Africa-Press – Gabon. Malgré son retrait d’un projet et des contraintes opérationnelles sur un autre au Sénégal, le groupe britannique a d’autres perspectives en Angola, en Égypte et en Mauritanie pour se relancer.
Opérateur majeur du champ gazier de Yakaar-Teranga, situé au large du Sénégal, BP a officialisé, au début de novembre, son retrait au profit du pétrolier américain Kosmos Energy. Alors que le montant et les motifs de la transaction n’ont pas été révélés, l’opération semble, à première vue, refléter l’engagement du groupe britannique à réduire la voilure globale de son portefeuille de projets hydrocarbures pour faire plus de place aux ressources renouvelables.
« BP est moins intéressé par des transactions dans les secteurs pétrolier et gazier », confiait, à la fin d’octobre, Murray Auchincloss, le directeur général par intérim de BP, au Wall Street Journal. Très discret sur le continent contrairement à TotalEnergies, Eni ou encore Shell, le géant pétrolier britannique, secoué par une crise de gouvernance avec le départ surprise de son – désormais ancien – directeur général Bernard Looney, continue activement d’évaluer les intérêts de ses actifs africains.
Contacté, BP souhaite rester discret sur son retrait de Yakaar-Teranga. Mais pour Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris ; à Paris) et chercheur associé au Policy Center for the New South (à Rabat), ce départ s’apparente à « un choix budgétaire », au moment où le projet n’est pas encore en phase de développement.
Fortes ambitions en Angola
Fortement engagé dans le champ gazier Grande Tortue Ahmeyim (GTA) sur la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal, « BP, à l’image des grands groupes pétroliers, fait attention à son exposition pays, au sens financier du terme », appuie Francis Perrin. Ainsi, céder Yakaar-Teranga, dans lequel il faudra investir des sommes importantes, s’explique par la volonté de se concentrer sur GTA, dont la mise en route, reportée à maintes reprises, a été décalée au deuxième trimestre de 2024.
A contrario, en Angola, BP affiche avec son partenaire italien Eni haut et fort ses ambitions à travers leur coentreprise Azule Energy. La nouvelle structure prévoit, dans sa stratégie annoncée en octobre dernier, de forer seize puits d’exploration pour augmenter sa production de pétrole et de gaz et ainsi atteindre le seuil de 250 000 barils de pétrole par jour (bpj) à l’horizon de 2026.
À l’heure où la production africaine du géant britannique des hydrocarbures n’a pas dépassé les 83 000 bpj en 2022, contre une production mondiale de 800 000 barils par jour, les projets angolais de BP renforceront la présence africaine du groupe ancré aux États-Unis et en Asie. « L’alliance BP-Eni est assez originale et permettra aux deux majors d’avoir une force de frappe plus importante en Angola », juge le spécialiste de l’industrie pétrolière Francis Perrin.
Cap vers le nord
Après avoir fait affaire ensemble au début de l’année lorsqu’Eni a racheté des actifs de BP en Algérie, comprenant les champs gaziers situés au sud du Sahara, In Salah (33,15 %) et In Amenas (45,89 %), les deux majors continuent de se montrer actives au nord du continent. Le consortium formé par les pétroliers britannique et italien, en partenariat avec la compagnie pétrolière nationale libyenne, explore les champs gaziers offshore à l’ouest de la Libye depuis la reprise de leurs opérations à l’été 2023.
En Égypte, où BP est présent depuis soixante ans, le pétrolier a récemment raflé des intérêts dans le bloc EGY-MED-E8 situé à environ 90 kilomètres de Port-Saïd. Après s’être vu attribuer quatre nouveaux blocs et étendu un bloc existant en 2022, « la nouvelle acquisition permet à BP de capitaliser sur des opportunités d’exploration stratégiquement situées autour des infrastructures existantes », explique Nader Zaki, président régional de BP dans la région MENA (Middle East and Northern Africa ; Moyen-Orient et Afrique du Nord)
De la Méditerranée orientale à l’océan Atlantique, le géant britannique poursuit donc ses opérations d’exploration. Engagé sur le périmètre gazier offshore de BirAllah en Mauritanie, il réalise actuellement les études préalables à la prise d’une décision finale d’investissement pour le projet, espérée pour le premier semestre 2025. « La Mauritanie, tout comme l’Égypte, sont deux pays où BP conduit des projets importants et envisage d’accroître ses investissements, mais la stratégie et les priorités des acteurs privés peuvent évidemment changer en fonction de diverses opportunités », expose Francis Perrin.
Si les investissements de BP dépendront des résultats d’exploration des gisements pétroliers et gaziers, l’entreprise fait de ces deux pays une priorité afin de capter 10 % du marché mondial de l’hydrogène à faible émission de carbone d’ici à 2030. Des protocoles d’accord distincts ont été signés pour explorer les opportunités de créer des hubs d’hydrogène et permettre à la major britannique de réaliser sa stratégie très médiatisée de réduction, dans la durée, sa production d’hydrocarbures.
Source: JeuneAfrique
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