Africa-Press – Gabon. Alors que la transition politique au Gabon suit son cours, les syndicalistes, bien que minoritaires au sein des hémicycles, poursuivent leur combat pour instaurer une démocratie véritable. Ils dénoncent les failles de l’avant-projet de Constitution, estimant que certaines dispositions mettent en péril les libertés fondamentales et la séparation des pouvoirs, piliers d’un État de droit. À cet effet, ils appellent à une mobilisation populaire massive pour soutenir cette lutte.
Dans ce contexte de réformes politiques cruciales, les syndicalistes gabonais se montrent déterminés à défendre les acquis démocratiques. Lors de l’Assemblée générale de Dynamique unitaire, Marcel Libama, figure de proue du mouvement syndical, a pointé du doigt les lacunes du texte en discussion, exprimant des inquiétudes quant à l’avenir démocratique du pays. Selon lui, certaines dispositions de l’avant-projet menacent l’équilibre des pouvoirs. «Ce texte est dangereux pour la stabilité démocratique», affirme-t-il avec fermeté.
L’une des principales difficultés rencontrées par les syndicalistes demeure leur faible présence au sein des hémicycles, limitant ainsi leur influence directe sur les débats. «Nous sommes très peu à l’Assemblée nationale», confie Libama, soulignant toutefois que ce n’est pas une raison pour abandonner la lutte. En dépit de cette minorité numérique, les syndicalistes restent mobilisés et lancent un appel à l’unité nationale. «Il faudrait qu’à l’extérieur, vous soyez des milliers à dire non», exhorte Libama, rappelant que la résistance au sein des institutions ne sera réellement efficace que si elle est soutenue par une forte mobilisation citoyenne.
La séparation des pouvoirs et la lutte contre la corruption: des enjeux majeurs
La question de la séparation des pouvoirs figure parmi les sujets les plus débattus à l’Assemblée nationale. Pour Marcel Libama et ses collègues, cette question est fondamentale pour éviter toute concentration excessive de pouvoir au sein de l’exécutif. «Nous avons passé plus de douze heures à débattre de la séparation des pouvoirs», témoigne un syndicaliste, faisant état de la sensibilité de cette question dans le contexte actuel. Les syndicalistes, souvent victimes de persécutions sous le régime précédent, savent à quel point une justice indépendante et un pouvoir législatif fort sont essentiels pour préserver les libertés fondamentales. «Nous avons été plusieurs fois en prison à cause d’abus de pouvoir», rappelle Libama, mettant en lumière l’importance d’une réelle séparation des pouvoirs.
Un autre axe central du combat syndical concerne la lutte contre la corruption. Les syndicalistes dénoncent le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire, rendant difficiles des enquêtes impartiales sur les affaires de corruption, comme celles de l’Opération Épervier ou Mamba. «C’est l’exécutif qui orchestre ces enquêtes», regrette un syndicaliste, pointant du doigt l’absence de volonté politique pour assainir véritablement les institutions. Pour eux, seule une justice totalement indépendante du pouvoir exécutif pourra garantir des enquêtes efficaces et transparentes.
Malgré ces critiques, Marcel Libama reconnaît que certaines avancées sont à noter dans l’avant-projet de Constitution, notamment en ce qui concerne les droits civils et les libertés publiques. Cependant, il déplore que le texte reste timide concernant la réorganisation du régime politique. «Là où elle manque véritablement d’ambition, c’est dans le système de régime», affirme-t-il, ajoutant que l’exécutif continue de conserver des prérogatives trop importantes, inchangées depuis 1991.
En somme, ces syndicalistes estiment que la transition gabonaise représente une occasion unique de renforcer les fondements démocratiques du pays. Toutefois, cela ne pourra se concrétiser qu’à travers une réelle séparation des pouvoirs et une lutte continue contre la corruption, deux objectifs au cœur de leur engagement.
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