Libreville revient sur la réforme de Brice Laccruche Alihanga

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Pétrole : Libreville revient sur la réforme de Brice Laccruche Alihanga
Pétrole : Libreville revient sur la réforme de Brice Laccruche Alihanga

Africa-PressGabon. Un an après avoir initié une fusion entre Gabon Oil Company (GOC) et Sogara, le gouvernement gabonais renverse la vapeur et réoriente chaque acteur vers son cœur de métier.

Le 16 juillet, le gouvernement gabonais décidait de dissoudre les filiales de Gabon Oil Company (GOC) qui voit sa stratégie de diversification stoppée. De fait, Gabon Oil Marketing (GOM, trading), Gabon Logistics & Services (transport des carburants), Gabon Engineering & Construction (travaux d’ingénierie et gestion des stations services) vont ainsi disparaître afin que la Société nationale des hydrocarbures se concentre sur son cœur de métier : la gestion des participations de l’État dans le secteur.

Le même jour, Libreville rendait caduc le projet de décret initié un an plus tôt, visant à fusionner GOC et de la Société gabonaise de raffinage (Sogara). Cette dernière et la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (SGEPP) se voient également confortées dans leur rôle : le raffinage et la commercialisation des produits raffinés, et le stockage des hydrocarbures.

Cette « reclarification des rôles » enterre définitivement l’option stratégique de fusion de ces entités impulsée par Brice Laccruche Alihanga, alors directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba. L’objectif de BLA était alors de mettre un terme aux conflits entre ces opérateurs. En effet, la GOC, fondée en 2011, n’a eu de cesse de rogner sur les activités de Sogara et SGEPP depuis la création de ses filiales il y a quatre ans.

« L’idée de départ de ses dirigeants était de regrouper en son sein des activités gérées jusque-là par des sous-traitants », rappelle un observateur. Cette option va s’avérer par la suite source de conflits de compétence.

En s’occupant du trading de la quote-part du brut revenant à l’État dans les différents champs pétroliers, Gabon Oil Marketing (GOM) va se poser en fournisseur de la raffinerie en matière première. « Le problème est que Sogara ne payait pas toujours ou le faisait avec beaucoup de retard. Ce qui a négativement impacté le business modèle de GOM. En outre, cette dernière s’est mise à importer devant l’incapacité de Sogara à satisfaire le marché national, accentuant ainsi la concurrence avec la raffinerie », insiste notre source.

Les empiétements de GOM s’étendent aussi au stockage des carburants. Elle vient de construire des entrepôts de carburant à Owendo, sur financement de la Banque de développement de l’Afrique centrale (Bdeac). « Lorsque la SGEPP s’est tournée vers la même institution pour réhabiliter son outil vieillissant, elle s’est heurtée à une fin de non recevoir au motif que la GOM l’avait devancée », indique notre analyste.

La stratégie de diversification de GOC a montré ses limites. « Ces filiales n’ont jamais atteint une taille critique, dans la mesure où elles restaient uniquement dépendantes des commandes du groupe », évoque notre source.

À ces chevauchements s’ajoutent des problèmes de gouvernance, dus à un déficit de contrôle interne et à une gestion en dehors des clous. En novembre 2019, le quotidien proche du pouvoir L’Union laissait entendre que des malversations de l’ordre de 85 milliards de F CFA (300 millions d’euros) auraient été constatées au sein de GOC et de ses filiales ces deux dernières années. Des révélations qui ont conduit à l’éviction puis à l’incarcération de son adminsitrateur, Christian Patrichi Tanasa, un proche de BLA.

Si elle permet à chaque acteur de se concentrer sur son cœur de métier, la réorientation stratégique enclenchée depuis deux semaines dans l’aval pétrolier gabonais n’est cependant pas de nature à attirer des investissements dans un secteur qui en a bien besoin.

Mais cette configuration n’est pas forcément une option définitive pour Libreville. « Les autorités préfèrent en rester là pour le moment, et voir ce que ce dispositif produira dans les mois à venir », commente notre source.

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