Africa-Press – Gabon. Dans une manœuvre d’une ampleur inédite, l’administration Trump vient d’ordonner, le rappel immédiat de près de 30 ambassadeurs de carrière, dont celui en poste à Libreville. Entre volonté d’alignement idéologique sur la doctrine « America First » et risques de fragilisation des relations bilatérales, ce remaniement brutal bouscule les usages diplomatiques et place le Gabon au cœur d’une restructuration géopolitique majeure.
L’onde de choc partie de Foggy Bottom atteint les rives de l’Estuaire. Selon des informations confirmées par plusieurs sources, dont le média américain PBS (https://www.pbs.org/), l’administration de Donald Trump a lancé un rappel massif de diplomates de carrière en poste à l’étranger. Au total, environ 30 chefs de mission, dont celui officiant au Gabon, ont reçu l’ordre de mettre fin à leurs fonctions pour regagner Washington dès janvier 2026.
Cette décision ne relève pas du simple ajustement technique. Elle s’inscrit dans une volonté manifeste de l’exécutif américain de placer à des postes stratégiques du personnel « pleinement aligné » avec les priorités présidentielles. Le Département d’État justifie cette mesure en rappelant qu’un ambassadeur est avant tout le « représentant personnel du président ». Pour la Maison Blanche, il est impératif que ses émissaires promeuvent sans réserve le programme « L’Amérique d’abord ».
L’analyse géographique de ces rappels est révélatrice: l’Afrique est le continent le plus durement touché. Sur les 29 pays concernés, 13 se situent sur le continent noir, incluant des partenaires clés comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et, bien entendu, le Gabon.
Une rupture avec les usages diplomatiques
Si le remplacement des ambassadeurs dits « politiques » est de coutume lors d’une alternance, le rappel massif de diplomates de carrière théoriquement apolitiques et garants de la continuité de l’État constitue une anomalie historique. Habituellement, ces professionnels restent en poste trois à quatre ans pour assurer la stabilité des relations internationales.
L’Association américaine du service extérieur (AFSA), syndicat des diplomates, s’est dite « profondément préoccupée » par une démarche qui risque de « politiser davantage la haute fonction diplomatique et de fragiliser la continuité de la politique étrangère ». En vidant de nombreuses chancelleries de leurs têtes pensantes, Washington prend le risque d’un vide diplomatique préjudiciable à son influence, particulièrement dans une zone comme le bassin du Congo où la compétition géopolitique est féroce.
Le Département d’État tente de tempérer en qualifiant l’opération de « procédure standard dans toute administration ». Pourtant, le caractère soudain de ces notifications, envoyées juste avant les fêtes de fin d’année, laisse transparaître une forme de purge diplomatique. Pour les diplomates concernés, le choix est binaire: accepter une réaffectation administrative à Washington ou quitter le service.





