En Afrique de l’Ouest, pourquoi la croissance ne décolle pas

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En Afrique de l’Ouest, pourquoi la croissance ne décolle pas
En Afrique de l’Ouest, pourquoi la croissance ne décolle pas

Africa-Press – Gabon. La croissance de la plupart des pays de la zone a ralenti au cours de l’année écoulée. Pourtant, selon la BAD, certains, comme le Bénin, le Mali ou le Togo, tirent leur épingle du jeu.

Entre 2021 et 2022, le taux de croissance brut moyen du PIB a ralenti en Afrique de l’Ouest. Selon la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport « Perspectives en Afrique de l’Ouest 2023 », il est passé de 4,4% en 2021 à 3,8% en 2022. Un phénomène que la BAD attribue à une série de chocs.

L’institution cite l’essoufflement économique de la Chine au lendemain de la pandémie de Covid-19, la hausse du prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais provoquée par la guerre russo-ukrainienne, ainsi que les politiques monétaires restrictives adoptées par les États-Unis et l’UE. « Ces multiples facteurs ont considérablement fait monter les taux d’intérêt et alourdi le fardeau de la dette des pays africains », analyse Kevin Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances, à la BAD.

Le rebond malien

Des perspectives optimistes se dessinent malgré tout. Le PIB régional devrait, selon la BAD, connaître une légère augmentation et s’établir à 3,9 % en 2023 et à 4,2 % en 2024. Parmi les pays de la sous-région, le Bénin se distingue, avec une croissance soutenue, qui devrait atteindre 6,2% en 2023, puis 6% en 2024, portée par la vitalité des secteurs primaire, secondaire et tertiaire.

On s’attend à un rebond de l’économie malienne, avec une croissance estimée à 5,1% du PIB en 2023 et à 5,3% en 2024. Une tendance positive due à la reprise de la production de coton et à celle des activités extractives.

Au Togo, le PIB devrait se stabiliser à 4,9% en 2023, pour gagner en vigueur et atteindre 5,3 % en 2024, puis 5,5 % en 2025. Avec des prévisions de croissance de respectivement 4,5 % (contre 3,5 % en 2022) et 3,5 % (contre 2,8 % en 2022), la Guinée-Bissau et l’Angola maintiennent également une progression graduelle. Un voile d’incertitude plane cependant au-dessus du Niger, en raison de la crise politique en cours.

L’impact du changement climatique

Grâce à cette évolution relativement favorable, « l’Afrique peut mobiliser les ressources intérieures et les financements privés nécessaires pour faire sa transition et s’orienter vers une croissance verte », a estimé Kevin Urama lors de la présentation du rapport, en soulignant néanmoins qu’à ce jour « le financement climatique, en Afrique, reste insuffisant au regard de ses besoins annuels, évalués à 250 milliards de dollars jusqu’en 2030 ».

Pour rappel, entre 2019 et 2020, l’Afrique n’a reçu qu’environ 29,5 milliards de dollars pour lutter contre le réchauffement climatique. Et, durant cette même période, seulement 4,2 milliards de financements privés ont été mobilisés pour aider le continent à s’y adapter et à en atténuer les effets. Il s’agit du montant le plus faible accordé à une région du monde. Ainsi, les projections indiquent que l’apport du secteur privé au financement climatique en Afrique serait insuffisant : il manquerait jusqu’à 213,4 milliards de dollars pour la période 2020-2030.

Guy Blaise Nkamleu, économiste en chef pour l’Afrique de l’Ouest à la BAD, a, quant à lui, souligné qu’il est « urgent d’adopter des instruments innovants pour attirer les financements du secteur privé vers une croissance verte dans la région ».

Quatre des quinze pays de la zone — Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger — sont classés parmi les dix États du monde les plus vulnérables au changement du climat et aux risques environnementaux. Frappé de plein fouet par le réchauffement climatique, le continent subit en moyenne chaque année une baisse de 15% de son PIB par habitant. D’ici à l’an 2100, cette proportion s’élèvera à 7% du PIB continental, engendrant de lourdes conséquences économiques.

Source: JeuneAfrique.com

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