Africa-Press – Gabon. Abandonnés aux intempéries, relégués sur des gradins humides, une trentaine de Gabonais survivent depuis cinq mois dans le gymnase d’Owendo. Promesses non tenues, démarches enlisées, silence administratif: ces familles déguerpies du carrefour SNI incarnent la face sombre d’une politique urbaine qui broie les plus vulnérables. Entre mycoses, nuits à la belle étoile et enfants scolarisés dormant dans la précarité, ce drame humanitaire interpelle frontalement l’État sur sa capacité à protéger ses citoyens. Jusqu’à quand ces âmes oubliées devront-elles payer le prix d’un relogement qui ne vient jamais?
Le spectacle qui s’offre aux abords du gymnase d’Owendo, avant le lycée technique, confine à la désolation. Depuis plus de cinq mois, cet équipement sportif désaffecté abrite une trentaine d’âmes, victimes collatérales d’une opération de déguerpissement menée au carrefour SNI. Un tableau d’une rare violence sociale, où les conditions d’existence ont atteint un degré d’indignité qui ne peut laisser indifférent.
Ce samedi 22 novembre, GabonReview est allé à la rencontre de ces familles contraintes de squatter les gradins d’une enceinte devenue le théâtre de leur détresse. L’atmosphère y est saturée de consternation, imprégnée de la lassitude d’une population poussée dans ses derniers retranchements.
Au lendemain des pluies diluviennes du vendredi 21, la situation des déguerpis du carrefour SNI a basculé dans l’insoutenable. Des femmes, pour la plupart trentenaires et quadragénaires, passent leurs nuits à la belle étoile, le sol de l’enceinte sportive transformé en bourbier. Quant aux installations sanitaires, leur état de délabrement achève de rendre leur calvaire insupportable.
Paradoxalement, c’est sur proposition expresse des autorités municipales d’Owendo que ces familles ont élu domicile en ces lieux. Les services des Affaires sociales s’étaient alors engagés à assurer leur prise en charge et à diligenter les démarches nécessaires à leur relogement. Cinq mois se sont écoulés depuis. Le silence administratif, lui, demeure assourdissant.
Elvin Ndong Artur, mandaté comme porte-parole des sinistrés, ne peut que constater l’immobilisme de l’administration. «Nous sommes établis ici depuis près de cinq mois, et avec les intempéries, ce n’est vraiment pas la joie. Nous avons accompli toutes les démarches requises, le service social nous a reçus en audience, mais depuis, nous attendons toujours la suite», déplore-t-il, la voix empreinte d’une résignation douloureuse.
L’épuisement et le sentiment d’impuissance se lisent sur les visages de ces mères de famille. Parmi elles se côtoient retraitées et actives, propriétaires légitimes de biens immobiliers transmis par héritage. Et surtout, des enfants scolarisés, contraints de passer leurs nuits dans des conditions d’une précarité révoltante. L’une de ces mères témoigne des répercussions sanitaires de leur situation: «À force de vivre ici, j’ai développé des mycoses, mais grâce à la générosité du responsable de la pharmacie du lycée, nous avons pu obtenir des pommades pour nous soigner.»
Le message porté par ces familles est d’une clarté implacable. Leur appel s’adresse directement à l’État: «Voyez dans quelles conditions nous survivons avec les intempéries. Les enfants se rendent à l’école, certes, mais dans quel état? Des pères et mères de famille en sont réduits à dormir sur des gradins. C’est l’État qui nous a enjoints de venir ici. Parmi nous, il y a des enfants.» Leur revendication, aussi légitime qu’urgente, se résume à un impératif: un relogement immédiat. La mairie d’Owendo et les services sociaux chargés de leur suivi sont désormais sommés de mettre un terme à cette situation qui relève de l’urgence humanitaire.
Thécia Nyomba (Stagiaire)
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