Africa-Press – Gabon. Vendredi 26 décembre, les rues de la capitale ont vibré d’une colère sourde. Excédées par la multiplication des disparitions et brisées par la fin tragique du petit Cameron, les populations ont tenté de marcher pour réclamer justice. Un élan de solidarité citoyenne qui s’est heurté à la fermeté des forces de l’ordre.
Une marche pacifique a été initiée à Libreville, au quartier Nzeng Ayong, pour réclamer justice face à la perte du petit Cameron. Le contexte: pendant plusieurs jours, le visage du petit Cameron a déferlé sur les écrans. De Facebook à WhatsApp, les avis de recherche se sont succédés dans un espoir désespéré. Pourtant, la mobilisation numérique n’aura pas suffi à empêcher l’horreur ; le corps sans vie de l’enfant a été retrouvé au fond d’une fosse septique. Cette découverte macabre a été l’étincelle de trop pour une population déjà plongée dans la psychose. Ce n’était donc plus seulement pour Cameron que les citoyens ont voulu marcher, mais pour tous ces Gabonais dont la vie et les traces s’effacent dans l’ombre de l’insécurité grandissante.
Une marche pour dire «Stop»
Le rendez-vous était donné au rond-point de Nzeng Ayong. Dans la matinée, une foule compacte s’est ébranlée, bien décidée à hurler son exaspération et son besoin de sécurité. Mais le cortège n’aura pas eu le temps d’atteindre son but.
À hauteur de la station-service, les agents de la police judiciaire ont coupé court à la progression des manifestants. Dans la confusion, le responsable du mouvement a été demandé, mais les manifestants ont répliqué qu’ils étaient tous les responsables de cette marche. En quelques minutes, le silence a été imposé à une foule qui ne demandait qu’à être entendue.
Malgré cette fin abrupte, la famille de Cameron, terrassée par une tristesse sans nom, a tenu à exprimer sa gratitude. Dans cette manifestation empêchée, ils ont trouvé une lueur de réconfort dans le regard des inconnus venus marcher à leurs côtés. «Nous remercions du fond du cœur tous ceux qui se sont levés à Nzeng Ayong, même si la marche n’a pu aller jusqu’au bout», a confié un membre de la famille. «Cet acte nous donne la force d’accompagner notre fils. Cameron n’est plus seulement le nôtre, il est devenu le fils de la nation», a déclaré un parent proche de la victime.
Aujourd’hui, alors que deux personnes seraient toujours privées de liberté suite à l’enquête ouverte après la disparition de l’enfant, le pays retient son souffle. Derrière les larmes de la famille de Cameron, c’est tout le Gabon qui attend désormais des mesures réelles pour que plus aucun enfant ne soit retrouvé au fond d’une fosse et que plus aucune mère n’ait à pleurer un fils disparu. La marche a peut-être été interrompue, mais l’exigence de justice, elle, continue son chemin dans le cœur de chaque citoyen au Gabon.
Thécia Nyomba





