Liberté Économique: le Gabon Chute À la 143E Place Mondiale

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Liberté Économique: le Gabon Chute À la 143E Place Mondiale
Liberté Économique: le Gabon Chute À la 143E Place Mondiale

Africa-Press – Gabon. Alors que le monde entier assiste à un recul généralisé de la liberté économique pour la quatrième année consécutive, le Gabon s’enfonce dans les profondeurs du classement de l’Institut Fraser. Avec un score de 5,72/10 en 2025 contre 5,88/10 en 2024, le pays perd 0,16 point et dégringole à la 143e place sur 165 pays au niveau mondial, soit le 37e rang sur 45 nations africaines évaluées. Ce classement qui place le Gabon derrière la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest anglophone et plusieurs voisins de la CEMAC, met en lumière les faiblesses structurelles d’une économie étouffée par la taille démesurée de l’État, l’interventionnisme bureaucratique, la fragilité de l’État de droit et l’absence de régulation favorable à la concurrence.

Le verdict du rapport Economic Freedom of the World 2025 de l’Institut Fraser est sans appel: le Gabon figure parmi les économies les moins libres de la planète. Classé 143e sur 165 pays au niveau mondial et 37e sur 45 nations africaines, le pays se retrouve relégué dans le bas du tableau continental, loin derrière Maurice (21e mondial, 1er en Afrique), les Seychelles (31e), le Maroc, la Gambie ou l’Afrique du Sud.

Ce classement, qui repose sur l’évaluation de 45 indicateurs regroupés en cinq catégories taille du gouvernement, cadre juridique, accès à une monnaie saine, liberté de commerce international et régulation, révèle une réalité économique préoccupante. Alors que Hong Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et les États-Unis occupent le haut du classement mondial, le Gabon stagne dans le groupe des économies caractérisées par des défaillances institutionnelles majeures et un environnement des affaires hostile.

Les faiblesses structurelles identifiées par l’Institut Fraser ne sont pas nouvelles, mais leur aggravation soulève de sérieuses questions. La première concerne la taille et l’interventionnisme de l’État. L’administration publique absorbe une part considérable du PIB, les dépenses publiques sont marquées par l’inefficacité et l’opacité, et l’État demeure l’acteur économique dominant à travers ses participations dans de nombreux secteurs. Cette hypertrophie crée des distorsions de marché, décourage l’initiative privée et alimente une culture de dépendance aux financements publics. La deuxième faiblesse majeure réside dans la qualité de l’État de droit.

Le rapport Fraser mesure la sécurité des droits de propriété, l’indépendance du système judiciaire, l’impartialité des tribunaux et la protection des investisseurs. Sur tous ces critères, le Gabon affiche des performances médiocres, illustrées par la persistance de contentieux commerciaux non résolus, l’insécurité juridique et une régulation perçue comme arbitraire. Cette fragilité institutionnelle constitue un repoussoir majeur pour les investisseurs étrangers et une source permanente de frustration pour les entrepreneurs locaux.

La troisième dimension critique concerne la concurrence et l’ouverture des marchés. Le Gabon reste une économie largement fermée, où les barrières à l’entrée sont nombreuses, où les monopoles coexistent sans véritable régulation concurrentielle, et où les procédures pour créer une entreprise demeurent parmi les plus lourdes du continent. Les tarifs douaniers élevés, les procédures d’importation kafkaïennes et les multiples taxations créent un environnement hostile au commerce. La régulation du crédit, du travail et des entreprises constitue la quatrième faiblesse. Le marché du travail est marqué par une rigidité excessive et des coûts salariaux élevés. Le marché du crédit, dominé par un secteur bancaire concentré, prive l’économie de ressources essentielles pour l’investissement productif.

Au-delà des chiffres, le classement Fraser révèle une corrélation forte entre liberté économique et développement humain. Les pays les mieux classés affichent systématiquement des taux de croissance du PIB plus élevés, des revenus moyens plus importants et une meilleure qualité de vie. À l’inverse, les pays qui stagnent dans le bas du classement comme le Gabon se caractérisent par une croissance anémique et une pauvreté persistante malgré les richesses naturelles. Cette situation paradoxale s’explique par des choix de politique économique qui ont privilégié l’interventionnisme étatique et la rente extractive au détriment d’institutions solides et d’un environnement des affaires compétitif.

Pendant que Maurice, les Seychelles ou le Maroc attirent des investissements étrangers et diversifient leurs économies grâce à des réformes courageuses, le Gabon reste prisonnier d’un modèle à bout de souffle, largement dépendant des hydrocarbures. La question qui se pose désormais est celle de la volonté politique de renverser cette tendance. Le gouvernement post-transition, qui multiplie les discours sur la refondation économique, dispose-t-il de la détermination nécessaire pour s’attaquer aux causes profondes de cette médiocrité?

Le rapport Fraser offre une grille de lecture claire des priorités: réduire l’interventionnisme étatique, renforcer l’État de droit, ouvrir les marchés à la concurrence, simplifier la régulation et créer un environnement favorable à l’investissement. Ces réformes, si elles sont mises en œuvre avec cohérence, pourraient permettre au Gabon de remonter progressivement dans le classement. Mais sans rupture claire avec les pratiques du passé clientélisme, corruption, arbitraire administratif, le pays risque de continuer à stagner, condamnant ses citoyens à subir les conséquences d’un système économique qui ne fonctionne que pour une minorité.

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