le Congo franchissent une étape historique dans la préservation et la valorisation de cet art ancestral. Cette inscription par l’UNESCO assure une visibilité mondiale au Mvet Oyeng, consolidant la fierté nationale et régionale des peuples Ekang. Désormais partagé avec le monde entier, cet héritage continuera de nourrir leur identité culturelle et leur mémoire collective pour les générations à venir.

Thécia Nyomba (Stagiaire)

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