Africa-Press – Gabon. Alors que les 4e Jeux africains de la jeunesse battent leur plein à Luanda depuis le 10 décembre, le Gabon brille par son absence. Le Comité national olympique du Gabon (CNOG) a officiellement notifié aux Directeurs techniques nationaux, à la veille du départ initialement prévu pour l’Angola, l’annulation de la participation gabonaise pour insuffisance budgétaire. Faute de moyens financiers, les jeunes athlètes gabonais qualifiés en judo, karaté-do, escrime et basket-ball 3×3 ne fouleront pas les installations angolaises, privant ainsi le pays d’une vitrine continentale majeure et hypothéquant les chances de qualification de toute une génération pour les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026. Entre désillusion sportive et questionnements sur les priorités budgétaires nationales, cette forfaiture résonne comme un aveu d’impuissance dans un pays qui prétend pourtant faire du sport un levier de développement.
Le coup est rude pour le sport gabonais. Dans des correspondances adressées aux Directeurs techniques nationales, et datée de la veille du départ prévu pour Luanda, Mounir Barbouchi, Directeur technique du CNOG, a confirmé l’irréparable: « J’ai le regret de vous informer que, pour des raisons strictement liées à un manque de budget, la participation du Gabon aux Jeux africains de la Jeunesse est officiellement annulée depuis hier. » Une phrase lapidaire qui résume à elle seule l’état de délabrement financier du sport national et qui condamne des dizaines de jeunes athlètes gabonais à rester spectateurs d’une compétition qui devait être leur tremplin vers l’excellence.
Alors que 54 nations africaines convergent vers l’Angola pour ces Jeux qui marquent le retour de la compétition sept ans après Alger 2018, le Gabon brillera par son absence dans quatre disciplines où il avait pourtant obtenu des qualifications: judo, karaté-do, escrime et basket-ball 3×3. La décision du CNOG, bien que présentée comme contrainte et subie, soulève de nombreuses interrogations sur la gestion budgétaire du sport au Gabon. « Cette décision, indépendante de la volonté des athlètes, de leurs familles et de l’encadrement technique, s’impose à nous en raison des contraintes financières actuelles ne permettant pas d’assurer une participation dans des conditions conformes aux exigences minimales de prise en charge », précise Mounir Barbouchi dans sa lettre.
Mais comment expliquer qu’un pays producteur de pétrole, qui a accueilli la CAN 2017 et qui investit massivement dans d’autres secteurs, ne puisse mobiliser les ressources nécessaires pour envoyer une délégation de jeunes athlètes à une compétition continentale? Le CNOG demande désormais « que l’ensemble des parents des jeunes sportifs concernés soit officiellement informé de cette annulation dans les plus brefs délais », reconnaissant implicitement l’ampleur de la déception et de la frustration que cette décision va générer dans les familles qui avaient misé sur cette participation pour l’avenir de leurs enfants.
Les 4e Jeux africains de la jeunesse, organisés sous l’égide de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA), ne sont pas une simple compétition amicale. Ils constituent la principale vitrine continentale pour les jeunes athlètes âgés de 14 à 18 ans et servent, selon les négociations en cours entre l’ACNOA et le Comité International Olympique (CIO), de qualification pour les Jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026. En renonçant à Luanda, le Gabon hypothèque donc les chances de toute une génération d’accéder à la scène olympique et prive ses jeunes talents de l’expérience internationale indispensable à leur développement. Cette absence risque de creuser davantage l’écart avec les nations qui, elles, investissent durablement dans la détection et la formation de leurs jeunes champions.
Mounir Barbouchi conclut sa correspondance sur une note d’espoir tempéré: « Je mesure pleinement la déception que cette décision peut engendrer et restons mobilisés pour œuvrer à de futures opportunités de participation internationale pour nos jeunes athlètes. » Mais ces mots sonnent creux face à l’urgence de la situation. Car si le CNOG promet de rester « mobilisé », la question demeure: mobilisé avec quels moyens? Les « futures opportunités » évoquées risquent de se heurter aux mêmes contraintes budgétaires si aucune réforme structurelle n’est entreprise. Cette affaire met en lumière une gouvernance sportive défaillante, incapable d’anticiper et de sécuriser les financements nécessaires aux engagements internationaux, et pose la question de la crédibilité du Gabon sur la scène sportive africaine.





