Décès d’Evrad Mapola Nzinga: Failles du Système Étudiant

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Décès d'Evrad Mapola Nzinga: Failles du Système Étudiant
Décès d'Evrad Mapola Nzinga: Failles du Système Étudiant

Africa-Press – Gabon. Le décès d’Evrard Mapola Nzinga, un étudiant gabonais retrouvé mort dans sa chambre à Toulouse, a profondément choqué la diaspora. Pour Michel Ongoundou Loundah, cette tragédie met une nouvelle fois en lumière les failles d’un système qui peine à protéger ses citoyens, même lorsqu’ils vivent à l’étranger.

Evrard, inscrit en ingénierie et hébergé en résidence universitaire, ne répondait plus aux messages de ses proches et de ses colocataires. Inquiets, ces derniers alertent sa famille. C’est son frère, venu sur place, qui découvre le drame. S’ensuit alors un parcours difficile, que la famille doit affronter seule: démarches, frais, et surtout le coût élevé du rapatriement du corps. Une réalité qui pousse encore trop souvent les familles gabonaises endeuillées à lancer des cagnottes pour faire face à une épreuve intime, amplifiée par l’absence de soutien institutionnel.

Pour l’opposant Michel Ongoundou Loundah, ce drame illustre une situation que la diaspora connaît trop bien: « L’État n’est jamais là quand il est attendu. Dans d’autres pays, les consulats interviennent. Chez nous, ils disparaissent quand les responsabilités deviennent trop lourdes », dénonce-t-il.

La mort d’Evrard survient dans un contexte déjà tendu: depuis des années, les étudiants gabonais à l’étranger dénoncent les retards répétés des bourses de l’ANBG. Ces retards plongent beaucoup d’entre eux dans une grande précarité: loyers impayés, difficultés d’inscription, manque de ressources pour vivre. Une précarité silencieuse, mais destructrice. Michel Ongoundou Loundah rappelle qu’au Sénat, le 14 novembre dernier, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Michel Régis Onanga Ndiaye, a reconnu que le gouvernement est « parfaitement au courant » de la situation dramatique des étudiants. « Tout le monde sait, mais personne n’agit », insiste-t-il.

Pire encore, lors de cette audition, l’ancien chef de la diplomatie gabonaise aurait affirmé que plusieurs situations humanitaires avaient été réglées grâce à l’intervention personnelle du Président de la République, qui aurait financé certaines aides de sa propre poche. Une déclaration qui, selon Ongoundou Loundah, interroge gravement: un pays, peut-il dépendre de la générosité privée de son président pour fonctionner?

Le paradoxe d’un “pays riche, mais pauvre en institutions”

Cette affaire révèle un paradoxe devenu banal: le Gabon est riche en ressource naturelle, mais pauvre en institutions capables d’assumer leurs missions. Un pays où les étudiants boursiers vivent dans l’incertitude, où des familles doivent solliciter des dons pour rapatrier leurs proches décédés, et où l’État délègue de fait ses responsabilités essentielles. Pour Ongoundou Loundah, les années de laxisme et d’inertie ont vidé les missions publiques de leur sens et de leur efficacité. « Le Gabon est un pays riche, mais appauvri par son propre système », déplore-t-il.

La mort d’Evrard Mapola Nzinga reste d’abord une tragédie humaine. Mais elle devient aussi le symbole d’un système à bout de souffle. Elle rappelle que des milliers de jeunes Gabonais partent chaque année faute de perspectives, et se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes, loin de leur pays. Au-delà du chagrin, ce drame pose une question essentielle: comment un pays doté d’immenses ressources peut-il laisser sa jeunesse affronter seule les difficultés les plus élémentaires? « Gabon, pauvre pays riche »: plus qu’une formule, c’est désormais un constat. Un rappel brutal de l’urgence de rebâtir un État capable de protéger ses citoyens où qu’ils soient.

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