Africa-Press – Gabon. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, le Gabon est appelé à répondre devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Le Cabinet Bensimhon & Associés a déposé, mercredi 10 décembre 2025 à Banjul (Gambie), un mémoire accablant au nom de Patrick Hervé Opiangah, dénonçant des «atteintes graves à la dignité et à la réputation» de son client et pointant des «manquements graves et agissements arbitraires» imputés à l’État gabonais.
Le relais abondant dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux met en lumière la portée historique de la procédure: le Gabon n’avait pas été appelé à répondre devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples depuis plusieurs décennies. Pourtant, la première fois dans son histoire, le pays devra bien s’y résoudre, car accusé de faits présumés de violations des droits fondamentaux. Le Cabinet Bensimhon & Associés a annoncé avoir déposé, ce mercredi, un mémoire au greffe de la Commission dans l’affaire opposant son client, Patrick Hervé Opiangah, à l’État gabonais.
Selon le communiqué parvenu à GabonReview, ce mémoire rassemble «l’ensemble des éléments factuels (documents et preuves) attestant des atteintes graves à la dignité et à la réputation de [l’homme d’affaires], des atteintes qui ont entraîné des conséquences professionnelles, personnelles et financières sans précédent».
Le cabinet souligne que cette étape intervient après la déclaration de recevabilité du dossier par la Commission, ce qui confirme «le respect scrupuleux des procédures et la crédibilité des griefs soulevés». Il précise que plus de 70 pièces ont été versées au dossier, dont une vingtaine de constats d’huissier. Ces documents établiraient «de manière formelle les manquements graves et agissements arbitraires imputés à l’État gabonais dans cette affaire».
Les avocats affirment leur confiance dans l’impartialité de la Commission, qui devra garantir le respect du droit afin que «plus jamais au Gabon ou ailleurs, un citoyen ne soit inquiété, poursuivi ou persécuté, en raison de ses opinions politiques ou de son engagement personnel dans les domaines économique et social de son pays».
Un statut d’accusé à haut risque pour le Gabon
La recevabilité de ce dossier ouvre une phase d’examen approfondi qui dépasse le cas individuel. Elle place le Gabon face à un défi institutionnel majeur: répondre de ses pratiques devant une instance continentale spécialisée. Certains pensent d’ailleurs que cette mise en cause pourrait fragiliser la crédibilité du régime actuel dans les enceintes diplomatiques, notamment au sein de l’Union africaine et auprès des partenaires bilatéraux engagés dans la coopération judiciaire, économique et sécuritaire.
Au-delà du litige, cette procédure marque également une étape symbolique. Elle confirme que les institutions régionales entendent jouer pleinement leur rôle de gardiennes des libertés fondamentales et que nul État n’est exempt de rendre des comptes lorsqu’il est accusé de violations des droits humains.
Pour le Gabon, l’enjeu dépasse le strict cadre juridique: il s’agit d’un moment de vérité institutionnelle dont les conséquences pourraient durablement façonner la perception du pays, tant sur le plan national qu’international.





