Africa-Press – Gabon. Réunis à Libreville ce 16 décembre 2025, les acteurs publics, privés et de la société civile ont planché sur la mobilisation des ressources domestiques dans le secteur extractif, dans le cadre d’un atelier organisé par l’ITIE Gabon. Au-delà de la transparence, les échanges ont mis en évidence le rôle central de la norme ITIE comme outil d’aide à la décision publique, de réforme fiscale et de lutte contre les fuites de revenus, dans un contexte national marqué par la refondation budgétaire et la quête de financements durables pour le développement.
Dans un contexte de refondation budgétaire marqué par l’adoption du budget base zéro 2026 et la mise en œuvre prochaine du Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFiP), l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) au Gabon réaffirme son rôle stratégique dans la mobilisation des ressources domestiques. Lors d’un atelier tenu ce mardi 16 décembre 2025 à Libreville et présidé par Léontine-Tania Oyouomi-Loumbou epse Bibey, présidente de l’ITIE Gabon, les parties prenantes ont exploré comment la divulgation de données fiables peut non seulement renforcer la transparence, mais surtout éclairer les réformes fiscales, optimiser la collecte des revenus et lutter contre l’évasion fiscale, les prix de transfert abusifs et les flux financiers illicites. Avec un secteur extractif contribuant à hauteur de 68,1% aux revenus de l’État en 2022, l’enjeu est désormais de transformer l’information en levier concret de développement pour les populations.
« L’atelier de ce jour va se concentrer sur la mobilisation des ressources domestiques dans le contexte de l’ITIE. Cette mobilisation des ressources est une priorité stratégique de l’ITIE, axée sur l’efficacité dans la perception et dans la gestion des revenus, l’analyse des données et la promotion du dialogue multipartite en faveur du développement durable », a déclaré Léontine-Tania Oyouomi-Loumbou epse Bibey en ouverture des travaux. La présidente de l’ITIE Gabon a souligné l’alignement de cette démarche avec la vision du président Brice Clotaire Oligui Nguema: « L’adoption dans la Loi des Finances 2026 d’un budget à base zéro, concrétisation de la réforme budgétaire, répond à la volonté de la première autorité de fournir un service public de qualité assis sur un Système Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFiP) garant de la transparence budgétaire et des finances publiques. Ce nouveau système dont l’opérationnalisation est attendue dès janvier 2026 représente une avancée majeure pour notre pays en matière de mobilisation efficace des ressources domestiques. »
Au-delà de la simple exigence de transparence, la norme ITIE s’impose comme un véritable outil d’aide à la décision publique. Ahmed Zouari, expert intervenant lors de l’atelier, a rappelé les fondements théoriques de cette approche: « La norme ITIE n’est pas là juste pour la transparence, mais surtout pour que cette transparence puisse servir à éclairer un débat public et mettre à la disposition du public des données qui sont fiables, qui permettent par la suite d’éclairer ou bien d’orienter les réformes vers plus de transparence, mais aussi vers notamment une meilleure mobilisation des ressources domestiques. »
Les travaux ont également mis en avant l’apport concret des données ITIE à travers la modélisation financière. En s’appuyant sur des paramètres tels que la production, les prix, les coûts déductibles et les conditions contractuelles, il devient possible d’estimer ce que les entreprises doivent réellement à l’État, de tester des scénarios fiscaux ou encore de projeter les revenus futurs. « À travers les données divulguées, on peut estimer combien les entreprises payent, combien le gouvernement devrait percevoir et éclairer des choix économiques et politiques », a souligné Ahmed Zouari, citant l’exemple d’études menées dans d’autres pays d’implémentation comme la République du Congo.
Mais cette mobilisation des ressources se heurte à des risques majeurs. L’atelier a ainsi pointé l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS), les prix de transfert abusifs entre filiales de groupes multinationaux et les flux financiers illicites. « Les flux financiers illicites épuisent les ressources publiques », a averti l’expert, en soulignant leur lien avec la fraude fiscale, la corruption et les inégalités, et leur contradiction directe avec les objectifs nationaux de mobilisation des ressources domestiques.
Si la mise en œuvre de l’ITIE au Gabon est jugée globalement positive, notamment en matière de publication des contrats et de cohérence administrative, le défi majeur reste son appropriation par les populations. « Ce qui est attendu de l’ITIE, c’est de se rapprocher davantage des populations et des collectivités locales », a reconnu Léontine-Tania Oyouomi-Loumbou épse Bibey, promettant un effort de pédagogie pour rendre l’information « la plus simple possible et accessible ». Car, au-delà des chiffres, l’enjeu est désormais de faire de la transparence un véritable levier de développement perceptible dans le quotidien des Gabonais.





