Africa-Press – Gabon. Défenseur des forêts du bassin du Congo, Adrien N’Koghe-Mba* voit dans la bioéconomie une opportunité à saisir pour le Gabon. Revenant sur la récente rencontre entre les présidents Macron et Oligui Nguema, ayant acté un partenariat dans ce domaine prometteur, il souligne le potentiel du pays à valoriser durablement ses riches ressources naturelles. En misant sur ce modèle économique vertueux basé sur la biomasse, le Gabon conjuguerait développement et préservation de l’environnement, et pourrait s’imposer comme un leader de la transition écologique.
Le vendredi 31 mai 2024, une rencontre décisive a eu lieu au cœur de Paris, au Palais de l’Élysée. Le Président français, Emmanuel Macron et le Président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, se sont réunis pour tracer ensemble une voie nouvelle. Ce rendez-vous a marqué un tournant dans la coopération entre les deux nations, mettant en lumière un engagement renouvelé pour la protection de la biodiversité mondiale et la lutte contre les changements climatiques. Parmi les nombreux sujets abordés, l’accent a été mis sur un concept prometteur: la bioéconomie.
Qu’est-ce que la bioéconomie ?
Imaginez un monde où nos besoins en nourriture, en énergie, et en matériaux sont comblés sans épuiser notre planète. C’est là tout l’enjeu de la bioéconomie: un ensemble d’activités économiques fondées sur les bioressources. Les bioressources comprennent les matières organiques terrestres ou marines, qu’elles soient végétales ou animales, incluant la biomasse agricole, forestière, et marine. L’objectif est de décarboner la planète en réduisant notre dépendance aux ressources fossiles enfouies dans le sol, en les remplaçant par des sources de carbone renouvelable. Il ne s’agit pas seulement de préserver, mais de valoriser et d’enrichir nos écosystèmes pour un avenir prospère.
Les opportunités pour le Gabon
Le Gabon, avec ses vastes forêts, ses terres cultivables et sa zone économique exclusive maritime, est une terre de promesses. La bioéconomie pourrait transformer cette richesse naturelle en une source de croissance durable. Voici comment:
Biomasse forestière: Avec 23,5 millions d’hectares de forêts, le Gabon dispose d’une énorme réserve de biomasse forestière. En adoptant des pratiques de gestion durable, nous pouvons exploiter cette ressource pour produire de l’énergie, des matériaux de construction écologiques et d’autres produits innovants, tout en préservant notre écosystème.
Biomasse agricole: Le Gabon possède potentiellement 5 millions d’hectares de surfaces cultivables. En intégrant des pratiques agricoles durables et en diversifiant les cultures, nous pouvons améliorer la productivité agricole et développer des produits agroalimentaires de haute valeur ajoutée, tout en préservant les sols et la biodiversité.
Biomasse marine: Avec une Zone Économique Exclusive (ZEE) de 21 millions d’hectares, le Gabon a un potentiel immense pour développer la biomasse marine. En valorisant les ressources marines, nous pouvons produire des biocarburants, des aliments et des produits pharmaceutiques, contribuant ainsi à une économie bleue durable.
Une coopération fructueuse entre la France et le Gabon
Lors de cette rencontre, les présidents ont signé une déclaration d’intention ambitieuse: développer la bioéconomie à travers une coalition de partenaires publics et privés. Cette initiative vise à mobiliser des financements pour soutenir les engagements du Gabon en matière de protection de l’environnement et à investir dans la bioéconomie locale.
La bioéconomie est plus qu’une opportunité pour le Gabon, c’est une nécessité. C’est une vision où développement économique et protection de l’environnement vont de pair. Le partenariat avec la France ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération et d’innovation. Ensemble, nous pouvons transformer le Gabon en un modèle de développement durable, montrant au monde entier que croissance et préservation de notre planète ne sont pas des objectifs incompatibles, mais les deux faces d’une même médaille.
Il est temps de saisir cette opportunité, de nous engager pleinement dans cette voie et de construire un avenir où le Gabon, fort de ses ressources naturelles et de sa détermination, se dresse comme un leader mondial de la bioéconomie. C’est notre chance de montrer que le changement est possible, ici et maintenant.
* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.
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