Liberté D’Expression: Journalistes Face À Des Menaces

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Liberté D'Expression: Journalistes Face À Des Menaces
Liberté D'Expression: Journalistes Face À Des Menaces

Africa-Press – Gabon. Intitulé «Journalisme: façonner un monde en paix», un rapport de l’UNESCO révèle un recul historique de la liberté d’expression depuis 2012, marqué par une hausse alarmante des attaques contre les journalistes et une autocensure croissante. Alors que les violences physiques et numériques s’intensifient, l’organisation appelle les États membres dont le Gabon fait partie à agir pour protéger le pluralisme et garantir un journalisme libre et indépendant.

La liberté d’expression connaît un déclin historique. Selon le dernier rapport de l’UNESCO sur les tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias (2022-2025), le monde a enregistré une baisse de 10 % de la liberté d’expression depuis 2012, atteignant un niveau inédit depuis des décennies. Ce recul s’explique par une augmentation marquée de l’autocensure chez les journalistes, en hausse de 63 % sur la période, soit environ 5 % par an.

«La liberté d’expression et d’information n’est pas une option: c’est la condition même d’une paix durable. Face à un déclin historique, nous devons agir ensemble pour protéger et défendre le droit de chacun à penser, à écrire et à informer. L’UNESCO continuera à mener les efforts mondiaux visant à renforcer le pluralisme et à garantir que la diversité soit non seulement protégée, mais aussi activement encouragée», a déclaré Khaled El-Enany, directeur général de l’UNESCO.

Attaques en hausse contre les journalistes

Le rapport révèle une intensification dramatique des violences. Entre 2022 et 2025, 186 journalistes ont été tués, soit une augmentation de 67 % par rapport à la période précédente (2018-2021). La seule année 2025 a été particulièrement meurtrière, avec 93 journalistes tués, dont 60 dans des zones de conflit.

Malgré des engagements internationaux, l’impunité demeure la règle. Si le taux d’impunité pour les meurtres de journalistes a légèrement reculé, passant de 95 % en 2012 à 85 % en 2024, la majorité des auteurs échappent encore à la justice.

Les menaces ne se limitent pas aux zones de guerre. Depuis 2018, plus de 900 journalistes en Amérique latine et dans les Caraïbes ont été contraints à l’exil. Les journalistes spécialisés dans l’environnement sont également de plus en plus ciblés: 749 attaques ont été recensées entre 2009 et 2023.

Le harcèlement en ligne, en particulier contre les femmes, s’aggrave. Une étude menée en 2025 par l’ICFJ et ONU Femmes, en partenariat avec l’UNESCO, indique que 75 % des femmes journalistes ont subi des violences numériques, contre 73 % en 2020.

Quelques tendances positives et des solutions

Malgré ce constat alarmant, le rapport souligne des évolutions encourageantes. Entre 2020 et 2025, 1,5 milliard de personnes supplémentaires ont eu accès aux réseaux sociaux et aux plateformes de messagerie, élargissant les possibilités de participation civique.

Le journalisme d’investigation collaboratif connaît un essor, favorisant les grandes enquêtes transfrontalières. Les équipes de vérification des faits se sont renforcées, et les lois reconnaissant les médias communautaires se multiplient, consolidant une source essentielle d’informations locales fiables.

Parmi les solutions proposées, l’UNESCO appelle les États membres, dont fait partie le Gabon, à agir sur plusieurs fronts, notamment en protégeant et en investissant dans le journalisme afin de garantir des sociétés pacifiques et pluralistes ; en assurant la transparence dans la sphère numérique et en mettant en œuvre les Principes pour la gouvernance des plateformes numériques publiés en 2023 ; en renforçant l’éducation aux médias et à l’information et en formant les citoyens à analyser de manière critique les contenus et à naviguer en sécurité dans l’espace numérique. À ce jour, plus de 10 500 créateurs de contenu issus de 150 pays ont déjà été formés par l’UNESCO.

Publié tous les quatre ans, le rapport de l’UNESCO constitue une référence mondiale. Il s’appuie sur les contributions de plus de 100 experts et des centaines de sources académiques et institutionnelles. Les données couvrent la période de janvier 2022 à décembre 2025.

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