entre l’opposition et les Bongo, le cœur des Maganga Moussavou balance

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Gabon : entre l’opposition et les Bongo, le cœur des Maganga Moussavou balance
Gabon : entre l’opposition et les Bongo, le cœur des Maganga Moussavou balance

Africa-PressGabon. D’un côté, on a le père, l’opposant Pierre-Claver Maganga Moussavou. De l’autre, le fils, ministre de l’Agriculture, qui vient de rallier le parti au pouvoir. « Jeune Afrique » s’est penché sur les raisons de leur discorde.

Cela aurait pu être une réunion comme les autres pour le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). Mais au siège régional de la formation situé à Mouila, dans la Ngounié, un participant attire les regards ce 12 septembre. Ce « camarade » qui s’installe aux côtés du secrétaire national, Emmanuel Biye, et de la présidente du Sénat, Lucie Milebou Aubusson, c’est Biendi Maganga Moussavou.

Ministre de l’Agriculture, il est le fils de Pierre-Claver Maganga Moussavou, l’opposant et fondateur du Parti social démocrate (PSD). Et ce 12 septembre, Biendi Maganga Moussavou vient officialiser son « adhésion » et « son engagement à participer pleinement à la vie » du parti présidentiel.

Ce ralliement doit-il étonner ? Ministre depuis octobre 2016 et la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba, Biendi Maganga Moussavou, banquier de formation, est un ami du fils du président, Noureddin Bongo Valentin, qui est depuis décembre dernier le coordinateur général des affaires présidentielles au palais du Bord de mer.

Les deux hommes, issus de la même génération, se sont côtoyés lorsque le premier dirigeait le ministère de l’Agriculture et que le second était le bras droit de Gagan Gupta, le patron d’Olam en terres gabonaises. Des liens familiaux se sont même tissés puisque Biendi Maganga Moussavou a épousé, le 22 août dernier, à la Pointe-Denis, Ali Maeva Bongo Ondimba.

Demi-sœur du chef de l’État, cette dernière est la fille de Gisèle Moubelet et de l’ancien président Omar Bongo Ondimba, et la nièce, donc, de Pacôme Moubelet Boubeya, l’actuel ministre des Affaires étrangères du Gabon. Ali Maeva Bongo Ondimba, réputée discrète, a notamment été conseillère juridique au palais du Bord de mer.

Après avoir échoué fin 2018 à prendre la mairie d’Akanda (laquelle sera gagnée par Grégory Laccruche Alihanga), elle a été nommée au début de l’année suivante à la tête de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa), une organisation placée sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, autrement dit de Biendi Maganga Moussavou.

Le fils de Pierre-Claver Maganga Moussavou et d’Albertine Maganga Moussavou, députée et vice-présidente du PSD, constitue une prise de choix pour le PDG, en quête d’une image rajeunie. En mars dernier, un autre « jeune loup », Marc Logan Tchango, fils du maire de Port-Gentil, l’avait également rejoint.

Marc Logan Tchango, aujourd’hui conseiller du chef de l’État, partage en outre sa vie avec Yacine Queenie Bongo Ondimba. Autre demi-sœur du président, celle-ci est la fille d’Omar Bongo Ondimba et de la défunte Edith Lucie Bongo Ondimba. Elle est aussi la petite-fille du président congolais Denis Sassou Nguesso.

« Comme Brice Laccruche Alihanga l’avait fait avant lui, Noureddin Bongo Valentin fait entrer ses hommes au PDG », remarque un connaisseur du parti. Début 2020, deux autres de ses proches y avaient été nommés conseillers : Jessye Ella Ekogha, le porte-parole de la présidence, et Mohamed Ali Saliou, directeur de cabinet adjoint du chef de l’État.

Contacté par Jeune Afrique, Pierre-Claver Maganga Moussavou se refuse à commenter l’adhésion de son fils au PDG. « Il fait ses choix. Sont-ils pertinents ? Cela m’indiffère. » L’ancien vice-président de la République assure que Biendi Maganga Moussavou n’a pas encore démissionné de son poste de conseiller municipal, qu’il exerce au nom du PSD à Guietsou, dans la Ngounié.

« On a toujours essayé de me déstabiliser. Je ne vais pas m’abaisser au niveau de mes adversaires », ajoute Pierre-Claver Maganga Moussavou, qui affirme que son parti et ses soutiens restent « sereins » et travaillent pour une « opposition de proposition ». « Quand un fou vole vos vêtements au bord de la rivière, vous ne le pourchassez pas nu jusqu’au village. Vous auriez l’air de deux fous », philosophe-t-il.

Une affaire loin d’être anodine Certains militants ne semblent pourtant pas aussi « sereins ». Sur la page Facebook du président du PSD, laquelle est gérée par des collaborateurs, la décision de Biendi Maganga Moussavou a provoqué de la colère. « S’il n’a pas compris que tourner le dos au parti politique de son géniteur, c’est se renier soi-même, alors il n’est pas un politique », expliquent les mécontents.

L’affaire n’est pas anodine pour le PSD puisqu’en août dernier, André Ella, l’ex-maire de Ntoum, dans l’Estuaire, avait quitté le parti pour rejoindre, lui aussi, les rangs de son ancien parti, le PDG.

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