Ongoudou Loundha Soupçonne Gabegie Numérique

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Ongoudou Loundha Soupçonne Gabegie Numérique
Ongoudou Loundha Soupçonne Gabegie Numérique

Africa-Press – Gabon. À quelques jours du lancement du programme «1 étudiant, 1 ordinateur», prévu le 14 octobre 2025, le Gabon s’apprête à doter 10 000 étudiants d’ordinateurs portables pour réduire la fracture numérique. Mais pour Michel Ongoudou Loundha, président du parti politique Réagir, derrière cette ambition modernisatrice se cache une possible gabegie financière et un manque criant de transparence.

Présenté comme un tournant dans la modernisation de l’enseignement supérieur, le programme «1 étudiant, 1 ordinateur» promet de réduire la fracture numérique et de favoriser l’innovation au sein des universités gabonaises. Pourtant, les annonces enthousiastes de l’exécutif laissent transparaître plusieurs zones d’ombre: coûts, attribution des marchés, critères de sélection, absence d’infrastructures… Autant de failles pointées du doigt par Michel Ongoudou Loundha, président de la formation politique dénommée Réappropriation du Gabon, de son Indépendance pour sa Reconstruction (RÉAGIR), qui redoute une vaste opération de communication aux allures de gaspillage d’État.

Une initiative noble, mais une transparence en panne

Selon le gouvernement, les premiers ordinateurs ont déjà été réceptionnés. La première phase, qui concerne les universités, instituts et grandes écoles de Libreville et de l’intérieur du pays, s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation digitale.

Mais Michel Ongoudou Loundha reste dubitatif: «Ce qui choque ici, ce n’est pas l’idée en elle-même, qui consiste à équiper les étudiants en matériel informatique. L’initiative est en soi louable, mais le silence assourdissant sur les vraies questions: qui fournit ces ordinateurs? Quelle société a remporté le marché? Quel est le lien entre cette société et les cercles proches du pouvoir? Combien coûte réellement chaque appareil?»

Ainsi, derrière l’objectif affiché d’inclusion numérique, le manque de transparence alimente les soupçons de collusion entre entreprises et pouvoir. «Pendant que l’opinion se concentre sur la distribution équitable, personne ne se demande qui vend, à quel prix et avec quelle commission. C’est là que réside le cœur du système.»

Des ordinateurs sans Internet, une équation impossible

Le Gabon compte plusieurs dizaines de milliers d’étudiants. En n’en équipant que 10 000, le projet risque d’accentuer les inégalités, surtout dans les zones rurales ou mal connectées.

Au-delà de la distribution symbolique, le véritable défi reste l’accès à une connexion Internet stable, la maintenance du matériel et la disponibilité de ressources pédagogiques numériques. Sans infrastructures adéquates ni accompagnement pédagogique, les ordinateurs risquent en effet de se transformer en gadgets électoraux oubliés au fond des placards.

Un programme d’une telle envergure ne peut réussir sans une formation adaptée des enseignants et des étudiants. Les outils numériques doivent être intégrés dans les méthodes d’enseignement, accompagnés de dispositifs de suivi et d’évaluation.

Aussi Michel Ongoudou Loundha insiste: «À l’heure où chaque franc public devrait être utilisé avec rigueur et transparence, il est impératif que la presse, la société civile et les parlementaires posent les bonnes questions. Et qu’on cesse d’endormir le peuple avec des cadeaux qui ne sont que des prélèvements déguisés opérés sur le dos du contribuable.»

Un suivi public régulier, la maintenance locale et une production ou un assemblage sur place renforceraient la crédibilité du projet et sa durabilité.

Autre ombre du soupçon: la tentation de la surveillance numérique

À la polémique financière s’ajoute une crainte plus sourde: celle d’une surveillance numérique déguisée.

«Lorsqu’on connaît la moralité de certains “experts” qui grenouillent depuis le début de la Transition dans les sphères obscures du pouvoir, peut-on vraiment exclure que ces ordinateurs soient équipés de mouchards? Le risque d’un espionnage numérique à grande échelle n’est pas une vue de l’esprit: au Gabon, c’est bien connu, la culture de la surveillance et des écoutes illégales se mêle souvent à l’impunité.» Une accusation grave, qui traduit la méfiance persistante envers la gestion technologique de l’État.

Le programme «1 étudiant, 1 ordinateur» incarne à la fois l’espoir d’une jeunesse connectée et le spectre d’une opportunité manquée.

S’il est conduit avec rigueur, transparence et accompagnement, il pourrait ouvrir une ère nouvelle pour l’enseignement supérieur gabonais. Mais sans stratégie claire, sans suivi ni volonté politique d’inclure les acteurs éducatifs, il risque de devenir un symbole de plus d’un développement numérique mal pensé.

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