Africa-Press – Gabon. Les nouvelles autorités du Gabon enquêtent, selon Africa Intelligence, sur les actifs londoniens de Noureddin Bongo, fils de l’ancien président Ali Bongo, et de sa famille, cherchant à élucider les liens financiers complexes entre Libreville, Dubaï et Londres. Une série d’investissements et de sociétés énigmatiques suscite l’attention des enquêteurs, révélant un réseau financier intrigant.
Le coup d’État survenu au Gabon fin août 2023 contre le clan Bongo résonne aujourd’hui jusque dans les beaux quartiers de la capitale britannique, à en croire un article publié ce 7 novembre par le média Africa Intelligence sous le titre «La junte au pouvoir s’intéresse aux actifs financiers de Noureddin Bongo à Londres».
La junte désormais aux commandes à Libreville traque donc les nombreux actifs détenus à Londres par Noureddin Bongo, fils de l’ex-président Ali Bongo, et son épouse Léa. Objectif : démanteler le dense réseau de sociétés écrans que le couple entretenait entre le Gabon, Dubaï et Londres.
Comme sa mère Sylvia Bongo, résidente de longue date outre-Manche, Noureddin Bongo s’était construit une véritable vie princière dans la capitale anglaise. Dès 2017, révèle Africa Intelligence, il s’offrait un somptueux appartement à Westminster, dans le quartier le plus huppé de Londres, pour la somme de 3,15 millions de livres (environ 2,36 milliards de francs CFA.
Noureddin Bongo avait également tissé à Londres une toile financière opaque mais extrêmement lucrative. Selon Africa Intelligence, deux de ses sociétés y sont encore actives, comme M9 Investment ou Loup Ltd. Mais le joyau de cet empire reste Shanah Investments, mystérieuse structure fondée en 2019, qui revendiquait ni plus ni moins la propriété du Radisson Blu de Libreville ainsi que de l’école privée du Ruban Vert, fleuron de l’enseignement privé au Gabon, et le restaurant Mayena Foods.
Derrière ce montage complexe, on retrouve Abdoul Oceni Ossa, «fils de l’imam de Libreville, Ismaël Oceni Ossa. Frère de Mohamed Ali Saliou, l’ancien directeur de cabinet adjoint d’Ali Bongo, Abdoul Oceni Ossa était, en coulisses, le principal maître d’œuvre des activités commerciales de Noureddin Bongo. Les associés ont clos les activités londoniennes de Shanah en 2022. La société est néanmoins toujours active à Dubaï», indique le média spécialisé dans les activités des hommes et femmes de pouvoir en Afrique.
Les enquêteurs de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (B2) se penchent désormais sur chaque détail de ce réseau tentaculaire, dont les ramifications ont été brutalement exposées au grand jour après des années d’opacité.
Même son de cloche du côté de Léa Bongo, l’épouse de Noureddin, «Léa Bongo, 31 ans, née Baulard, fille d’un ancien directeur de l’antenne gabonaise de l’Agence française de développement à la fin des années 2000», précise Africa Intelligence. La dame a créé à tour de bras des sociétés, officiellement actives dans les cosmétiques ou la restauration. Là encore, les noms choisis sonnent comme autant de clins d’œil appuyés à la famille Bongo : la société Teke fait référence à l’ethnie des Bongo, quand Lekoni rappelle une rivière du fief familial au Gabon. Preuves supplémentaires, s’il en fallait, que le cœur des affaires se situait bien à Londres pour Noureddin Bongo et ses proches.
Avec la chute du clan après le putsch d’août 2023, cette toile financière risque fort d’être décousue. Et ce sont tous les secrets de l’empire Bongo, jusque dans ses ramifications les plus lointaines, qui se retrouvent exposés en pleine lumière. Une déconvenue dont la famille déchue se serait bien passée.
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