Africa-Press – Gabon. Zéro admis, zéro échappatoire. Le dernier concours d’agrégation, à Dakar, du CAMES en Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion a infligé au Gabon une humiliation académique sans précédent: tous les candidats éliminés dès l’épreuve des travaux, le pays relégué en dernière place. Face à ce naufrage intellectuel, le Rectorat de l’Université Omar Bongo convoque une réunion de crise. Reste une question brûlante: sursaut salutaire ou aveu d’un déclassement durable?
Cette fois, il n’y a ni échappatoire, ni pirouette sémantique possible. Le verdict est brutal, public, incontestable. Lors du dernier concours d’agrégation du CAMES en Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (SJPEG), le Gabon a sombré corps et âme: zéro admis, aucun maître de conférences agrégé issu de ses rangs. Une débâcle académique totale, que le Rectorat de l’Université Omar Bongo a dû reconnaître noir sur blanc dans une note officielle datée du 15 décembre 2025.
Le document ne s’embarrasse d’aucun euphémisme. Il acte que «le palmarès du dernier concours d’Agrégation […] classe le Gabon, notre pays, en dernière place, tous nos candidats ayant été ajournés dès l’épreuve des travaux». Autrement dit, l’élimination a été immédiate, dès la première barrière scientifique, là où se mesure la solidité réelle des parcours, la qualité de la recherche, la rigueur méthodologique et la maturité intellectuelle des candidats.
Un échec qui ne doit rien au hasard
La claque est d’autant plus violente que le contexte général du concours ne plaide aucune circonstance atténuante. La 22e session du concours SJPEG, organisée du 10 au 21 novembre 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a réuni 215 candidats venus de 12 pays de l’espace CAMES, pour un taux d’admission global avoisinant 40 %. Le Gabon n’était ni isolé, ni marginalisé. Il était simplement… dépassé.
Et c’est là que le malaise devient politique, institutionnel, presque existentiel. Car le Rectorat lui-même rappelle une vérité désormais gênante: «par le passé, notre nation s’est souvent distinguée par ses performances remarquables lors des concours SJPEG, ses candidats occupant le premier rang dans les classements». De leader académique régional à dernier de la classe, la chute est vertigineuse. Elle ne relève ni du hasard ni de la fatalité.
Quand l’université est sommée de se regarder en face
Derrière ce zéro pointé se dessinent des questions lourdes, que beaucoup évitaient soigneusement. Que valent aujourd’hui l’encadrement doctoral, la production scientifique, la gouvernance universitaire, les mécanismes de sélection et de préparation des candidats? Que reste-t-il de l’exigence intellectuelle dans un système où l’on produit des dossiers, mais plus forcément de la pensée structurée et compétitive à l’échelle continentale?
Conscient de la gravité de la situation, le Rectorat tente une reprise en main en convoquant une réunion de crise ce 17 décembre 2025, à l’amphithéâtre Isaac Nguema. «Ces résultats doivent nous interpeller», écrit le Professeur Jean-Jacques Tony Ekomié, Recteur de l’Université Omar-Bongo. Encore faut-il que cette interpellation dépasse le stade des constats tardifs.
Car au-delà d’un concours raté, c’est la crédibilité académique du Gabon dans l’espace CAMES qui est aujourd’hui en jeu. Et avec elle, une question simple, mais implacable: combien de temps encore l’université gabonaise pourra-t-elle vivre sur le souvenir de ses anciennes grandeurs?





