Africa-Press – Gabon. Après des années de tensions entre le pouvoir et la presse privée au Gabon, et à la faveur d’une distribution, dans un journal, de bons et mauvais points aux principaux animateurs de la communication présidentielle, l’Organisation patronale des médias (OPAM) dresse un bilan positif des changements survenus depuis l’arrivée du CTRI. Liberté d’expression renforcée, subvention revalorisée et reconnaissance internationale : le paysage médiatique gabonais connaît une transformation significative, malgré quelques ombres au tableau.
L’Organisation patronale des médias (OPAM) a tenu un point presse ce vendredi 23 août 2024 à Libreville pour faire le bilan de la situation médiatique au Gabon, près d’un an après l’arrivée au pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).
Il y a, pour planter le décor et rappeler le contexte, que sous le régime déchu fin août 2023, le pouvoir et les services de communication présidentiels ont longtemps entretenu des relations tendues avec la presse privée, souvent qualifiée de «presse de l’opposition». De même, sous l’ancien régime, la Haute autorité de la communication (HAC) était surnommée «la Hache» ou le «Père fouettard» par les médias indépendants, illustrant un climat de répression où de nombreux organes de presse étaient injustement suspendus. La liberté de la presse était considérablement restreinte, et l’aide de l’État aux médias avait considérablement chuté. Depuis l’arrivée au pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), la situation semble s’améliorer, notamment grâce à la présence dans l’équipe de communication présidentielle de deux journalistes expérimentés, dont l’un est connu pour une légendaire opposition à la ‘Young Team’ durant les années post-AVC d’Ali Bongo.
Dans sa déclaration de ce vendredi, l’OPAM a mis en lumière les «transformations significatives» observées dans l’environnement professionnel des médias depuis le 30 août 2023. Parmi les avancées notables, l’organisation cite «le retour progressif de la station panafricaine Africa N°1» et «l’octroi de 500 postes budgétaires au secteur public des médias».
Le secteur privé n’est pas en reste, comme le souligne les patrons gabonais de presse : «L’Opam se félicite de la revalorisation de la subvention à la presse au montant initial de 500 millions de nos francs, alors que le régime déchu l’avait considérablement réduite à 127 millions.» L’organisation salue également «l’inclusion de la presse privée dans les grands événements du pays, à l’instar du dialogue national inclusif». Elle est convaincue qu’il en sera de même pour «d’autres événements plus proches, à savoir : l’an 1 du CTRI, le prochain référendum, et les élections générales qui vont suivre»
Ces progrès ont été reconnus au niveau international. L’OPAM rappelle à cet effet que «dans le classement annuel de 2024, [Reporters Sans Frontières] a classé le Gabon à la 56ème place sur 180 pays, faisant gagner 38 places au Gabon qui était classé 94ème en 2023».
Malgré ce tableau positif, l’OPAM déplore «quelques sorties de piste de certains confrères qui, dans leurs insinuations malveillantes, s’en prennent aux confrères qui contribuent auprès du chef de l’État, à l’amélioration des conditions de travail des professionnels des médias». L’organisation défend le travail du département communication de la présidence, soulignant son rôle dans «l’accès à l’information présidentielle» à travers l’édition de nombreux supports. Notamment, les magazines «Le Palais», le «Programme Présidentiel d’Urgence de la Transition», le livret «Le Bon Citoyen», la réalisation de films documentaires, etc.
Abordant la stratégie de communication présidentielle, l’OPAM cite Jacques Pilhon, spécialiste français de la communication politique : «L’overdose de communication tue la communication». Aussi, l’organisation «comprend parfaitement le choix du département de la communication présidentielle de ne pas commenter systématiquement les actes du chef de l’État, actes qui parlent suffisamment d’eux-mêmes» tout en étant relayés instantanément.
Revenant sur la question de la subvention de la presse, l’OPAM plaide pour une répartition équitable et transparente : «Cette manne devrait être répartie entièrement aux véritables ayants-droits en toute transparence, sans que les fonctionnaires membres de la Commission de répartition de cette enveloppe, ne s’octroient une partie de cet argent pour d’éventuels per diems.»
L’OPAM n’a pas manqué de réaffirmer sa volonté de collaborer avec les autorités pour continuer à améliorer le classement du Gabon dans l’indice de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières.
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