Quelle sombre législature !

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Quelle sombre législature !
Quelle sombre législature !

Africa-Press – Gabon. 113 voix pour, 6 contre et 3 abstentions. Les députés de l’Assemblée nationale du Gabon ont voté jeudi à la majorité en faveur de la nouvelle révision constitutionnelle. Si on ne s’en étonne pas vraiment, nombreux dont le chroniqueur de Gabonreview s’attendaient à un petit sursaut de conscience. Que nenni ! Les élus du peuple gabonais «n’auront été brillants que dans le job de caisse de résonnance du pouvoir établi. Ils n’auront été scintillants que dans le silence complice avec ce pouvoir.»

Quand ils votaient la controversée loi sur la dépénalisation de l’homosexualité il y a 3 ans, je commettais un texte au vitriol sous le titre de « «Déshonorables députés». Cette loi homosexualisante votée par leurs soins, était en opposition avec nos us et nos coutumes, avec notre culture et nos valeurs. Mais ils l’avaient votée pour plaire à d’autres peuples qu’ils ne représentent nullement. On avait cru que la vague d’indignation qui s’en était suivie, les ferait réfléchir à deux fois par la suite.

Mais 3 ans après, ils sont restés droits dans leurs bottes, (il)logiques. C’est -à-dire qu’ils ont travaillé à rechercher le bonheur et la reconnaissance de tout le monde sauf du peuple gabonais. Ils viennent encore de le prouver par le vote, passé comme une lettre à la poste, de la énième modification constitutionnelle. Ils ont pris soin de le faire en catimini, sans tamtams ni tambours, profitant de ce que le regard du peuple est tourné vers la tragédie de l’Esther-Miracle.

Une tragédie pour laquelle on ne les a pas beaucoup entendus s’émouvoir, ni individuellement, ni collectivement, tant ils étaient occupés à travailler sur la trituration de notre loi fondamentale. Le petit citoyen que je suis a l’outrecuidance de leur rappeler combien leur législature restera une horrible cicatrice sur le visage du parlement gabonais. Ils s’en doutent sûrement, au regard des lois iniques qu’ils ont portées et votées et au regard de la dégradation de notre pays qu’ils ont cautionnée. Ils resteront gravés dans la mémoire collective des Gabonais comme la pire législature qu’ils aient connue.

Même au temps du parti unique, les Gabonais ont le souvenir des députés plus soucieux de la marche de la nation par comparaison à ces godillots. On ne les aura pas beaucoup entendus sur le terrain de l’apaisement politique pendant que notre cher pays traversait la pire crise politique depuis 1990. On ne les aura pas non plus beaucoup entendus sur la crise économique qui en a résulté et qui a plongé notre pays dans un marasme généralisé. Ils seront restés silencieux devant la dégradation de notre réseau routier qui endeuille chaque jour les Gabonais.

Ils seront restés silencieux devant la décrépitude de notre voie ferrée qui fait qu’aujourd’hui aucun Gabonais ne peut voyager par train. Ils seront enfin restés silencieux devant la disparition progressive de nos compagnies aériennes et devant le monopole scandaleux d’Afrijet qui sélectionne les destinations en rendant prohibitif le moindre voyage en avion. Notre arrière-pays se trouve désormais enclavé par leur incapacité à interpeller le gouvernement sur ces questions urgentes sur lesquelles on aurait aimé les entendre.

Les entendre, ce n’est surtout pas les écouter faire des discours démagogiques quand ils distribuent de la pacotille sous forme de dons à nos vieilles mamans dans leurs circonscriptions respectives. Les entendre ce n’est surtout pas les voir financer les ordonnances et les inscriptions à l’école des enfants de leurs administrés comme ils le font très souvent. Les entendre ce n’est encore et surtout pas l’assistance matérielle et financière qu’ils leur témoignent durant les décès. Bon sang, ce n’est pas leur rôle mais bien celui du gouvernement.

Leur rôle est de s’assurer que ce dernier veille au bonheur de tous les citoyens où qu’ils soient. C’est pour créer une prospérité partagée que nous voudrions les entendre dans les travées de notre Parlement sur ces questions importantes pour notre peuple. Les Gabonais doivent-ils continuer à périr par la faute d’un gouvernement qui peine à trouver des solutions à leurs problèmes de transport et de santé ? Les jeunes Gabonais doivent-ils continuer à s’exiler par la faute de ce même gouvernement qui peine à leur offrir une éducation et une formation de qualité ?

C’est leur devoir de l’y contraindre au nom des populations qui les ont mandatés pour défendre leurs intérêts. Mais à quel moment précis ont-ils jamais joué ce rôle pour que notre pays soit devenu le temps de leur mandature, ce pays si peu attractif ? Tout leur aura glissé sur le plumage pendant ces 7 dernières années durant lesquelles ils n’auront brillé que par leur grande docilité, leur incroyable corvéabilité et leur inégalable malléabilité.

Ils n’auront été brillants que dans le job de caisse de résonnance du pouvoir établi. Ils n’auront été scintillants que dans le silence complice avec ce pouvoir. Et ils n’auront été luminescents que dans leur inutilité aux aspirations de leur peuple. 7 ans de perte de temps et d’argent qui n’auront en définitive servi qu’à renforcer un pays moins démocratique où le malaise social est devenu une constante. Il est évident qu’ils n’ont pas lu Montesquieu et son principe de séparation des pouvoirs, base du fonctionnement de toute république.

«Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir». Mais comment nos godillots pourraient-ils faire cesser les abus de pouvoir quand ils demeurent gravement ignorants des théories qui les instruisent sur leur propre pouvoir ? Et parce qu’ils sont ignorants de leur pouvoir, l’exécutif se sert de cette faiblesse pour leur faire faire tout et n’importe quoi. «L’argent est plus éloquent que douze députés», dit le proverbe. C’est ce qu’on retiendra de cette sombre législature.

ABSLOWMENT VRAI !

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