J’accuse !

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J’accuse !
J’accuse !

Africa-Press – Gabon. Malgré la poursuite des recherches, le miracle n’aura plus lieu. 37 gabonais seront donc morts dans le naufrage de l’Esther Miracle. Une hécatombe, estime Abslow. Du fait d’être morts à seulement 30 m de profondeur et à 20 mn à vol d’oiseau de la capitale du Gabon ; du fait d’être morts en conséquence d’une série de négligences assimilables à de l’incompétence, le chroniqueur de GabonReview a retenu huit (8) chefs d’accusation contre l’État gabonais. Entre larmes et colère, le blues d’un enfant du Gabon.

Nous avons connu bien des catastrophes dans ce pays mais jamais un accident aussi mortifère n’avait autant choqué et traumatisé les Gabonais que le naufrage de ce vieux rafiot qui a emporté avec lui un nombre encore indéterminé de nos compatriotes. La tragédie de l’Esther Miracle, ce bateau mal nommé qui endeuille durablement la nation gabonaise doit être l’occasion d’une nouvelle renaissance.

Ce navire marchand, ou bateau cargo, devenu par la faute d’un État et son gouvernement, convaincus de laxisme, un bateau cimetière pour de nombreux Gabonais, repose désormais à 30 mètres de profondeur dans l’océan Atlantique, à seulement quelques 20 minutes de Libreville à vol d’oiseau. Il hantera longtemps encore les pensées des Gabonais, tant il conservera dans son abîme éternel, les secrets de morts multiples et douloureuses de nos compatriotes.

Seulement 30 mètres de profondeur et 20 minutes à vol d’oiseau, sont les deux seuls paramètres que retiendra en définitive l’opinion nationale et internationale, comme ayant été deux équations impossibles que notre beau pays le Gabon, gorgé de tant de richesses naturelles et de tant de ressources humaines enviables, a été incapable de résoudre pour sauver la vie de ses enfants pris au piège d’un destin tragique.

Le bilan officiel mais toujours provisoire parle de 21 morts et de 16 disparus. À 9 jours de la survenue du drame, chaque Gabonais peut hélas, le sang dans les yeux et la mort dans l’âme, se résoudre à admettre que ces recherchés sont désormais des victimes et que le terme «disparus» que l’on s’obstine encore à employer, n’est plus qu’un hypothétique espoir. Le miracle n’aura plus lieu. 37 gabonais seront morts. Une hécatombe.

C’est d’autant plus révoltant que ces Gabonais sont morts inutilement et le deuil national anticipé qui s’achève déjà, sera pourtant encore long et douloureux. Et pendant que nous porterons ce deuil dans la conscience individuelle et collective, il faudra toujours se rappeler pourquoi ces compatriotes, dont on ne saura d’ailleurs jamais l’identité réelle pour la plupart d’entre eux, sont morts. Parce qu’il est établi qu’ils sont morts de multiples négligences assimilables à des incompétences.

Il faudra pourtant bien cerner et nommer ces négligences pour espérer les réparer. D’abord pour dire clairement pourquoi et de quoi sont morts nos compatriotes ? Au-delà et avant tout autre prétexte pour trouver des boucs émissaires, il faut admettre qu’ls sont morts par le fait de l’état et du gouvernement qui l’incarne. Oui, j’accuse l’Etat et son gouvernement devenus au fil des ans incapables d’assurer une offre de transport multimodal pour le peuple gabonais, d’être le seul coupable de ces morts.

J’accuse l’État et son gouvernement d’avoir ruiné en une seule décennie par leur incurie, la formidable avance que notre pays avait dans les domaines du transport aérien, terrestre, maritime et ferroviaire. J’accuse l’état et son gouvernement d’avoir mis à mort Air Gabon, la seule compagnie aérienne autant pavillon Gabon et qui était le fleuron et le fer de lance de l’aviation civile en Afrique noire, condamnant les Gabonais à faire la fortune des actionnaires des compagnies privées, dont eux-mêmes.

J’accuse l’État et son gouvernement mercantile d’avoir abandonné sciemment le développement de nos infrastructures au premier rang desquelles la route. J’accuse l’Etat et son gouvernement d’avoir ainsi rendu accidentogène le transport terrestre en laissant gravement se dégrader le réseau routier national, provincial, départemental et communal, sur toute l’étendue du territoire, condamnant les Gabonais à souffrir et mourir quotidiennement sur des routes devenues celles de l’impossible.

J’accuse l’État et son gouvernement d’avoir bradé aux lobbys étrangers notre chemin de fer dont l’Octra, autrefois, était l’une des plus belles vitrines en Afrique, hissant haut notre drapeau pour revendiquer fièrement un patrimoine chèrement acquis et qui participait grandement de l’affirmation de notre souveraineté nationale. Par leur fait, le chemin de fer Transgabonais n’est plus qu’un long calvaire pour les gabonais qui y risquent leur vie chaque fois que le train s’ébranle.

J’accuse enfin l’État et son gouvernement d’avoir parachevé leur œuvre de sabotage et de saccage de notre patrimoine national bâti dans la douleur et au prix des sacrifices de notre peuple. J’accuse l’État et son gouvernement d’avoir laissé mourir la CNNI à petit feu et couronné la liquidation du secteur du transport par celle enfin du transport maritime à travers le naufrage de l’Esther Miracle qui consacre définitivement leur incompétence, leur inconséquence et leur inconscience.

Abslowment vrai !

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