Franceville Lutte Contre Le Vacarme, Libreville Suivra-t-elle?

4
Franceville Lutte Contre Le Vacarme, Libreville Suivra-t-elle?
Franceville Lutte Contre Le Vacarme, Libreville Suivra-t-elle?

Africa-Press – Gabon. Alors que l’ambiance des fêtes de fin d’année gagne peu à peu les rues de Franceville, une menace invisible mais bien réelle s’invite au cœur du débat public: la pollution sonore. Dans le chef-lieu du Haut-Ogooué, Fernand Joumas, le maire, a décidé de faire de la tranquillité son cheval de bataille. Une fermeté qui résonne désormais comme un espoir jusque dans les foyers épuisés de la capitale.

Par une communication officielle, l’édile de Franceville a instauré une interdiction formelle de tout bruit excessif entre 22 heures et 6 heures du matin, mercredi dernier. Pour Fernand Joumas, cité par TVplus Afrique, l’esprit de fête n’est en aucun cas un permis d’incivisme: «Célébrer Noël ou le Nouvel An ne donne pas le droit de sacrifier la santé du voisin, du travailleur qui se lève tôt ou du malade qui lutte pour sa guérison». Cette décision ne se veut pas seulement administrative, elle répond à une urgence de santé publique. L’impact des nuisances sonores est en effet dévastateur. Le manque de sommeil et le stress acoustique permanent ne sont pas de simples désagréments. Ils fragilisent particulièrement les enfants en plein développement et les personnes âgées, transformant leur propre domicile en un lieu de souffrance plutôt qu’en un espace de repos.

Cri du cœur d’Owendo et Libreville

Pendant que Franceville s’organise, le Grand Libreville semble s’enfoncer dans le chaos sonore. À Owendo, le jeudi 25 décembre dernier, jour de Noël, l’amertume des populations était palpable. Entre les bars et les églises de quartier, le droit au repos avait totalement été oublié. Helena, riveraine du quartier Awoungou, ne cache pas son exaspération: «Les bars, c’est le véritable problème. Ils mettent de la musique jusqu’à pas d’heure, même quand ce n’est pas la période de fête. Maintenant qu’on est à Noël, je ne sais pas si on va s’en sortir». Son témoignage illustre une réalité quotidienne où les baffles amplifiés des débits de boissons dictent leur loi au voisinage.

Mais les bars ne sont pas les seuls indexés. Un autre acteur de la vie sociale est aujourd’hui appelé à plus de retenue: les structures religieuses, notamment les églises dites du réveil. Portées par la ferveur des veillées de prières tardives, de nombreuses églises de quartier imposent leur sonorisation à tout un voisinage jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Le message de Franceville devient ici universel: «tout comme les commerces, les lieux de culte doivent désormais se conformer aux normes en vigueur sous peine de voir leur matériel saisi. Le respect du prochain commence par le respect de son silence, et la ferveur religieuse ne saurait s’affranchir des règles de vie commune», estime un jeune résidant au lycée Technique.

L’arsenal juridique: de la théorie à la pratique

Pour les récalcitrants qui choisiraient d’ignorer ces rappels, le code juridictionnel gabonais se veut pourtant dissuasif. L’article 453 du Code pénal est sans équivoque: «Les auteurs de nuisances sonores s’exposent à une peine allant jusqu’à six mois d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre deux millions de francs CFA».

Ainsi, en appliquant strictement cette réglementation, Franceville ambitionne de devenir un modèle de civisme pour le reste du pays. La question reste entière pour les autorités de Libreville, d’Owendo et d’Akanda: sauront-elles emboîter le pas pour libérer les populations du chaos sonore qui tourmente le quotidien de leurs administrés? La fête est une joie qui se partage dans le respect, et non une nuisance qui s’impose par la force.

Thécia Nyomba

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here