[Tribune] «Quand le Pouvoir actionne Paul Marie Gondjout dans l’ombre»

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[Tribune] «Quand le Pouvoir actionne Paul Marie Gondjout dans l’ombre»
[Tribune] «Quand le Pouvoir actionne Paul Marie Gondjout dans l’ombre»

Africa-Press – Gabon. Alors que l’actualité est notamment marquée par la sortie de Paul Marie Gondjout de l’Union nationale (UN), parti politique dont il a raté la présidence en novembre 2021 lors d’un congrès électif, Jean-Pierre Emane Mbare (militant de l’UN résident à Paris en France) revient sur les déterminismes de cette situation.

Il clarifie au passage la notion de «scission» tellement utilisée ces derniers jours et mal à propos. Depuis que Paulette Missambo a été élue à la présidence de l’Union Nationale, Paul Marie Gondjout (PMG) a du mal à digérer sa défaite.

Les félicitations de façade qu’il a présenté à cette dernière à l’issue du scrutin, et qui lui ont valu quelque estime dans l’opinion, n’étaient qu’une scène de théâtre jouée devant les caméras.

Le clan Myboto n’a jamais accepté l’idée que quelqu’un d’autre, à part un de ses membres, puisse accéder à la tête de cette formation politique née pourtant de la fusion de partis politiques constitués et de l’apport de personnalités diverses de la politique et de la société civile, et destinée à être un ferment de l’unité nationale.

L’acte de sédition que vient de poser PMG est l’illustration ultime d’une conception patrimoniale de la politique qui a fait tant de mal à notre pays.

En déposant le dossier de légalisation de son nouveau parti au ministère chargé de l’intérieur, malgré les rappels à l’ordre du Secrétaire Exécutif, PMG encourt la « radiation » au sens des dispositions de l’article 6 des statuts de l’Union Nationale. Contrairement à ce qu’il essaye de faire croire, pour duper l’opinion et les naïfs, nous ne sommes pas face à une « scission ».

A moins de faire preuve de mauvaise foi, ou de compter sur des complicités politiques externes bien identifiées, l’article 39 de la loi modifiée 016/2011 du 14 février 2012 qu’il invoque pour asseoir son argumentation juridique est inopérant dans le cas d’espèce, et cela pour deux raisons.

D’abord parce que l’intrusion du ministre chargé de l’intérieur dans les litiges internes aux partis politiques est contraire aux dispositions de l’article 6 de la Constitution qui consacrent leur liberté à « exercer librement leur activité ».

Cette intrusion ajoute une entrave supplément dans un système politique déjà fortement verrouillé. Ensuite parce que la notion de « scission » qu’il met en avant est absente des textes organiques de l’Union Nationale qui prévoient « l’exclusion » (article 5 du règlement intérieur) et « la radiation » (article 7, alinéa 3 des statuts).

D’ailleurs, très peu de partis politiques ont prévu la scission dans leurs statuts. Vouloir mettre en avant une scission imaginaire, pour couvrir un acte d’indiscipline caractérisée, relève de la roublardise politique et de l’indigence morale.

En effet, la scission doit être l’aboutissement, et non le commencement, d’une procédure administrative interne. Elle ne se justifie que lorsque toutes les ressources juridiques internes ont été épuisées.

Aucun parti politique ne sera désormais à l’abri de la déstabilisation au Gabon, y compris le PDG, s’il suffit qu’un groupe de militants récalcitrants se retrouve dans un coin et décrète la scission au gré de ses humeurs ainsi que l’autorise l’article 39 de loi modifiée 016/2011 relative aux partis politiques.

En conférant le pouvoir arbitral au ministre chargé de l’intérieur dans les litiges internes aux partis politique, on ne leur retire pas seulement la liberté de régler eux-mêmes leurs litiges internes que leur confèrent l’article 6 de la Constitution de la République et l’article 21 de la loi 24/94 du 11 juin 1996, on accroît manifestement le rôle déjà fortement contesté de ce ministère dans le système politique gabonais.

L’objectif visé ici est évident : le pouvoir établi entend faciliter, comme à son habitude, la fragmentation des forces du changement pour empêcher l’émergence de partis politiques puissants en mesure de surclasser le PDG à l’élection présidentielle.

La tentative de déstabilisation de l’Union Nationale, à travers les tribulations d’un enfant gâté et de son clan, participe justement de cette stratégie longuement réfléchie d’atomisation de l’opposition.

N’est-il pas curieux, alors que la campagne électorale est passée, que la victoire de Paulette Missambo ne souffre d’aucune contestation, que PMG ait continué d’afficher des attitudes de défiance et d’irrespect vis à vis de la présidente élue, allant jusqu’à exiger la cogérance du Parti ? Ils savent pourtant, lui et son beau-père qui se prennent pour les parangons du formalisme juridique, que le scrutin de liste ne permet pas un panachage des postes à la direction du Parti, que la liste élue emporte tous les postes et gouverne le parti.

En accusant Paulette Missambo de violer les statuts du Parti, de gestion anti-démocratique, ils font preuve de mauvaise foi et feignent d’oublier que cette dernière a présidé la commission chargée d’élaborer les statuts du Parti et qu’elle en maîtrise aussi bien la lettre que l’esprit.

Ces reproches ne sont que des prétextes fallacieux pour camoufler leur volonté de ressusciter l’Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement (UGDD), Paulette Missambo et ses colistiers ne faisant qu’appliquer le programme d’actions sur lequel ils ont été élus.

Ce programme a été solennellement décliné à l’occasion de la rentrée politique de l’Union Nationale du 8 janvier 2022 en présence de PMG, et il commence à engranger des résultats sur le terrain.

PMG n’est pas seulement un mauvais perdant, il ne conçoit tout simplement pas que l’Union Nationale puisse être présidée par quelqu’un d’autre qu’un membre du clan Myboto.

Ne racontent-ils pas, lui et sa femme, à qui veut l’entendre que ce parti est né dans la maison de leur père où il a passé les 10 premières années de son existence ? L’obstination presque suicidaire de PMG montre qu’après la disparition de l’UGDD, la famille avait besoin d’une structure politique bien à elle, à la fois comme instrument de visibilité politique, et comme moyen de marchandage mercantile.

À un an de l’élection présidentielle, il était devenu urgent de se démarquer, de prendre son autonomie, pour mieux faire prévaloir les intérêts familiaux et être, le moment venu, en position de se vendre au plus offrant quitte à rejoindre le PDG, parti politique que Zacharie Myboto a dirigé d’une main de fer pendant des décennies.

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