Africa-Press – Gabon. Une figure essentielle de la mémoire nationale s’est éteinte. Louis-Barthélémy Mapangou, journaliste, historien et ancien dirigeant d’Africa N°1, est décédé le mardi 9 décembre 2025 à 10 h 05 à la clinique Chambrier de Libreville. Figure discrète mais centrale de la documentation institutionnelle, il fut à la fois collaborateur présidentiel, directeur du monumental Mémorial du Gabon et acteur majeur du paysage radiophonique panafricain. Entre archives, communication d’État et rayonnement médiatique, son parcours aura façonné autant l’histoire écrite que sa diffusion, laissant un héritage précieux pour les chercheurs, journalistes et institutions qui scrutent le demi-siècle post-indépendance.
Ce mardi 9 décembre 2025 à 10h05, une grande figure intellectuelle du Gabon, Louis-Barthélémy Mapangou, s’est éteint à la clinique Chambrier, laissant derrière lui une œuvre précieuse pour la compréhension de l’histoire politique, sociale et institutionnelle du Gabon post-indépendance. Journaliste de formation, documentaliste rigoureux et acteur stratégique du secteur public, il aura traversé son époque comme un témoin engagé et un bâtisseur discret de la mémoire nationale.
Homme de plume avant tout, Mapangou appartient à cette génération rare de journalistes dont la carrière a débordé les salles de rédaction pour rejoindre le cœur de l’État. Au Palais du Bord de Mer, il fut un collaborateur direct entendu, associé à la communication présidentielle et à la conduite de missions d’intérêt national. Son expérience et sa loyauté lui valurent d’être rapidement sollicité pour des travaux institutionnels d’envergure, là où le regard d’un journaliste doit se transformer en compétence documentaire.
Mémorial du Gabon
Son héritage le plus marquant demeure la direction du monumental Mémorial du Gabon, publié à Genève en 1986 par la Société Internationale d’Édition et de Diffusion (SIED). Ce projet encyclopédique, réparti en plusieurs volumes dont Le Faste et la Rigueur (1960-1985) ou L’Âge de Raison (1965-1969), constitue aujourd’hui une référence incontournable pour qui souhaite comprendre l’évolution du pays depuis les premières années de souveraineté. Piloté sur deux années intenses (1985-1986), le Mémorial fut à la fois un travail titanesque de collecte, de synthèse et de valorisation des sources officielles, mais aussi un moment de reconnaissance nationale pour une plume capable de conjuguer méthode, patriotisme et exigence éditoriale.
En 1987, Louis-Barthélémy Mapangou fut nommé président du conseil d’administration d’Africa N°1, la prestigieuse radio panafricaine. Dans les années 1990, il en devint directeur, apportant son sens du récit, sa maîtrise technique et son expérience journalistique au service d’une institution médiatique qui incarnait l’audience, l’influence et le rayonnement culturel du Gabon sur le continent. Au début des années 2000 et durant près de trois ans, alors qu’Africa N°1 amorçait son crépuscule, il revint à la plume et lança un bimensuel nommé «Le Journal» dans lequel il signait des éditoriaux et quelques billets.
Le 16 août 2025, il comptait parmi les notables de la corporation des journalistes, invités d’honneur, lors de l’inauguration du nouveau siège de Gabon24, première chaîne de télévision gabonaise d’information en continu. Un studio y a été baptisé à son nom.
Au croisement des archives, du pouvoir et de la radiodiffusion, Mapangou laisse l’image d’un serviteur de l’État et d’un artisan minutieux de la mémoire collective, dont l’œuvre continuera d’accompagner chercheurs, journalistes et citoyens dans l’interprétation d’une histoire nationale encore en mouvement. Puisse d’ailleurs, pour sa mémoire, que le Mémorial du Gabon soit réédité. Il avait 80 ans.
