Africa-Press – Gabon. La quatrième session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’est tenue, le 15 décembre, à Yaoundé (Cameroun). À l’issue de cette dernière session de l’année 2025 placée sous la houlette du gouverneur de la banque centrale, Yvon Sana Bangui, le constat est à un taux d’inflation en baisse sous la norme communautaire à 2,2 % contre 4,1 % en 2024. Le CPM a de même relevé le taux d’intérêt des Appels d’offres de 4,50 % à 4,75 % et taux de la facilité de prêt marginal de 6,00 % à 6,25 %.
Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a tenu sa quatrième session ordinaire de l’année, le 15 décembre, à Yaoundé, au Cameroun, sous la présidence du gouverneur et président statutaire de cet organisme, Yvon Sana Bangui. Cette réunion s’est déroulée dans un contexte d’analyses approfondies des perspectives macroéconomiques internationales et sous régionales. Lors de la conférence de presse qui a suivi, le gouverneur a présenté les chiffres, soulignant les défis et les mesures prises pour préserver la stabilité monétaire de la zone Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Perspectives mondiales: croissance stable mais inflation persistante
Au niveau international, les perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI) d’octobre 2025 prévoient une croissance mondiale de 3,2%, en 2025 et de 3,1% en 2026, en léger repli par rapport à 3,3% en 2024. Sur le front des prix, l’inflation mondiale devrait reculer à 4,2% en 2025 et à 3,7% en 2026, après 5,8% en 2024. Ces tendances modérées ont servi de toile de fond aux délibérations du CPM, invitant la BEAC à surveiller les ‘’spillovers’’ (ou effets de débordement, de contagion) sur la sous-région, notamment via les cours des matières premières et les flux financiers.
Ralentissement sous régional: inflation maîtrisée mais vulnérabilités externes croissantes
Dans la sous-région de l’Afrique centrale, les prévisions actualisées de la BEAC pour 2025 indiquent un ralentissement de la croissance à 2,4%, contre 2,7% en 2024, avec une inflation en baisse à 2,2% sous la norme communautaire de 3%, après 4,1% en 2024. Le solde budgétaire s’améliore légèrement à -1,4% du PIB (base engagements, hors dons), contre -1,6% en 2024, mais le compte courant se dégrade à -2,9% du PIB (dons officiels compris), loin du surplus de 0,3% en 2024.
La BEAC indique de même que la masse monétaire progresserait de 5,1% à 21 977,7 milliards francs CFA à fin décembre 2025, tandis que les réserves de change chuteraient de 2,6% à 6 377,3 milliards FCFA, couvrant 4,2 mois d’importations (contre 4,9 en 2024) et un taux de couverture de la monnaie à 67,0% (après 74,9% fin 2024). Cette érosion des réserves a été le principal déclencheur des ajustements.
Décisions du CPM: resserrement modéré pour protéger les réserves et stabilité renforcée pour la zone Cemac
Tenant compte de ces évolutions, particulièrement la baisse du taux de couverture extérieure, le CPM a décidé de relever le taux d’intérêt des Appels d’offres de 4,50% à 4,75%, et le taux de la facilité de prêt marginal de 6,00% à 6,25%. Ces hausses de 25 points de base visent à freiner les sorties de capitaux, à soutenir le franc CFA et à ancrer les attentes inflationnistes. En revanche, le taux de la facilité de dépôt reste à 0,00%, et les coefficients des réserves obligatoires inchangés à 7,00% sur les exigibilités à vue et 4,50% sur les exigibilités à terme, préservant ainsi la liquidité bancaire.
Ces mesures, annoncées par Yvon Sana Bangui, devraient contribuer à stabiliser les réserves de change et à maintenir l’inflation sous contrôle. Toute chose favorisant une croissance soutenable malgré les vents contraires externes. Pour les observateurs, elles illustrent la prudence de la BEAC face à un environnement incertain afin de protéger les six États membres tout en évitant un resserrement brutal qui pèserait sur l’activité économique.





