Africa-Press – Gabon. En septembre 2025, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a révélé un chiffre alarmant pour les perspectives énergétiques gabonaises: seuls 27,5% du domaine pétrolier national sont actuellement attribués à l’exploitation active. Près de 72% du territoire, notamment en offshore profond, reste inexploré. Face à ce potentiel inutilisé et au déclin continu de la production depuis 1999, le gouvernement gabonais lance une campagne d’exploration intensive avec ExxonMobil et TotalEnergies. L’objectif: inverser la tendance baissière et mettre en production de nouveaux gisements d’ici deux à trois ans, une ambition affichée lors de l’Africa Energy Week 2025.
Le déclin de la production pétrolière gabonaise constitue une préoccupation majeure pour l’économie nationale depuis près de trois décennies. En 1999, le Gabon produisait des niveaux significativement plus élevés de brut. Aujourd’hui, la production s’élève à environ 230 000 barils par jour en 2024, reflétant une trajectoire baissière qui pèse sur les revenus de l’État et les capacités d’investissement public. Cette dégradation s’explique par plusieurs facteurs: l’épuisement des gisements historiques, un manque d’investissements massifs en exploration et en développement, et une sous-utilisation du potentiel géologique connu. Le constat du ministère du Pétrole met en lumière une opportunité majeure jusqu’alors négligée: le vaste domaine offshore profond et ultra-profond du Gabon reste largement vierge d’exploitation.
Les 72% du domaine pétrolier gabonais qui n’ont pas été attribués à l’exploitation représentent une frontier d’exploration techniquement complexe mais potentiellement très riche. Ces zones en offshore profond et ultra-profond requièrent des investissements considérables et une expertise technologique avancée, des facteurs qui avaient freiné leur développement jusqu’à présent. Cependant, les avancées technologiques dans le forage subsea et la production en eaux profondes rendent désormais ces gisements économiquement viables. En relançant l’exploration de ces zones, le Gabon pourrait accéder à des réserves substantielles de brut qui contrebalanceraient le déclin des champs conventionnels côtiers et peu profonds. «Notre politique aujourd’hui vise à intensifier la recherche sur l’offshore profond et ultra-profond, qui nous permettra d’avoir une connaissance parfaite de ce que nous avons sur 72% de notre domaine pétrolier inexploré», a-t-il précisé.
La stratégie gouvernementale passe par une intensification des levés sismiques et des études d’exploration, préalables indispensables à l’identification de nouvelles structures géologiques prometteuses. «Aujourd’hui, le Gabon est résolument décidé à relancer, à booster son développement économique et ça passe par une nouvelle politique sur l’énergie. Donc, la production pétrolière et gazière», a déclaré le ministre. Les négociations avancées avec ExxonMobil et TotalEnergies symbolisent cette volonté de mobiliser les champions de l’industrie pétrolière, dotés des capitaux et de l’expertise requis pour développer les gisements découverts. Ces partenariats stratégiques s’inscrivent dans une logique de partage des risques et des investissements, les sociétés internationales apportant les moyens financiers et technologiques tandis que le Gabon bénéficie des revenus et du développement économique.
Un horizon à moyen terme pour l’inversion du déclin
Le gouvernement gabonais a fixé un horizon de deux à trois ans pour la mise en production de nouveaux gisements issus de cette campagne d’exploration. Cet objectif ambitieux reflète la priorité accordée à la relance du secteur pétrolier dans la politique économique du président Brice Clotaire Oligui Nguema. La stratégie énergétique renouvelée vise à stimuler la croissance économique du pays, actuellement largement dépendant des revenus du pétrole. Une augmentation de la production, même modérée, pourrait générer des revenus supplémentaires substantiels et redynamiser les investissements publics dans les secteurs sociaux, infrastructurels et non-pétroliers.
Cependant, la réalisation de cet objectif dépendra de plusieurs facteurs critiques: la stabilité politique et macroéconomique du Gabon, la dynamique des prix internationaux du brut, la capacité à attirer et retenir les investissements majeurs, et enfin, le respect des normes environnementales et sociales. Le Gabon devra démontrer que sa relance pétrolière s’accompagne de mesures robustes de protection environnementale et de transition énergétique progressive. Le défi pour Libreville sera de maximiser les opportunités du potentiel pétrolier inexploité tout en construisant les fondations d’une économie diversifiée, moins dépendante des hydrocarbures à long terme.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press