Estelle Maussion
Africa-Press – Gabon. Dotée de 800 millions de dollars, une plateforme commune du bailleur de la Banque mondiale et du géant marocain des phosphates doit encourager l’essor du financement de l’agriculture continentale.
Une enveloppe de 800 millions de dollars (environ 750 millions d’euros) et une stratégie centrée sur les chaînes de valeur. Ce sont les deux composantes clés de la plateforme annoncée, en marge des dernières assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) organisées à Marrakech, au Maroc, à la mi-octobre, par ses deux promoteurs, IFC, la filiale de la BM consacrée au secteur privé, et OCP, le géant marocain des phosphates dirigé par Mostafa Terrab.
Son objectif : faciliter le financement de projets et d’acteurs agricoles afin de consolider les systèmes de production et de distribution alimentaires du continent. L’ensemble des projets doivent permettre de renforcer les compétences locales et la création d’emplois, gage d’une plus grande résilience de l’agriculture africaine.
Complémentarité
Dans le détail, il s’agit de renforcer 30 filières agricoles, à fort impact en matière de souveraineté alimentaire et/ou au fort potentiel de croissance, à travers 60 opérations de financement d’ici à 2023.
« Cette plateforme se démarque des autres initiatives par son approche par chaîne de valeur, la complémentarité de ses promoteurs et la capacité à concevoir des interventions coordonnées et à organiser la mobilisation de capitaux nécessaires – concessionnels ou non – à leur réalisation », explique Jean Habay, passé par Capital One, Swicorp et CDC Group avant de rejoindre IFC en 2021 à Dakar pour suivre les sujets liés à l’agroalimentaire et l’agriculture.
Si IFC apporte son expertise sur le volet investissement et financement, le groupe OCP met en avant sa connaissance du terrain et notamment des chaînes de valeur locales, développée via sa filiale consacrée au continent, OCP Africa, qui commercialise les engrais du groupe tout en développant des services d’accompagnement des petits producteurs.
D’un point de vue pratique, la plateforme est déployée grâce à InnovX, un incubateur multisectoriel spécialisé dans les écosystèmes innovants et durables, lancé par l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), établissement d’enseignement supérieur privé créé en 2013 par la fondation OCP, qui constitue un des maillons de l’activité recherche, développement et innovation du groupe marocain.
Intrants, équipements, formations
« La plateforme concevra les initiatives et mobilisera les moyens humains et financiers pour les réaliser », indique Younes Addou, ancien d’Abraaj Capital et ex-vice-président finance d’OCP Africa, aujourd’hui vice-président agribusiness et développement durable d’InnovX.
Les fonds mobilisés doivent servir à répondre à des besoins en fonds de roulement, à financer des achats d’équipements ou d’intrants, à déployer des formations ou des programmes d’assistance technique ou encore à contribuer à structurer l’organisation de filières.
Avant son lancement officiel, la plateforme a fait ses armes à travers deux premiers projets, l’un mené en partenariat avec le groupe bancaire Bank of Africa pour financer l’acquisition d’engrais et d’intrants, l’autre déployé en Côte d’Ivoire sur les filières noix de cajou et riz. D’autres initiatives sont par ailleurs en préparation au Cameroun et au Gabon, entre autres.
Portefeuille de 840 millions de dollars
Ce mécanisme illustre la volonté d’IFC et d’OCP de muscler leur action dans le domaine agricole sur le continent ces dernières années. À la fin de 2022, le premier revendiquait un portefeuille d’investissement dans le secteur de 840 millions de dollars, ayant notamment soutenu (avec OCP Africa) l’essor des filières riz en Côte d’Ivoire et millet au Sénégal ainsi que plusieurs opérateurs privés, dont le producteur de volaille et d’aliment pour animaux éthiopien EthioChicken, le groupe agroalimentaire zambien Zambeef Products et le minotier et producteur d’engrais ougandais Grainpulse.
OCP, qui fait partie du top cinq mondial des producteurs d’engrais et est très actif en Afrique, multiplie les partenariats et projets destinés à faciliter l’accès aux intrants, à renforcer les filières agricoles et à contribuer à la sécurité alimentaire du continent.
Outre la mise à disposition d’engrais à prix réduit et l’octroi de dons en 2023, le groupe vient, par exemple, de signer à la mi-octobre un accord avec la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’est et australe (TDB) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) pour fluidifier les importations d’engrais par l’utilisation d’instrument de garanties des risques.
Source: JeuneAfrique
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