Africa-Press – Gabon. La Garde républicaine a acté, ce 14 octobre 2025, la révocation du lieutenant-colonel Lucamar Ankama, jusque-là commandant du Groupement de sécurité rapprochée (GSR), à la suite de graves dérives disciplinaires, dont son implication présumée dans le kidnapping d’un homme d’affaires chinois, la tentative de récupération d’une rançon de 1,5 milliard FCFA et un ordre de tir contre des agents de la DGR. Une note de service, confirmée par plusieurs sources militaires, officialise son remplacement par le lieutenant-colonel Mabele Djeskain, scellant la chute d’un homme, hier encore, tout-puissant au sein du dispositif présidentiel.
La tempête couvait depuis plusieurs jours. L’affaire du kidnapping de l’homme d’affaires chinois Wang, la rançon exigée de 1,5 milliard de francs CFA, et surtout l’échange de tirs entre unités de la Garde républicaine et de la Direction générale des recherches (DGR) avaient plongé le haut commandement dans une crise sans précédent. Il fallait une tête. Elle est tombée. Celle du lieutenant-colonel Lucamar Ankama, considéré comme l’un des hommes les plus puissants du dispositif sécuritaire présidentiel, mais dont la réputation sulfureuse et les excès ont fini par le rattraper.
La note qui scelle un règne.
Datée du 14 octobre 2025 et enregistrée sous le numéro 001728/RG/PR/GR, la note de service émane directement de la Direction du personnel et de la chancellerie de la Garde républicaine. Son objet est limpide: «Réorganisation du Groupement de Sécurité Rapproché».
Elle stipule: «Par décision du Général de brigade, Commandant en Chef de la Garde Républicaine, le Lieutenant-colonel Mabele Djeskain (…) est nommé Commandant du Groupement de Sécurité Rapprochée, en remplacement du Lieutenant-colonel Ankama Lucamar (…) à compter du mercredi 15 octobre 2025.»
Le document, signé du Général de brigade Antoine Balakidra, et revêtu du sceau officiel de la Garde républicaine, a été diffusé sur les réseaux sociaux par Princesse de Souba, alias Nelly Ngabima, ancienne du SILAM. Plusieurs sources sécuritaires concordantes jugent le document authentique tandis qu’une autre source au sein de la GR confirme: «C’est un vrai document, dûment notifié aux états-majors.»
Raisons d’une chute et signal d’autorité
Selon plusieurs recoupements sur la base desquels GabonReview avait déjà produit un article (lire: «Le Chinois qui valait 1,5 milliard») l’officier déchu aurait ordonné l’ouverture du feu sur des éléments de la DGR lors d’une mission présidentielle, franchissant un seuil jugé intolérable. Il est par ailleurs cité dans l’enquête sur l’enlèvement de Wang, où des membres de son unité auraient servi d’intermédiaires. Déjà connu pour sa brutalité, celui que l’on surnommait «Commando ++» symbolisait, selon ses détracteurs, «la dérive d’un appareil devenu incontrôlable».
Avec la nomination de Mabele Djeskain, l’état-major cherche à rétablir la discipline et la cohésion au sommet de la sécurité présidentielle. Mais au-delà du simple remaniement, cette éviction traduit la volonté du pouvoir de reprendre la main sur ses propres zones d’ombre. Dans un contexte où les scandales sécuritaires fragilisent la post-transition, l’affaire Ankama sonne comme un rappel: nul, pas même les hommes du premier cercle, n’est au-dessus de la loi.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press